L'Australie déploie ses navires pour une guerre contre la Corée du Nord et une confrontation avec la Chine
Par James Cogan
12 octobre 2017
L'activité militaire et diplomatique des principaux alliés américains est un indicateur des préparatifs avancés pour une guerre dirigée par les États-Unis dans la péninsule coréenne. Le gouvernement australien mobilise de son côté ses forces armées pour soutenir la menace de l'administration Trump de «détruire totalement» la Corée du Nord et l'objectif américain plus large de briser l'influence géostratégique de la Chine en Asie et à l'international.
Un sous-marin d'attaque, le HMAS Dechaineux, se trouve déjà dans la zone de guerre potentielle, participant à des exercices conjoints avec des sous-marins japonais et le sous-marin américain USS Key West, armé de missiles de croisière.
Une flottille de six navires de guerre australiens traverse le Pacifique Sud, l'Asie du Sud-Est et la mer de Chine méridionale, et devrait arriver dans les prochaines semaines dans les eaux au large de la Corée du Sud et du Japon.
La flotte est dirigée par le HMAS Adelaide, l'un des mini-porte-avions australiens de 27.500 tonnes ou navires de guerre Landing Helicopter Dock (LHD, navire d'assaut amphibie). La force principale, cependant, est quatre frégates à missiles guidés des plus sophistiquées de la Marine, qui ont été spécifiquement équipées pour la guerre anti-sous-marine et entraînées à soutenir les porte-avions américains.
Les frégates seraient disponibles pour rejoindre tout blocus naval imposé par les États-Unis à la Corée du Nord, ce qui impliquerait potentiellement d'interdire les navires battant pavillon chinois.
Depuis leur départ du port de Sydney le 4 septembre, les navires de guerre australiens ont fait des escales très médiatisées au Timor oriental, dans l'île de Yap en Micronésie, en Indonésie et en Malaisie. Le HMAS Adelaide et une frégate sont arrivés mardi aux Philippines et ont reçu une visite du président fascisant du pays, Rodrigo Duterte.
Parlant du but du déploiement naval, Duterte a déclaré: «Vous devez le garder à l'oeil [le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un]. C'est bon d'être préparé [pour la guerre].»
Les visites des navires de guerre viennent s'ajouter aux initiatives diplomatiques du gouvernement australien du premier ministre Malcolm Turnbull. Au nom de son allié américain, l'impérialisme australien cherche à utiliser son influence régionale pour étouffer toute manifestation d'opposition, en particulier de la part des pays d'Asie du Sud-Est, à une guerre désastreuse avec la Corée du Nord.
La ministre des Affaires étrangères, Julie Bishop, et la ministre de la Défense, Marise Payne, ont quitté l'Australie hier pour une nouvelle série de pourparlers de haut niveau de deux jours avec le gouvernement sud-coréen, suite à des discussions antérieures en septembre. La Corée du Nord est le principal point à l'ordre du jour.
Soulignant la volonté de l'Australie de se joindre à une guerre dirigée par les États-Unis, Bishop a écrit hier dans l'Australian: «Nous soutenons les États-Unis en réaffirmant leur politique de longue date selon laquelle “toutes les options sont sur la table”. Ces options incluent l'utilisation de la force militaire pour dissuader la Corée du Nord de menacer continuellement d'autres pays avec des armes illégales.»
Le contre-amiral australien à la retraite James Goldrick et l'analyste stratégique basé aux États-Unis Andrew Shearer ont écrit dans l'Australian que les «défis» provenant de la Chine et de la Corée du Nord signifiaient que la marine du pays devrait être concentrée sur les opérations dans le Pacifique occidental loin des côtes australiennes. La flottille actuelle, ont-ils déclaré, pourrait «marquer le début de cette nouvelle orientation».
Goldrick et Shearer ont émis l'opinion qu'une «option» serait «l'intégration d'unités de combat australiennes individuelles dans des formations américaines». Des navires, comme les frégates australiennes, pourraient être particulièrement bienvenus [par les États-Unis] pour renforcer la Septième Flotte, dont les forces d'escorte ont été réduites par des accidents.»
