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La guerre au Yémen appuyée par les États-Unis provoque une épidémie meurtrière de choléra

Par Niles Niemuth
8 juillet 2017

Selon les données les plus récentes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 1500 Yéménites sont morts dans une épidémie de choléra qui a infecté quelque 250.000 personnes depuis avril. Les enfants représentent un quart des décès et la moitié de toutes les infections.

L'épidémie meurtrière est le résultat direct de la guerre criminelle menée par l'Arabie saoudite, et appuyée par les États-Unis, dans le but de réinstituer le gouvernement fantoche du président Abdrabbuh Mansur Hadi qui fut écarté en 2015 par une alliance des milices Houthi et des forces loyales à l'ancien président Ali Abdullah Saleh.

L'assaut mené par les Saoudiens est un crime de guerre aux proportions immenses, rivalisant avec la guerre par procuration américaine visant un changement de régime en Syrie qui a tué ou déplacé des millions de personnes, et l'invasion et l'occupation de l'Irak qui ont tué plus d'un million de personnes.

La guerre est justifiée par l'Arabie saoudite sur la base d’accusations sans fondement que les Houthis sont soutenus et financés par l'Iran. D'abord sous Barack Obama et maintenant sous Donald Trump, la campagne pour dominer le Yémen, qui borde le point de transit pétrolier essentiel du détroit de Bab el-Mandeb, est une composante essentielle des efforts pour empêcher l’Iran de devenir une force régionale capable de nuire aux exactions de l'impérialisme américain dans le Moyen-Orient.

Avec le soutien logistique vital du gouvernement américain, qui lui fournit des bombes et des missiles, du ravitaillement en vol et des renseignements, l'Arabie saoudite et ses alliés ont délibérément effectué des bombardements aériens sur des marchés alimentaires, des écoles, des quartiers résidentiels, des hôpitaux et d'autres infrastructures critiques. Washington a fourni des bombes à fragmentations, illégales sous le droit international, qui ont été utilisées à plusieurs occasions.

L'ONU estime à plus de 16.000 le nombre de personnes tuées par les frappes aériennes et les combats sur le terrain; près des deux tiers des victimes étaient des civils. Jusqu’à 17 millions de Yéménites, sur une population de 27 millions avant le déclenchement du conflit, manquent de nourriture et de soins, et de ce nombre, 7 millions sont sur le point de mourir de la famine. Chaque heure, six enfants âgés de moins de cinq ans meurent de causes évitables, telles que la famine et la malnutrition. Plus de 3 millions de Yéménites ont été déracinés de chez eux.

Un blocus naval paralysant du pays par les États-Unis, élément central de l'offensive, a provoqué l'effondrement complet des infrastructures physiques et sociales du Yémen, créant les conditions propices à une épidémie de choléra et à sa propagation rapide parmi la population.

Le personnel médical, les travailleurs chargés de l'entretien et les autres employés du secteur public sont impayés depuis des mois. Les besoins de base, y compris l'électricité et l'eau propre pour boire et se laver, sont devenues des articles de luxe. Dans la ville portuaire sous blocus de Hudaydah, qui est sans électricité depuis deux ans, les résidents doivent creuser des puits dans les rues depuis que le principal fournisseur d'eau a manqué l'essence nécessaire pour effectuer le pompage jusqu'aux résidents.

Les ordures se sont entassées dans les rues de la capitale, Sanaa, créant un terreau fertile pour la maladie. L'épidémie de choléra actuelle, qui a débuté en octobre 2016 avant de temporairement s'estomper, a ressurgi plus tôt cette année après que les égouts de Sanaa se sont bloqués et ont cessé de fonctionner.

Simultanément avec la guerre sans merci contre les Houthis, l'administration Trump a accéléré le rythme de la guerre non déclarée commencée par Obama en 2009, ciblant des militants supposément affiliés à Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et les tuant à l'aide de missiles Hellfire tirés depuis des drones télécommandés. Plus d'un millier de Yéménites ont été tués en huit ans, y compris plus de 200 civils, parmi eux des enfants et des femmes enceintes.

Il y a eu au moins 90 attaques de drones américains au Yémen depuis janvier, avec un nombre de personnes tuées s'élevant à 120; au moins un tiers des décès étaient des civils. Cinquante attaques de drones furent effectuées en mars, éclipsant tous les totaux mensuels atteints durant le mandat d'Obama. Deux attaques successives vendredi et samedi derniers ont tué deux personnes suspectées d'être membres de l'AQPA.

Dans le cadre de la guerre contre l'AQPA, les forces spéciales américaines ont également opéré sans contrainte dans le pays, réalisant un raid en janvier qui a fait 30 victimes civiles, y compris Nawar al-Awlaki âgée de 8 ans et citoyenne américaine. Nawar était la fille d'Anwar al-Awlaki, un citoyen américain assassiné sur ordre d'Obama par une attaque au drone en 2011.

Des rapports ont émergé le mois dernier et révèlent que les États-Unis et les Émirats Arabes Unis ont collaboré dans la mise en place d'un réseau de chambres de torture au Yémen dans lesquelles des centaines d'hommes et de garçons, présumés liés à l'AQPA, ont été transportés et maltraités. Des victimes rapportent avoir été entassées dans des conteneurs de marchandises souillés de matières fécales, les yeux bandés pendant des semaines, battus avec des fils, agressés sexuellement et, enfin, attachés à une broche tournante au centre d'un cercle de flammes.

Le régime de torture, débuté sous Obama, impliquait également l'utilisation d'interrogatoires par des «experts» américains sur des navires situés près des côtes du Yémen.

Alors que la crise humanitaire indéniable qui ravage le Yémen prend de l'ampleur chaque jour, elle a été accueillie avec un silence criminel par les médias traditionnels et dans la presse de la pseudo-gauche.

De manière prévisible, ceux qui exigent le renversement d'Assad et du président russe Vladimir Poutine, avant tout parce qu'ils nuisent aux intérêts de l'impérialisme américain, n'ont rien à dire sur les crimes monstrueux perpétrés au Yémen par Obama, Trump et le roi Salman d'Arabie saoudite. Les humanitaires du New York Times, du Washington Post et leurs compléments de la pseudo-gauche, qui ont versé des larmes à profusion lors de l'assaut russe sur Alep en Syrie l'an dernier, gardent les yeux secs lorsqu'il est question des millions de victimes yéménites de l'impérialisme.