Il faut s'opposer à la censure politique du SEP (Australie)
Par James Cogan
16 avril 2015
Le Socialist Equality Party (SEP, Parti de l'égalité socialiste) appelle les lecteurs du WSWS dans le monde entier à écrire des lettres de protestation condamnant cet acte flagrant de censure politique à l'encontre du SEP, partie intégrale du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) et de sa lutte pour développer un mouvement anti-guerre international dans la classe ouvrière, basé sur une perspective socialiste et internationaliste.
Le 10 avril, le conseil municipal de Burwood (Sydney) dirigé par le Parti travailliste a annulé la réservation d'une salle par le SEP pour une réunion publique intitulée « Anzac Day, la glorification du militarisme et la campagne pour une troisième guerre mondiale. » Il s'agit d'une des trois réunions qui se tiendront à Sydney, Melbourne et Wellington le 26 avril, dans le cadre d'une campagne de l’ensemble du CIQI pour le Rassemblement international en ligne du 1er mai contre le capitalisme et l'impérialisme et devant avoir lieu le 3 mai (4 mai en Australie).
Cette mesure du conseil municipal de Burwood est une réaction directe à des plaintes venant d'individus associés au mouvement droitier, anti-immigrés et pro-guerre « Reclaim Australia » (Reprendre possession de l'Australie). Ce mouvement a qualifié la réunion du SEP d'« anti-australienne » et exigé qu'on l'empêche. Le conseil municipal de Burwood a justifié l'annulation par « la nature de la réunion » mais sans apporter d'autres explications. Aujourd'hui, il a informé les nombreux sympathisants du SEP et lecteurs du WSWS ayant envoyé des lettres de protestation qu'il ne reviendrait pas sur sa décision.
Jusqu'ici, aucun des conseillers municipaux (le maire travailliste John Faker, trois autres conseillers travaillistes, dont l'un est membre du parlement de l'Etat de Nouvelle Galles du Sud, deux conseillers du Parti libéral et un « indépendant ») n'a répondu à la plainte écrite envoyée par le SEP, qui attirait l'attention sur le fait que le conseil municipal avait agi à la demande d'éléments d'extrême-droite et exigeait que l'interdiction de la réunion soit levée.
De même, aucune chaîne de télévision ni organe de presse n'a fait état de cet acte de censure politique en dépit du fait qu'ils sont au courant de l'annulation et en dépit de leur couverture médiatique régulière des activités du parti droitier « Reclaim Australia » depuis que ce dernier a organisé des manifestations anti-musulmanes le 4 avril.
Tout porte donc à croire que des discussions eurent lieu pour interdire la réunion politique du SEP à des niveaux de l'establishment politique et de l'appareil d'Etat bien plus élevés que le seul conseil municipal de Burwood. On cherche à établir un précédent, à savoir qu’on peut refuser au SEP le droit de réserver des salles pour des réunions politiques ou de tenir d'autres activités publiques au motif qu'il s'oppose au nationalisme australien et à la guerre. C'est là une attaque directe de la lutte politique que conduisent le CIQI, le World Socialist Website et le SEP.
Les réunions du SEP en Australie et en Nouvelle-Zélande se tiendront un jour après le déluge de patriotisme financé par le gouvernement et parrainé par les médias, organisé le 25 avril pour célébrer le centenaire du déploiement des troupes australiennes et néo-zélandaises (Anzacs) dans leur première bataille de la Première guerre mondiale, l'invasion britannique et française de la péninsule de Gallipoli en Turquie. On a entraîné des dizaines de milliers de jeunes à passer la nuit dans un « Camp Gallipoli », à entendre des messes à l'aube, à assister à des parades et à d’autres commémorations pour chacune des guerres auxquelles ont participé des troupes australiennes. On ne peut pas allumer la télévision ou ouvrir un journal sans être assailli par ces répugnantes « célébrations ».
