75 ans depuis la conférence fondatrice de la Quatrième Internationale en France
3 septembre 2013
En dépit de l’absence forcée de Léon Trotsky, la conférence fondatrice de la Quatrième Internationale, parti mondial de la révolution socialiste, s'ouvrait à Paris le 3 septembre 1938. Elle a assuré la continuité historique de la lutte pour l’internationalisme socialiste contre les trahisons contre-révolutionnaires commises par Staline et la caste bureaucratique en Union soviétique.
Le congrès fondateur s’était tenu malgré les efforts extensifs entrepris par les agents staliniens pour assassiner les cadres dirigeants du mouvement. Les tueurs du GPU, agissant sur ordre de Staline, assassinèrent en juillet 1937 le secrétaire politique de Trotsky, Erwin Wolf, puis Ignace Reiss, un transfuge du GPU qui avait dénoncé Staline en déclarant son allégeance à la QI en septembre 1937. En février 1938, le fils de Trotsky, Léon Sedov, fut assassiné dans un hôpital parisien à l’âge d’à peine 32 ans. Deux mois avant le congrès, Rudolf Klement, le secrétaire de la Quatrième Internationale, avait été brutalement assassiné.
Les circonstances étaient tellement difficiles que le congrès se tint en secret au domicile d’Alfred Rosmer, partisan de longue date de Trotsky. Il se limita à une journée et ne fut annoncé au public que six semaines plus tard lorsqu’un long compte rendu fut publié à la Une du journal des trotskystes américains Socialist Appeal.
Cette étape historique pour le développement du socialisme et de la classe ouvrière internationale adopta comme document fondateur L’agonie du capitalisme et les tâches de la Quatrième Internationale. Dans ce document, Trotsky exposait les tâches centrales auxquelles le mouvement socialiste est confronté : « Sans révolution socialiste, et cela dans la prochaine période historique, la civilisation humaine tout entière est menacée d’être emportée dans une catastrophe. Tout dépend du prolétariat, c’est-à-dire au premier chef de son avant-garde révolutionnaire. La crise historique de l’humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire. »
La Quatrième Internationale doit être construite dans chaque pays, déclara Trotsky, en tant qu’unique moyen pour surmonter la crise de la direction de la classe ouvrière qui a été créée par les trahisons et la faillite du stalinisme et de la Social-Démocratie. A tous ceux qui fustigèrent l’insistance de Trotsky sur l’urgence absolue de la tâche et son évocation d’éventuelles nouvelles tragédies frappant l’humanité, il répondit, « La Quatrième Internationale est déjà surgie de grands événements ; les plus grandes défaites du prolétariat dans l’histoire. La cause de ces défaites c’est la dégénérescence et la trahison de la vielle direction. La lutte des classes ne tolère pas d’interruption. La Troisième internationale, après la Deuxième, est morte pour la révolution. »
La tâche de l’internationale naissante est de créer un pont entre la maturité de la situation objective internationale d’une part et la relative immaturité de la classe ouvrière et de la direction d’avant-garde unies dans les rangs de la Quatrième Internationale, de l’autre. Pour contribuer à relever la classe ouvrière au niveau des tâches auxquelles elle doit faire face, la Quatrième Internationale formula une série de revendications économiques et politiques – l’expropriation du commandement économique, la formation d’un gouvernement ouvrier – comme méthode de développement de la conscience socialiste parmi les travailleurs du monde et de révéler au grand jour la direction contre-révolutionnaire de la Social-Démocratie et du stalinisme.
Ecrivant depuis son exil à Mexico, Trotsky fit remarquer : « La convocation de cette conférence est un accomplissement majeur. Cette tendance révolutionnaire intransigeante, qui est soumise à des persécutions qu’aucune autre tendance politique de l’histoire du monde n’a selon toute probabilité endurées, a une fois de plus fait preuve de sa puissance. En surmontant tous les obstacles, elle a, sous les coups de ses puissants ennemis, convoqué sa conférence internationale. Ce fait constitue une preuve irrécusable de la forte viabilité et de la persévérance inébranlable des bolchevik-léninistes internationaux. »
(Article original paru le 2 septembre 2013)