Six mois de gouvernement Trump : La stratégie de la classe ouvrière contre le capitalisme et la guerre
Par Joseph Kishore
21 juillet 2017
Cela fait six mois aujourd’hui depuis l’entrée en fonction de Donald Trump, l’arrivée au pouvoir du gouvernement le plus à droite de l’histoire des États-Unis.
Le 20 janvier, le jour où Trump a pris ses fonctions, le World Socialist Web Site a désigné cela comme un « événement qui restera marqué par l’infamie ». Sur l’élection de Trump, nous avons écrit : « L’histoire a rattrapé le capitalisme américain. Un jargon démocratique a longtemps servi à dissimuler sa décomposition socio-économique et à cacher l’écart entre les mythes politiques officiels et la réalité sous-jacente. Mais à présent, le masque est tombé. Donald Trump personnifie la corruption, la cruauté, le parasitisme et la mentalité essentiellement fasciste des oligarques capitalistes qui contrôlent les États-Unis. »
Les six derniers mois ont fourni une confirmation suffisante de ce pronostic. La politique intérieure de Trump a consisté à déchirer tout ce qui reste des réformes sociales initiées dans les années 1930 et 1960, en attaquant les travailleurs immigrés et les réfugiés, en détruisant l’éducation publique, en éliminant les réglementations environnementales et l’activité des entreprises, et en favorisant une réduction massive des impôts pour les riches.
Ce programme est profondément impopulaire. L’entrée en fonction de Trump a été accueillie par des manifestations de masse dans tout le pays et à l’international. Les actions de son gouvernement depuis le 20 janvier ont renforcé l’hostilité générale contre Trump, qui, selon les sondages les plus récents, a atteint un niveau sans précédent d’impopularité dans un délai extrêmement court.
Cependant, six mois après cette prise de fonction, l’opposition populaire n’a pas trouvé d’expression notable dans un mouvement organisé de masse de gauche qui mettrait l’accent sur les problèmes critiques que sont les inégalités sociales, les attaques contre les droits démocratiques et l’escalade des opérations militaires des États-Unis. Cette situation s’explique surtout par les efforts du Parti démocrate et de ses alliés pour subvertir et canaliser l’hostilité populaire à Trump derrière les intérêts de la faction de la classe dirigeante et de l’État qu’ils représentent.
Examinons le bilan du Parti démocrate depuis l’élection de Trump le 8 novembre 2016.
La réponse initiale des démocrates à la victoire de Trump a été de promettre une « transition pacifique ». Obama a insisté sur le fait que les élections sont une « mêlée interne », avec les deux adversaires dans la « même équipe ». Les sénateurs Bernie Sanders, Elizabeth Warren et les autres démocrates de « gauche » se sont engagés à collaborer avec Trump dans la mesure où il mènerait des politiques bénéfiques à la classe ouvrière. Cette condition – basée sur la notion absurde selon laquelle un gouvernement Trump pourrait être amené à mettre en œuvre des politiques dans l’intérêt des travailleurs – n’avait pas d’autre but que de semer des illusions et de s’opposer à une action indépendante du Parti démocrate.
Cela a été suivi par un effort pour diriger l’opposition populaire à Trump derrière une campagne de plus en plus frénétique, pro-guerre et qui rappelle l’époque de McCarthy [la chasse aux communistes]. Cette campagne est focalisée sur ce qui est considéré dans certaines sections de la classe dirigeante comme une relation excessivement accommodante de Trump avec le président russe Vladimir Poutine. L’opposition des démocrates ne vise pas les politiques de droite, favorables aux grandes entreprises de Trump, ni le grave danger que son gouvernement représente pour les droits démocratiques fondamentaux, mais s’inquiète que Trump puisse subordonner les impératifs stratégiques fondamentaux de l’impérialisme américain à ses intérêts pécuniaires personnels.
Quelles que soient ses critiques à propos de Trump, le Parti démocrate et les diverses organisations de protestation de la classe moyenne dans son orbite sont irréductiblement hostiles à toute tentative d’organiser la classe ouvrière de manière indépendante.
La conclusion fondamentale qui doit être tirée de cette expérience est qu’il ne peut y avoir de lutte sérieuse contre le programme du gouvernement Trump sans combattre l’establishment politique dans son ensemble et le système capitaliste sur lequel il se fonde.
En dehors de la guerre politique à Washington, la colère sociale monte, et celle-ci, une fois qu’elle aura éclaté, perturbera tous les plans et arrangements de l’élite dirigeante et de ses représentants politiques. La destruction des soins de santé, les salaires de misère, l’endettement de masse, le démantèlement de l’éducation publique, la guerre contre les travailleurs immigrés, l’escalade de la violence policière et la guerre sans fin ont produit une source d’opposition parmi des dizaines de millions de personnes.
La classe ouvrière doit être armée d’un programme qui répond à ses besoins. Aucun droit social ou démocratique ne peut être gagné sans une attaque frontale sur la richesse de l’élite dirigeante et la dictature qu’elle exerce sur la vie sociale et économique. Les fortunes sans précédent amassées par une élite dirigeante criminelle et parasitaire doivent être saisies et utilisées pour résoudre la crise sociale dramatique à laquelle la grande majorité de la population doit faire face. Les grandes entreprises et banques doivent être transformées en services publics, sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière.
Il y a une opposition populaire immense et croissante non seulement au gouvernement Trump, mais aussi au système capitaliste. Il existe de nombreux signes d’un militantisme grandissant de la classe ouvrière, et ce n’est qu’une question de temps – et pas beaucoup de temps d’ailleurs – avant que la colère populaire n’explose sur la scène de la vie sociale et politique. La tâche critique est de fournir à ce mouvement émergent un programme politique clair et une perspective. C’est une période dans laquelle la perspective du socialisme révolutionnaire peut et va gagner un public de masse.
C’est la perspective pour laquelle le SEP (Parti de l’égalité socialiste) et l’International Youth and Students for social Equality, (IYSSE – les Jeunes et étudiants internationaux pour l’égalité sociale) se battent. Nous demandons à tous nos lecteurs de tirer les conclusions qui découlent de ces six mois sous le gouvernement Trump. Rejoignez le SEP et l’IYSSE. Prenez la décision de lutter contre la guerre, l’inégalité et la dictature. Prenez la décision de lutter pour le socialisme.
(Article paru en anglais le 20 juillet 2017)