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Il y a 25 ans

Le président haïtien déposé Aristide passe un accord sous l’égide des États-Unis


4 janvier 2017
Aristide

Le 5 janvier 1992, le président déposé d’Haïti, Jean-Bertrand Aristide, a accepté un accord dicté par les États-Unis qui l’aurait remis en poste au palais présidentiel mais comme pantin d’un régime dirigé directement depuis l’ambassade des États-Unis et l’état-major haïtien. Vivant alors aux États-Unis, Aristide avait fait connaître son accord avant que cet arrangement pourri ne soit conclu.

D’après cet accord, arrangé par des négociateurs de l’Organisation des États américains le 8 janvier, René Théodore, le dirigeant du Parti unifié des communistes haïtiens (PUCH), serait nommé Premier ministre en échange du retour d’Aristide au pouvoir en Haïti. Théodore était décrit dans les médias américains comme un « communiste modéré ».

L’« ironie » du chef du Parti communiste se retrouvant à la tête d’un gouvernement de « salut national » avec le plein soutien du ministère des affaires étrangères américain et des généraux haïtiens aux mains pleines de sang fut relevée par tous les commentateurs. Le gouvernement américain et l’armée haïtienne qu’il avait créée ont commis des atrocités contre le peuple d’Haïti au nom de la lutte contre le « communisme ». De fait, de nombreux membres de base du PUCH étaient morts horriblement sous la torture des militaires quand le pouvoir était tenu par la dynastie Duvalier.

Après le retour d’exil de Théodore en 1986, le PUCH a servi régulièrement à créer des illusions sur la démocratie dans le soi-disant Conseil national de gouvernement, le régime du « duvalierisme sans Duvalier », et avait condamné à plusieurs reprises les grèves et les manifestations des travailleurs haïtiens comme « inappropriées ».

Bien que Aristide ait accepté cet accord et le ministère des affaires étrangères des États-Unis ait publié un communiqué qui déclarait son espoir que le gouvernement haïtien « accorderait toute son attention à la désignation de M. Théodore par le président Aristide », les politiciens du régime militaire d’Haïti laissaient entendre qu’ils pourraient ne pas l’approuver.

En acceptant un tel arrangement, Aristide agissait d’une manière qui légitimait le coup d’état militaire qui l’avait fait tomber le 30 septembre. Son consentement à nommer un Premier ministre approuvé par l’armée et Washington revenait à une capitulation, même si cet accord devait échouer en l’espace de quelques jours.

Cette capitulation était le résultat inévitable de la politique suivie par Aristide et ses partisans nationalistes petits-bourgeois. Lorsqu’ils étaient au pouvoir, ils ont tenté de désamorcer l’énergie révolutionnaire des masses et de répandre des illusions sur l’impérialisme et l’armée.