Il faut défendre les étudiants du Québec!
Déclaration de Jerry White, candidat du Parti de l'égalité socialiste à la présidence américaine
Par Jerry White
5 mai 2012
Tout juste de l'autre côté de la frontière, au Québec, une lutte cruciale qui mérite l'attention et l'appui des travailleurs et des jeunes aux États-Unis est menée.
Depuis près de trois mois, des dizaines de milliers d'étudiants des universités et des cégeps (collèges préuniversitaires et techniques) boycottent leurs cours et tiennent des manifestations pour s'opposer à la hausse des droits de scolarité universitaires de 75 pour cent sur cinq ans du gouvernement libéral provincial.
Les étudiants manifestent dans les rues de Montréal et d'autres villes du Québec pour défendre l'éducation publique. Nombreux sont ceux qui parlent du mouvement en tant que « Printemps érable », faisant ainsi le lien entre leur lutte et les soulèvements révolutionnaires qui ont pris place en Tunisie, en Égypte et dans d'autres pays arabes l'an dernier.
L'ordre politique établi a réagi par la répression en rendant les manifestations illégales et en ayant recours aux policiers pour terroriser les étudiants avec le poivre de Cayenne, les gaz lacrymogènes et la matraque. Au même moment, les médias à travers la province et le Canada accablent les étudiants de mépris, affirmant qu'ils doivent être désespérément naïfs ou mentalement déséquilibrés pour croire qu'une éducation universitaire devrait être un droit fondamental.
Les médias américains ont quant à eux censuré tous les articles sur les manifestations de masse qui prennent place à seulement quelques centaines de kilomètres au nord de New York City. La dernière chose que souhaitent les médias et les politiciens de la grande entreprise aux États-Unis est que les étudiants américains imitent leurs homologues canadiens ou s'allient à eux dans une lutte commune pour la défense de leur avenir.
Le droit à l'éducation publique et postsecondaire est sous attaque partout sur la planète. Depuis le krach financier de 2008, les gouvernements capitalistes ont sabré les budgets, augmenté les tarifs et mis en oeuvre des politiques de libre marché qui rendent l'éducation accessible à seulement quelques privilégiés.
En Europe, où l'éducation universitaire était depuis longtemps gratuite ou à bas prix, les étudiants du Royaume-Uni ont tenu tête à la violence policière en 2010 pour s'opposer au triplement des frais de scolarité. Il y a un an, les étudiants allemands et autrichiens manifestaient et occupaient les salles de conférence pour s'opposer aux coupes budgétaires. Au Chili, des centaines de milliers d'étudiants des universités et des écoles secondaires livrent une lutte féroce pour défendre le droit à l'éducation.
Aux États-Unis, l'administration Obama mène un assaut violent contre l'éducation publique et les enseignants. Les étudiants universitaires sont victimes de coupes budgétaires, de hausses des frais de scolarité et d'un niveau d'endettement écrasant. Même avec un diplôme, il devient de plus en plus difficile de trouver un emploi, et encore plus difficile de trouver un emploi qui permet de vivre. Un rapport publié récemment indiquait que 50 pour cent de tous les universitaires récemment diplômés étaient sans emploi ou sous-employés.
Chaque politicien capitaliste à travers le monde - qu'il soit libéral, conservateur, du Parti Québécois ou du Nouveau Parti démocratique au Canada; démocrate ou républicain aux États-Unis; ou socialiste ou d'un parti conservateur en France - soutient qu'il n'y a pas d'argent pour maintenir, et encore moins améliorer, l'éducation publique et les autres services sociaux essentiels. C'est ce que ces politiciens affirment, dans un contexte ou des trillions de dollars ont été trouvés pour sauver Wall Street et les banques internationales, et financer des guerres sans fin au Moyen-Orient et en Asie centrale.
Les avancées scientifiques et technologiques et la mondialisation de la vie économique font qu'il est maintenant possible de produire plus de richesses qu'à tout moment de l'histoire et de résoudre les problèmes sociaux et environnementaux complexes auxquels fait face l'humanité. Mais sous le capitalisme, la distribution rationnelle des ressources est impossible, car toutes les décisions économiques sont subordonnées à la quête du profit d'une toute petite minorité.
Le plus grand constat d'échec du système capitaliste est qu'il condamne une génération entière de la jeunesse à un avenir d'ignorance, de pauvreté et de guerre.
Le fait que l'ordre politique établi réagit aux demandes des étudiants québécois par la violence policière et le mépris le plus profond montre que rien ne peut être gagné en adressant des demandes au régime en place et à ses représentants politiques
Un changement fondamental n'est possible qu'en brisant l'emprise dictatoriale qu'exerce l'aristocratie financière sur la vie économique et politique, et en procédant à la transformation totale de la structure sociale. Pour y arriver, il faut se tourner vers les grandes masses de travailleurs qui sont poussées à la lutte par les mêmes mesures d'austérité, les mêmes attaques sur les emplois et les conditions de vie.
Partout où la lutte des étudiants québécois est connue, il y a un immense sentiment de solidarité pour eux. Craignant que cette lutte ne devienne l'étincelle d'un mouvement beaucoup plus grand de la classe ouvrière, l'ordre politique établi déploie tous ses efforts pour isoler les étudiants de la classe ouvrière. Pour développer leur lutte, les étudiants du Québec doivent vaincre leur isolement et lutter pour mobiliser la classe ouvrière, la seule force sociale capable de mener un changement révolutionnaire.
Un tournant vers la classe ouvrière ne veut pas dire d'appuyer les syndicats et les partis sociaux-démocrates comme le NPD, qui trahissent les travailleurs et collaborent avec les grandes entreprises et les gouvernements depuis des décennies. Les besoins et les aspirations des travailleurs ne peuvent s'exprimer à travers ces organisations procapitalistes et nationalistes qui sont dirigées par des carriéristes de la classe moyenne aisée profondément hostiles à la classe ouvrière.
Un tournant vers la classe ouvrière signifie une lutte politique pour libérer la classe ouvrière du fardeau de la politique capitaliste et bâtir un mouvement politique de masse capable de lutter pour le socialisme.
En tant que candidat du Parti de l'égalité socialiste à l'élection présidentielle américaine de 2012, j'appelle à la mobilisation de la classe ouvrière à travers l'Amérique du Nord contre le démantèlement des services publics, contre toutes suppressions d'emploi et contre toutes concessions.
La lutte pour défendre les droits sociaux les plus élémentaires des travailleurs et de la jeunesse, y compris le droit à une éducation et à une qualité de vie décentes pour tous, nécessite une lutte politique pour mettre au pouvoir un gouvernement des travailleurs. Ce n'est qu'en prenant le pouvoir politique que la classe ouvrière au Canada et aux États-Unis pourra réorganiser la vie politique et économique sur des fondements socialistes, en nationalisant les banques et la grande industrie et en basant l'économie sur les besoins humains et non sur le profit.
(Article original paru le 4 mai 2012)