Troisième grève régionale des enseignants au Royaume-Uni
Par nos correspondants
21 octobre 2013
Jeudi dernier s'est déroulée une journée de grève régionale des enseignants, la dernière en date à ce jour.
Les enseignants de quelque 3.500 établissements scolaires de Londres, des régions du Sud-Est, du Sud-Ouest, du Nord-Est et de Cumbria ont participé à des arrêts de travail décidés par l’Association nationale des maîtres et des professeurs femmes (NASUWT) et de l’Union nationale des enseignants (NUT). Des manifestations et des rassemblements ont eu lieu partout dans le pays.
Tout comme lors de la précédente grève de 24 heures il y a deux semaines, l’action de jeudi a prouvé la détermination des enseignants à lutter contre l’offensive menée par le gouvernement conservateur/démocrate libéral contre l’éducation.
Cette offensive comprend une augmentation des cotisations retraite, le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite, l’abolition de l'échelle salariale nationale, l’introduction du salaire lié à la performance, l’imposition d’un programme d’enseignement axé sur les résultats, la suppression de l'inclusion dans l'emploi du temps d'heures de préparation des cours, l’allongement des heures de cours et le recours à des enseignants non qualifiés dans les salles de classe. Le but de toutes ces mesures est de contraindre les établissements scolaires à devenir des centres autonomes (« academies ») en vue de privatiser entièrement l’éducation publique.
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans le centre de Londres, bénéficiant d’un vaste soutien des passants. Quelque 3.500 enseignants et des partisans venus du Sud-Ouest et du sud du Pays de Galles se sont rassemblés à Bristol. D’autres événements ont également eu lieu à Durham, Brighton, Carlisle et à Plymouth.
L’ampleur des grèves montre un changement dans réaction politique. Les syndicats en ont pris note. A Bristol, Claire Nicholls, jeune enseignante et représentante du syndicat NUT a fait remarquer qu'une action de grève pouvait être intimidante notamment si c’est la première fois que l'on y participe. Le secrétaire général adjoint du NUT, Kevin Courtney a dit, « Le climat est en train de changer. » La préoccupation du syndicat est toutefois de savoir comment canaliser et contrôler cette colère montante.
Une fois de plus, les lieux réservés pour les rassemblements étaient tout à fait inappropriés pour le nombre de manifestants. A Londres, une salle de réunion de 1.200 places a à peine pu accueillir un dixième des manifestants. Kevin Courtney du NUT, parfaitement conscient des critiques sur le fait que la majorité des grévistes ne pouvaient pas entrer dans la salle, a dit aux manifestants de Bristol qu’aucun lieu de réunion suffisamment grand n’était disponible dans la ville.
Comme l'ont clairement indiqué leurs discours, le principal objectif des responsables était de garantir la place des syndicats dans les négociations.
Indépendamment de la rhétorique des syndicats, ces grèves ne sont pas le signe d’une contre-attaque de leur part. Elles ont été appelées pour s'opposer aux attaques qui ont déjà été perpétrées au cours de ces deux dernières années avec la collaboration des syndicats.
Comme le Parti de l’Egalité socialiste (Socialist Equality Party) l’a souligné dans le tract qui a été distribué lors des manifestations, l’appel à la grève n'est nullement le signe d'une nouvelle combativité de la part des syndicats. La bureaucratie syndicale est consciente de la colère grandissante des enseignants et craint que si elle n'affiche pas une résistance symbolique, cette opposition se développera hors de son contrôle.
C’est ce que le secrétaire général adjoint du NASUWT, Patrick Roach, a fait clairement comprendre en disant au rassemblement de Bristol que la « solidarité » des enseignants était un moyen pour amener le gouvernement à la table des négociations. En des termes qui sont une accusation de la passivité et de la complicité des syndicats face aux attaques du gouvernement, il a dit que le syndicat avait « attendu » 508 jours, attendu que le ministre de l'Education engage des négociations « à n'importe quel moment, n’importe quel endroit et n’importe où » avec les syndicats. L’action de grève, a-t-il dit, est le dernier recours.
Au rassemblement de Londres, Martin Powell-Davies du Parti socialiste pseudo-gauche distribuait des tracts pour la campagne électorale à venir pour les élections à la vice-présidence du NUT. Dans ce document il ne réclamait qu’une « grève nationale unitaire d’une journée ». Si Michael Gove, ministre de l’Education, « ne recule pas » cette action devrait être intensifiée pour passer une grève de 48 heures au trimestre prochain !
Le Parti de l’Egalité socialiste et des membres et partisans de l’organisation des Etudiants et jeunes internationalistes pour l’Egalité sociale (EJIES) ont fait campagne lors des manifestations, appelant les enseignants à n'accorder aucune confiance aux syndicats et à rejeter les affirmations des tendances de la pseudo-gauche selon lesquelles les syndicats sont l’instrument par lequel se fait la défense de l’emploi, des conditions de travail et de l’éducation des jeunes. Notre tract pressait les enseignants «à mobiliser une opposition véritable par la mise en place de comités d’action de travailleurs, indépendants de ces syndicats en faillite. Ils doivent s’associer au personnel auxiliaire, aux parents et aux communautés locales pour résister à toute réduction des salaires et des conditions de travail et s’unir, sur la base d’un programme socialiste, aux autres travailleurs qui luttent pour la défense des emplois et des services, contre les mesures d’austérité brutales du gouvernement. »
(Article original paru le 19 octobre 2013)