Pour l’unité des travailleurs de l’automobile en Europe, en Amérique du Nord et internationalement contre les réductions de salaire et les licenciements
Par Jerry White, candidat à l’élection présidentielle du SEP aux Etats-Unis
29 février 2012
Lors de notre campagne électorale, ma colistière, Phyllis Scherrer, et moi-même ont fait de la lutte pour l’unité internationale de la classe ouvrière le principe fondamental de notre programme. Dans tous les pays du monde, les travailleurs vont devoir mener une lutte commune contre la campagne des groupes transnationaux pour accroître leurs profits qui à cette fin, réduisent les travailleurs à travailler dans les conditions existant dans les ateliers de misère, dans la pauvreté et l’exploitation.
Nulle part le besoin des travailleurs d’adopter une stratégie socialiste internationale n’est plus évidente que dans l’industrie automobile.
Il y a trois ans, le gouvernement Obama, profitant de la crise économique déclenchée par Wall Street, avait imposé des concessions sans précédent aux travailleurs de General Motors et de Chrysler. Avec la collaboration du syndicat United Auto Workers union (UAW), le groupe de travail Auto Task Force d’Obama a imposé une réduction de 50 pour cent des salaires à tous les travailleurs nouvellement embauchés et diminué drastiquement les prestations de santé et de retraite. Ceci avait permis aux trois grands groupes de construction automobile américains de réaliser ensemble un profit de près de 30 milliards de dollars en 2011.
L’imposition de salaires de misère aux travailleurs de l’automobile américains est à présent utilisée par les géants automobiles du monde entier pour réserver le même sort aux travailleurs de l’automobile en Europe. En raison de certaines protections juridiques gagnées lors de précédentes luttes, la classe ouvrière européenne n’a, à ce jour, pas encore été confrontée à des licenciements et des réductions de salaire de l’ampleur de ceux qui sont désormais pratique courante aux Etats-Unis.
Cette situation est en train d’évoluer rapidement. En Grèce, les banques internationales sont en train d’imposer la famine à la classe ouvrière et de créer les conditions pour des attaques identiques à l’encontre des travailleurs partout en Europe. En comptant sur la trahison des syndicats européens, des sociaux-démocrates, des staliniens et des partis jadis de gauche, les groupes automobiles sont en train de préparer contre les travailleurs, en Allemagne, en France et en Angleterre notamment, des attaques sur le modèle de ce qui se passe aux Etats-Unis.
General Motors a ciblé les travailleurs de ses filiales européennes d’Opel et de Vauxhall et est actuellement en pourparlers avec PSA Peugeot-Citroën au sujet d’un partenariat qui entraînerait l’élimination de milliers d’emplois sur tout le continent européen. « Si on veut régler le problème chez Opel, c’est maintenant que ça va se régler et les coupes vont être drastiques, » a dit dernièrement un responsable de GM au Wall Street Journal.
GM menace de fermer son usine de Bochum, en Allemagne, qui emploie 3.100 travailleurs, et une autre à Ellesmere Port, près de Liverpool en Angleterre, qui compte elle 2.100 salariés. Ceci suit la fermeture, en 2010, de l’usine Opel d’Anvers (Belgique) au détriment de 2.500 emplois.
Peugeot, qui avait précédemment annoncé des plans d’éliminer 6.000 emplois, se plaint de ce qu’en France les coûts de main-d’oeuvre sont trois fois supérieurs à ceux existant en Europe de l’Est et dans d’autres pays à bas salaires. Un partenariat avec GM viserait à réduire les salaires et les prestations des travailleurs en imposant une accélération des cadences de travail.
Le président de l’UAW, Bob King, a été nommé au conseil de surveillance d’Opel avec le soutien du syndicat allemand IG Metall. King, qui est cent pour cent à la solde des patrons de l’automobile et de Wall Street, a déclaré que l’UAW avait abandonné toute idée « 20ème siècle » de lutter contre les entreprises. Il a insisté ouvertement pour dire que la tâche principale des syndicats est d’augmenter les profits en augmentant la productivité et en aidant la direction à faire baisser les coûts de main d’oeuvre.
Dans un article d’opinion, paru le 24 février dans la Detroit Free Press, King a loué le « sauvetage courageux et décisif » de GM et de Chrysler par Obama. Il a loué le rôle joué par le syndicat dans la réduction des salaires et des prestations sociales et l’accord de ce dernier « de dénier pendant six ans le droit de grève » aux travailleurs.
La présence de King au conseil de surveillance d’Opel doit être prise comme un avertissement : l’IG Metall s’apprête à introduire en Europe les mêmes conditions que celles auxquelles sont confrontés les travailleurs américains. Un accord serait déjà en train d’être élaboré et qui transférerait une partie de la production de la Corée vers des usines allemandes.
Ces développements montrent que les syndicats soutiennent la destruction des salaires et les conditions de travail de leurs propres membres. Les intérêts des dirigeants syndicaux, des représentants bien nantis de la classe moyenne supérieure, sont directement opposés à ceux des travailleurs. Leur soutien pour les réductions de salaire découle du caractère du syndicat qui a une base nationale ainsi que de leur perspective nationaliste et pro-capitaliste.
Dans une économie mondialisée où les groupes transnationaux sont en mesure de délocaliser la production dans des régions où la main d’oeuvre est la moins chère, les syndicats abandonnent toute tentative d’améliorer les salaires de leurs membres, collaborant au lieu de cela avec les patrons pour tirer les salaires vers le bas. Ceci afin de les convaincre de maintenir la production « dans le pays ». Ils le font dans l’espoir de consolider les revenus qu’ils tirent des cotisations, la principale source de leurs salaires hypertrophiés.
Les syndicats exigent que les travailleurs se rangent derrière « leurs » employeurs dans une lutte fratricide contre les travailleurs d’autres pays et dans une compétition pour l’emploi et qu’ils acceptent des salaires de plus en plus bas et des conditions de travail de plus en plus dures. Les conséquences catastrophiques de cette politique pour les travailleurs de l’automobile deviennent tous les jours plus évidentes.
Les gens comme King et ses homologues de l’IG Metall ne sont rien moins que des prestataires de main-d’oeuvre qui garantissent une main d’oeuvre à bon marché et bénéficient d’une part des profits tirés de l’exploitation des travailleurs.
En opposition à cette trahison, ma campagne consiste à lutter pour unifier les travailleurs américains et leurs frères et sœurs en Europe et à travers le monde. Nous insistons pour que tous les travailleurs, peu importe le pays où ils vivent, aient droit à un emploi sûr et bien rémunéré. La lutte pour la garantie de ce droit social oppose la classe ouvrière à l’ensemble de l’ordre économique et politique – le système capitaliste – qui a manqué à ses engagements envers les peuples du monde en appauvrissant la classe ouvrière tout en enrichissant le patronat et l’élite financière.
Je suis candidat à l’élection pour construire la direction indispensable pour organiser et unir les luttes des travailleurs sur une base socialiste internationale et révolutionnaire. Cette lutte pour l’égalité sociale requiert de placer l’industrie automobile et les banques sous la propriété et le contrôle démocratiques de la classe ouvrière.
(Article original paru le 25 février 2012)