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Québec: Option nationale veut redonner vie au PQ et au souverainisme

Par Richard Dufour
23 mars 2013

Lors de son congrès tenu au début du mois, Option nationale, une formation politique issue du Parti québécois, a tendu la main aux « souverainistes de droite », affiché son indifférence envers la pauvreté et ouvert la porte à une éventuelle fusion avec le PQ.

Le fondateur d'Option nationale, le banquier d'affaires et ancien député péquiste Jean-Martin Aussant, a donné le ton en affirmant que le « capitalisme bien encadré par un système légal et réglementaire est le meilleur système ».

Le congrès a reporté Aussant à la tête du parti et a voté par acclamation pour lui accorder un salaire annuel de 86000$. À ses critiques qui réclamaient un débat sur le montant accordé, Aussant a répondu: « Pour les heures que je mets pour ce parti, ce n'est pas loin du salaire minimum. »

Cette remarque dérisoire envers les petits salariés a été accompagnée du rejet par le congrès d'une proposition visant à faire de la lutte à la pauvreté une priorité pour le parti.

Le congrès a confirmé l’orientation d'Option nationale en tant que parti souverainiste. Cette orientation correspond aux intérêts d'une section de la classe dirigeante québécoise qui réclame plus de pouvoirs pour l'État québécois – pouvant aller jusqu'à la séparation avec le Canada – afin d'en faire un levier plus efficace dans la lutte économique pour acquérir des parts de marché et dans la lutte politique pour intensifier l'exploitation des travailleurs québécois.

Le Parti québécois est le porte-parole de longue date de cette section de l’élite. Il a historiquement cherché à agrandir sa base sociale en associant la souveraineté du Québec à un projet socialement progressiste. Cette fraude a été maintenue parmi les travailleurs pendant des décennies par la bureaucratie syndicale comme le mécanisme pour subordonner politiquement la classe ouvrière au système capitaliste et pour isoler les travailleurs du Québec de leurs frères et sœurs de classe du reste du Canada et d’ailleurs dans le monde.

Mais une longue expérience historique – notamment des gouvernements péquistes parmi les plus à droite de l'histoire du Québec, y compris l'actuel gouvernement Marois – a démasqué le PQ comme étant un défenseur acharné de la grande entreprise et un ennemi de la classe ouvrière.

Alors que le PQ sombrait dans une crise majeure, Option nationale est apparue pour essayer de sauver l'option souverainiste et le PQ du naufrage.

Lors du récent congrès, Aussant s'est dit confiant qu'un jour, « les gens vont se dire qu'un vote souverainiste, c'est un vote pour Option nationale ». Au même moment, il a laissé la porte ouverte à ce que ses partisans intègrent éventuellement les rangs du PQ. « Si un parti est aussi résolument souverainiste dans son approche qu'Option nationale », a-t-il déclaré, « on veut collaborer, voire fusionner avec ce parti pour l'avancement de la cause. »

L’invité d'honneur au congrès d'Option nationale était nul autre que Jacques Parizeau, un membre et représentant de longue date de la bourgeoisie québécoise qui a dirigé, au milieu des années 90, un gouvernement du PQ qui allait lancer un assaut sans précédent sur les réseaux de l'éducation et de la santé au nom du déficit zéro.

Dans une allocution chaudement applaudie au congrès, Parizeau a réaffirmé sa fidélité envers le PQ, un parti auquel il s'est dit « attaché par toutes les fibres de mon corps », tout en critiquant sa tiédeur à faire la promotion de la souveraineté du Québec. Il a accueilli la présence d'Option nationale comme étant « le levain dans la pâte ».

Dans un passage significatif de son discours, l’ex-premier ministre péquiste a élaboré sur ce thème. « Si tant est que votre enthousiasme se propage graduellement dans les milieux souverainistes », a lancé Parizeau, « une entente de tous les souverainistes deviendra possible ».

Parizeau est un représentant conscient de la classe dirigeante québécoise qui cherche à combattre par tous les moyens le déclin politique du PQ et du programme souverainiste. Il accueille les efforts faits en ce sens par Option nationale. Mais il craint que ce ne soit pas suffisant, venant de la part d'une formation qui affiche ouvertement son admiration pour le capitalisme et son indifférence pour des problèmes sociaux criants comme la pauvreté et les bas salaires.

Se basant sur l'expérience de la coalition qu'il a dirigée lors du référendum de 1995 sur la souveraineté du Québec, Parizeau veut rallier le soutien de certaines couches des classes moyennes qui se considèrent vaguement « de gauche » et qui sont actives dans les milieux syndicaux et communautaires, ainsi qu'au sein de Québec solidaire. Il voit Option nationale comme un pont pouvant servir à ramener ces couches dans le giron du PQ.

Québec solidaire s'est montré réceptif à ce projet. Lors des dernières élections québécoises, il a lui-même proposé et conclu un pacte électoral avec Option nationale. À son récent conseil national de décembre dernier, la direction du parti a dit que la question d’une alliance tactique avec le PQ serait soumise de nouveau à la discussion lors de son prochain congrès en mai prochain, tandis qu’un rapprochement, voire une fusion, avec Option nationale demeure une priorité.

La cour assidue de Québec solidaire à l’endroit d’un parti ouvertement de droite comme Option nationale est un signal envoyé au Parti québécois, et à la classe dirigeante québécoise en son ensemble, que ce parti supposément « de gauche » n’aspire à rien de plus que faire sa place dans l'establishment comme un parti respectable.