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Le PS remanie la loi du Travail pour que les syndicats puissent tenter de l'imposer

Par Anthony Torres
17 mars 2016

Face à l’opposition des étudiants et des travailleurs au projet de réforme du code du travail, le premier ministre Manuel Valls a présenté aux syndicats et au patronat la loi El Khomri remaniée, afin d’obtenir de leur part un soutien plus appuyé au gouvernement.

Manuel Valls a assuré devant le patronat et les syndicats vouloir privilégier « le dialogue social » : « Beaucoup a été fait avant sur le compte personnel d'activité, les droits des salariés, les grands principes. Il y a eu des ratés, je les assume » et a ajouté « il y a eu un moment où nous n'avons pas trouvé le temps, le moment, de présenter comme nous le faisons depuis quelques jours. Il fallait prendre quinze jours supplémentaires pour écouter, entendre ».

En annonçant le remaniement, Valls espère par une manœuvre cynique calmer l’hostilité des travailleurs et des jeunes envers ce projet de loi réactionnaire. Les modifications très superficielles ne changent rien de fondamental à la loi. L'élément central, la permission aux syndicats de négocier des accords avec le patronat qui violeraient les dispositions du Code du Travail, n'a jamais été remis en question tout au long des négociations.

Les indemnités prud’homales plafonnées à titre indicatif seront fixées par décret et devront être identiques à celles de l’avant-projet de loi, qui prévoit des plafonds de 3 à 15 mois de salaire selon l’ancienneté du travailleur.

Le gouvernement refuse de corriger les nouveaux critères permettant d'assouplir les conditions d'un licenciement économique. La seule modification est qu’un juge pourra contrôler les décisions d'une multinationale, afin qu'elle n’organise pas artificiellement ses difficultés économiques sur le sol français. Toutefois, les travailleurs savent par expérience qu’ils ne pourront pas compter sur la justice pour les défendre. Celle-ci s’est à maintes reprises prononcée pour les licenciements ou pour des peines d’emprisonnement à l’encontre de travailleurs défendant leur emploi.

Enfin l’accompagnement des jeunes sans formation ni emploi ou le compte personnel augmenté ne sont que de l’enfumage pour obtenir un soutien de la part des syndicats étudiants et imposer la réforme du travail.

D’ailleurs Valls s’est félicité que le « texte [ait] été salué aussi par la deuxième grande organisation étudiante (FAGE) ». Au sortir de la réunion de Matignon, Laurent Berger, secrétaire de la CFDT, a estimé que le projet de loi modifié était « potentiellement porteur de progrès pour les jeunes et les salariés ». La CGT, FO et l’UNEF ont appelé à « continuer la mobilisation ».

Que les bureaucraties syndicales soient opposées à la réforme du gouvernement est une contre-vérité. Les appels à des mobilisations de la part de la CGT et de l’UNEF entre autres ne sont que des manœuvres d’appareil visant à canaliser la colère des travailleurs et des étudiants contre le projet de loi avec l’aval du PS.

La CGT et les autres bureaucraties syndicales y compris étudiantes ont démontré durant le quinquennat de Hollande qu’elles étaient ses principales alliées.

La bureaucratie syndicale a contrôlé l’hostilité des travailleurs à l’encontre du gouvernement le plus impopulaire de la Ve République, qui a soutenu les licenciements de masse et mené une politique d’austérité et de guerre. Pendant quatre ans les organisations syndicales n’ont pas organisé de manifestations significatives comme par le passé parce qu’elles avaient peur de ne pas pouvoir contenir la colère des travailleurs et de se voir débordées sur leur gauche.

Le duo Hollande-Valls a décidé de revoir le texte de loi Travail craignant que les organisations syndicales et politiques discréditées ne puissent contrôler un mouvement large des travailleurs et des étudiants.

Pendant la manifestation du 9 mars à Lyon, plusieurs lycées ont été bloqués et des affrontements ont éclaté lorsque la police, profitant des pouvoirs conférés par l’état d’urgence, a essayé de bloquer le chemin de la manifestation. Au moins deux manifestants ont été hospitalisés après que la police anti-émeute a tiré des flashballs et ouvert le crâne d'un manifestant avec une matraque.

Comme nous l’indiquions dans le tract diffusé lors de la manifestation du 9 mars, « Toute opposition réelle dirigée contre les mesures réactionnaires du PS est la bienvenue. Toutefois, ce serait une erreur fatale pour ce mouvement naissant de se limiter à un cadre national, pour exiger une réécriture ou le retrait de la loi El Khomri négocié par les syndicats. Les négociations entre ces appareils illégitimes et discrédités et le PS, sous la botte de l'état d'urgence et avec la menace permanente d'une escalade militaire de l'OTAN contre la Russie en Syrie et en Europe, ne produiront que de nouveaux reculs. Surtout, elles ne feront rien contre les dangers de guerre et de dictature qui pèsent sur les travailleurs en France et à travers le monde. »

Le tract ajoutait : « La lutte contre la loi El Khomri doit s'élargir en une lutte politique contre la poussée internationale des puissances de l'OTAN vers une guerre, notamment contre la Russie en Europe et en Syrie, et contre l'état d'urgence liberticide décrété après les attentats du 13 novembre. Cette lutte doit être une lutte pour le socialisme, basée sur la classe ouvrière. Les alliés des travailleurs et des jeunes français sont les travailleurs à travers l'Europe et le monde, tous menacés par la guerre et par les atteintes aux droits démocratiques ».

Les travailleurs et les étudiants ne peuvent rien attendre des mobilisations organisées par les appareils liés au gouvernement PS. Ils doivent s’organiser indépendamment des syndicats et des organisations de la pseudo-gauche qui bloquent l’émergence d’une opposition politiquement consciente de la classe ouvrière

Voir aussi :

Une lutte contre la loi El Khomri doit s'opposer à la guerre et à l'état d'urgence

[9 mars 2016]