Il ne s’agit pas, dans toute la frénésie nationaliste qui accompagne « Anzac Day », des événements d'il y a 100 ans, mais bien d’un effort pour faire taire le sentiment anti-guerre d’aujourd'hui dans le but de légitimer la politique étrangère militariste et criminelle de la coalition nationale-libérale du gouvernement Abbot et de son partenaire à Washington. L'élite dirigeante australienne et ses partis politiques, le Parti travailliste et les Partis libéral et national, sont parmi les plus proches alliés de l'impérialisme américain dans ses interventions militaires dans le monde. Aujourd'hui, 330 soldats australiens partent pour un déploiement de deux ans en Irak, rejoignant plus de 600 soldats déjà au Moyen-Orient. Dans le même temps et derrière le dos de la population australienne, le gouvernement Abbott, comme ceux de ses prédécesseurs travaillistes Rudd et Gillard, ont intégré l'Australie au « pivot » vers l'Asie de Washington, ce qui comprend une extension des bases et des déploiements américains dans tout le pays, et ils ont incorporé l'armée australienne dans les plans américains pour une guerre contre la Chine.
Les intrigues de l'impérialisme américain et australien font partie de la campagne de guerre du capitalisme mondial. Un siècle après la Première Guerre mondiale, les contradictions insolubles du système capitaliste, celles d’une économie mondiale divisée en États-nations concurrents dans lesquels est enracinée la propriété privée des moyens de production, ont une fois de plus conduit à un effondrement économique mondial et ont généré d'immenses tensions internationales au sujet du contrôle des ressources, des marchés et des sources de profit. Du Moyen-Orient à l’Ukraine et du Nigeria à la mer de Chine méridionale, ont a créé des poudrières qui peuvent déclencher à tout moment un conflit ouvert entre Etats dotés de l'arme nucléaire, et la catastrophe d'une Troisième Guerre mondiale.
Le CIQI et ses sections au niveau international sont les seuls adversaires conscients et actifs de la guerre impérialiste et du militarisme, et donnent une voix au sentiment anti-guerre profond qui existe chez les travailleurs et les jeunes du monde entier. Il n'y a pas de pays où cette opposition à la guerre trouverait expression au sein de l'establishment politique, des médias ou de la culture populaire. En Australie, le SEP est le seul parti qui démasque et condamne le militarisme et lutte pour mobiliser la classe ouvrière contre le danger de guerre, qui vient aussi du « pivot » des États-Unis vers l'Asie et des préparatifs avancés de conflit avec la Chine.
Cette attaque dirigée contre le CIQI et le SEP est, au sens le plus profond, une attaque contre la classe ouvrière internationale. En cherchant à censurer et à faire taire le mouvement trotskyste mondial, la classe dirigeante et ses défenseurs politiques tentent d'empêcher la classe ouvrière d'adopter la perspective révolutionnaire internationaliste nécessaire pour unifier les travailleurs de tous les pays dans une lutte commune contre le capitalisme et pour mettre fin à jamais au fléau de la guerre.
A chaque conflagration sanglante, tout au long du 20e siècle, les classes dirigeantes ont lancé des attaques majeures contre les droits démocratiques de la classe ouvrière à l'intérieur, afin d’y réprimer l'opposition politique.
C'est pourquoi nous demandons aux travailleurs et aux jeunes qui défendent la classe ouvrière partout dans le monde de réagir à l'attaque du SEP en s'y opposant de façon résolue. Nous appelons à envoyer des lettres de protestation au conseil municipal de Burwood à l'adresse suivante : [email protected], des lettres qui condamnent son refus de revenir sur sa décision et exigeant qu'il le fasse immédiatement. Toutes les lettres devraient également être envoyées sous forme de copie (cc) au Socialist Equality Party, à l’adresse suivante: [email protected].
Nous exhortons tous les lecteurs du WSWS en Australie et en Nouvelle-Zélande à prendre une position politique de principe contre cette attaque des droits démocratiques et à participer à la lutte pour développer un mouvement anti-guerre international en participant, le 26 avril, à nos réunions de Sydney, Melbourne et Wellington. Au cas où le conseil municipal de Burwood ne reviendrait pas sur son interdiction, un autre lieu de réunion sera prévu et annoncé sur le WSWS.
Nous appelons surtout les travailleurs et les jeunes du monde entier à s'inscrire dès aujourd'hui pour le Rassemblement en ligne (May Day rally) du 1er mai qui constituera une démonstration puissante de l'unité internationale de la classe ouvrière sur la base de la perspective de la révolution socialiste mondiale et une contribution à celle-ci.
(Article original paru le 15 avril 2015)