Les forces terrestres australiennes ont également été formées pour être «interopérables» avec les troupes américaines, en particulier depuis que le gouvernement travailliste de la première ministre Julia Gillard a apporté son soutien total au «pivot vers l'Asie» des États-Unis en novembre 2011.
Au début d'octobre, le commandant du quartier général de la «Force interarmées déployable» basée à la ville de Darwin, dans le nord de l'Australie, a déclaré à l'US Naval Institute que la force était maintenant «prête pour les opérations». Elle est composée de bataillons de l'armée australienne formés avec les Marines américains qui sont basés depuis 2011 dans la ville pendant six mois chaque année.
Le déploiement actuel de 1250 Marines américains à Darwin vient de terminer sa rotation. Avec un nombre similaire de soldats australiens, ils suivent une formation intensive depuis avril pour des débarquements amphibies depuis des navires et des avions. Ils seraient parmi les premières forces disponibles pour le déploiement en cas de guerre dans la péninsule coréenne.
Bien que ce ne soit jamais déclaré publiquement, le rôle potentiel d'une force conjointe américano-australienne serait de s'emparer des îlots occupés par les Chinois dans la mer de Chine méridionale si les tensions avec Pékin montaient au point d'un conflit ouvert.
Une série de discours stratégiques et de documents de politique depuis 2011 n'ont pas caché que la Chine est la cible du «pivot» américain. La classe dirigeante américaine est prête à mener une guerre catastrophique pour empêcher la Chine de défier la domination mondiale américaine.
L'administration Obama a exploité les différends territoriaux dans la mer de Chine méridionale pour lancer des provocations ouvertes contre Pékin, telles que les intrusions de «la liberté de navigation» des navires de guerre américains sur le territoire revendiqué par la Chine. Depuis que Trump a pris le pouvoir, les programmes nucléaires et de missiles de la Corée du Nord ont été utilisés comme prétexte pour intensifier massivement les tensions militaires dans la région.
La destruction du régime nord-coréen – objectif déclaré de l'administration Trump – menace Pékin de la perspective d'une force militaire dirigée par les États-Unis à ses frontières. En 1950, la Chine a envoyé des centaines de milliers de soldats en Corée du Nord pour empêcher un tel résultat. Quand ils ont repoussé les forces américaines du 38e parallèle, l'armée américaine a appelé à l'utilisation de la bombe atomique. En 2017, le danger indéniable auquel fait face la classe ouvrière internationale est que l'impérialisme américain utilise les armes nucléaires et déclenche une guerre nucléaire à grande échelle.
Les bases américaines en Australie permettent directement à l'impérialisme américain de menacer la planète de catastrophes.
La base de satellites et de communication de Pine Gap, dans le centre de l'Australie, fournit à l'armée américaine des coordonnées continues de ciblage en temps réel pour les frappes aériennes et de missiles, y compris pour les attaques de missiles nucléaires.
Les aérodromes de l'extrême nord de l'Australie ont été caractérisés dans les documents stratégiques américains comme des «zones de sécurité» pour les avions américains, car ils sont au-delà de la portée de la plupart des missiles chinois et nord-coréens. Les chasseurs furtifs F-22, les bombardiers furtifs B2 et les bombardiers stratégiques à longue portée B1 et B52 figurent parmi l'armement américain qui a été entraîné à des opérations depuis le nord de l'Australie.
L'establishment politique en Australie fait tout son possible pour empêcher tout débat public sur le rôle de l'impérialisme australien dans les préparatifs américains pour la guerre avec la Corée du Nord.
Les médias ne fournissent que la couverture la plus superficielle et non critique du soutien du gouvernement Turnbull à une «option militaire» en Corée du Nord. L'opposition travailliste a déclaré qu'elle soutenait le gouvernement dans son appui à l'administration Trump. Les Verts, qui se font passer parfois pour critiques de l'alliance de l'Australie avec les États-Unis, sont restés silencieux face aux déclarations toujours plus téméraires et provocatrices de Trump.
La réponse de tout travailleur et tout jeune inquiet de la situation doit être de se joindre à la lutte pour construire un mouvement antiguerre dans la classe ouvrière internationale, basé sur une perspective socialiste et politiquement indépendant de toute section de l'establishment capitaliste.
(Article paru en anglais le 11 octobre 2017)