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Les États-Unis envoient des drones et des assassins en Corée du Sud

Par Peter Symonds
15 mars 2017

L’administration Trump a encore exacerbé la confrontation extrêmement tendue sur la péninsule coréenne en envoyant des drones d’attaque en Corée du Sud et en envoyant des unités de forces spéciales pour participer à des jeux de guerre massifs déjà en cours. Le renforcement militaire a lieu alors que la Maison Blanche envisage de lancer des frappes contre les sites nucléaires et militaires nord-coréens.

Les Forces américaines de Corée ont annoncé lundi que la compagnie Gray Eagle de systèmes aériens sans pilote (UAS) sera stationnée définitivement à la base aérienne de Kunsan, au sud de Séoul. « L’UAS ajoute des capacités importantes de renseignement, de surveillance et de reconnaissance aux Forces américaines de Corée et à nos partenaires [sud-coréens] », ont-elles déclaré.

Alors que l’annonce américaine mettait l’accent sur la reconnaissance, les drones de Gray Eagle peuvent également transporter jusqu’à quatre missiles Hellfire qui ont été utilisés pour exécuter des assassinats et frapper des cibles militaires. Ces drones mortels peuvent rester en vol jusqu’à 24 heures.

L’armée sud-coréenne n’a aucun doute quant à l’objectif du déploiement. Un officier anonyme a déclaré à l’agence de presse Yonhap : « En cas de guerre sur la péninsule coréenne, l’avion sans pilote pourrait s’infiltrer dans le ciel de la Corée du Nord et faire une frappe de précision contre le commandement de guerre et d’autres installations militaires majeures. »

L’envoi de drones d’attaque en Corée du Sud coïncide avec l’implication des forces spéciales américaines dans les jeux de guerre annuels « Foal Eagle », y compris la SEAL Team 6, l’équipe d’assassins hyper-entraînée qui a tué Osama ben Laden. L’équipe des SEAL participera aux exercices conjoints en Corée du Sud avec les Rangers de l’armée américaine, la Delta Force et les Bérets verts, toujours selon Yonhap.

Un officier militaire a déclaré à l’agence de presse que des forces d’opérations spéciales américaines plus nombreuses et diversifiées y participaient, afin de « s’entraîner dans des missions d’infiltration dans le Nord, supprimer le commandement de guerre du Nord et démolir ses installations militaires clés ». Les exercices conjoints de Foal Eagle sont les plus grands jamais connus, impliquant plus de 320 000 troupes soutenues par un groupement d’attaque de porte-avions américain, des avions chasseurs furtifs et des bombardiers stratégiques.

Le porte-parole du département d’État, Mark Toner en se référant aux visites du secrétaire d’État américain Rex Tillerson au Japon, en Corée du Sud et en Chine, a affirmé de façon absurde que l’armée américaine prenait des « mesures défensives » contre « une menace de plus en plus préoccupante concernant la Corée du Nord. »

Ni les drones ni le système de missiles anti-balistiques (THAAD) auxquels Toner faisait référence, n’ont un caractère « défensif ». Les drones et les unités des forces spéciales s’entraînent aux attaques « préventives » contre des sites militaires nord-coréens et aux « raids de décapitation » pour tuer les dirigeants nord-coréens. Ceci s’aligne sur un nouveau plan opérationnel conjoint, agressif, OPLAN 5015, convenu entre les États-Unis et la Corée du Sud fin 2015.

Le déploiement de THAAD fait partie du renforcement plus large du Pentagone des systèmes de missiles anti-balistiques et des forces militaires en Asie, principalement pour la guerre contre la Chine. Pékin a exprimé à plusieurs reprises de vives objections à l’installation de THAAD en Corée du Sud, qui dispose d’un puissant système radar capable de pénétrer profondément dans la Chine continentale et de donner aux militaires américains un avertissement beaucoup plus précoce des lancements de missiles chinois en cas de guerre.

L’administration Trump, qui passe en revue actuellement la stratégie américaine à l’égard de la Corée du Nord, exploite le lancement de quatre missiles balistiques de ce dernier la semaine dernière pour faire avancer les préparatifs militaires de longue date sur la péninsule coréenne. Selon le Wall Street Journal, la Maison Blanche envisage activement le « changement de régime » à Pyongyang et des frappes militaires sur la Corée du Nord.

« Nous devons examiner de nouvelles idées, de nouvelles façons de traiter avec la Corée du Nord », a déclaré le porte-parole du département d’État des États-Unis, Toner. « La Chine comprend cette menace. Ils ne sont pas inconscients de ce qui se passe en Corée du Nord. »

La référence à la Chine souligne les objectifs de la prochaine visite de Tillerson. Tout d’abord, il entend informer les alliés japonais et sud-coréens de Washington sur les plans américains et encourager une coopération militaire plus étroite en cas de conflit. Puis il se rendra à Pékin, où il tentera d’intimider le gouvernement chinois pour qu’il prenne des mesures punitives plus sévères contre Pyongyang.

Les menaces américaines contre la Corée du Nord sont également dirigées contre la Chine, que l’administration Trump considère comme le principal obstacle au maintien de la domination américaine en Asie et à l’étranger. Tillerson a déclaré de manière provocatrice que les États-Unis devraient bloquer l’accès de la Chine aux îlots sous administration chinoise en mer de Chine méridionale. La seule façon de mener à bien un plan aussi téméraire serait un blocus militaire américain – un acte de guerre qui pourrait provoquer un conflit entre les deux puissances dotées d’armes nucléaires.

Les tensions dans la mer de Chine méridionale ont été encore exacerbées par la décision de l’armée japonaise d’expédier son plus grand navire de guerre, le JS Izumo, pour trois mois d’opérations, y compris dans les eaux contestées. Selon l’agence Reuters, l’Izumo fera des escales à Singapour, en Indonésie, aux Philippines et au Sri Lanka, avant de se joindre à l’exercice naval commun de Malabar avec des navires indiens et américains dans l’Océan Indien en juillet. Il s’entraînera également avec la marine américaine en mer de Chine méridionale.

Au cours des huit années de l’administration Obama et de son « pivot vers l’Asie », les États-Unis ont mené une expansion militaire systématique dans l’ensemble de l’Asie-Pacifique, renforcé les alliances et les partenariats stratégiques et aggravé les poudrières régionales dangereuses, dont la péninsule coréenne et la mer de Chine méridionale. L’administration Trump, qui a critiqué le « pivot » comme n’étant pas assez agressif, se lance maintenant sur un trajet qui augmente grandement le risque de guerre.

La réaction du régime nord-coréen aux actions de Washington est réactionnaire de bout en bout. Ses essais nucléaires et de missiles, avec ses menaces terrifiantes et son chauvinisme, ne défendent en aucune façon le peuple coréen, mais au contraire fournissent aux États-Unis un prétexte pour leur renforcement militaire en Asie du Nord-Est. Selon le site Web 38north.org, affilié à l’Université John Hopkins, des images satellitaires commerciales indiquent que Pyongyang pourrait se préparer à un autre essai nucléaire.

Confronté à une crise politique intense à Washington, l’administration Trump ne se borne pas à envisager, mais se prépare activement, à des provocations inconsidérées et à des actes militaires contre la Corée du Nord qui ont le potentiel de déclencher une guerre cataclysmique qui engloberait le monde entier.

(Article paru en anglais le 14 mars 2017)