Trump gagne l’élection présidentielle américaine
Par Patrick Martin
9 novembre 2016
CNN a rapporté à 2 h 45 (8 h 45 heure française) que la candidate démocrate Hillary Clinton avait appelé son opposant républicain Donald Trump pour avouer sa défaite.
La victoire de Trump s’accompagne d’une défaite écrasante des Démocrates aux élections pour le Congrès ; les Républicains ont repris le contrôle du Sénat et n’ont vu qu’une petite réduction de leur majorité à la Chambre.
Alors que Clinton appelait Trump, le décompte des voix continuait dans quelques états, mais la victoire de Trump au Collège électoral semblait être établie. Selon les projections des chaînes de télévision, Trump aurait gagné au moins 290 voix au Collège électoral, 20 de plus que le minimum de 270 nécessaire pour devenir président.
Peu après l’annonce que Trump avait gagné la Pennsylvanie, un des états industriels que les médias et les instituts de sondage décrivaient comme étant acquis à Clinton, le dirigeant de la campagne de Clinton, John Podesta, a déclaré que la candidate ne s’exprimerait pas avant la matinée.
Ce résultat est un choc politique, car les sondages et les commentateurs médiatiques avaient presque unanimement prédit une victoire confortable pour Clinton. Les marchés financiers ont rapidement dévissé ; dans les marchés de contrats à terme, le Dow Jones Industrial Average a chuté de 900 points, et les autorités ont suspendu les échanges sur le marché NASDAQ, qui s’est effondré.
Selon les premières prédictions, Trump devancerait Clinton de 1,2 million de voix. Elle pourrait éventuellement reprendre de l’avance sur Trump lors du décompte final de toutes les voix dans les états de la côte Pacifique, qu’elle avait emportés. Mais c’est le Collège électoral qui détermine le résultat de l’élection.
Il y a une poignée d’États, dont le Michigan et le New Hampshire, où il est encore à cette heure impossible de déterminer le résultat de l’élection.
Toutefois, Trump a gagné presque tous les États « champ de bataille » que Clinton et Trump se disputaient sérieusement, dont la Floride, la Géorgie, la Caroline du Nord, l’Ohio, l’Iowa, la Pennsylvanie, le Wisconsin, et l’Arizona. Clinton n’a gagné que la Virginie, le Colorado, et le Nevada.
Trump a emporté tous les états du sud sauf la Virginie, qu’il a perdue de justesse, ainsi que les états moins peuplés des Grandes Plaines et des Montagnes Rocheuses, sauf le Colorado, le Nouveau-Mexique, et le Nevada. Il a aussi gagné dans l’Ohio, l’Indiana, le Missouri, l’Iowa, et le Wisconsin dans le Midwest. Clinton n’a gagné qu’en Illinois et probablement au Minnesota.
Dans le Midwest et en Pennsylvanie, Trump a pu remporter des places fortes démocrates grâce à une alliance entre de larges majorités dans les zones rurales traditionnellement républicaines et des victoires dans de petites villes industrielles qui avaient voté pour Obama en 2008 et 2012. C’étaient des villes telles qu’Eau Claire et La Crosse au Wisconsin ; Bay City, Saginaw, et Battle Creek au Michigan ; et Érié, Scranton, et Wilkes-Barre en Pennsylvanie.
Un facteur important dans la victoire de Trump est le vote écrasant des électeurs blancs sans éducation universitaire contre le Parti démocrate. Si 40 pour cent ont voté pour Barack Obama en 2008, qui ont remporté la majorité de leurs voix en dehors du Sud, seulement 27 pour cent d’entre eux ont voté pour Clinton en 2016.
Ceci reflète à la fois l’impact qu’ont eu le krach financier et les politiques propatronales d’Obama sur les emplois et les niveaux de vie des sections les plus opprimées de la classe ouvrière, ainsi que l’indifférence des Démocrates envers les travailleurs en bloc. La campagne de Clinton a voulu mobiliser l’électorat noir et d’autres minorités raciales grâce à une politique identitaire, sans rien offrir aux travailleurs en tant que classe.
La mobilisation électorale a atteint des niveaux record dans de nombreux états ; dans la seule Floride, 1 million de personnes de plus se sont exprimées qu’en 2012. Il y avait de longues queues devant les bureaux de vote, tant dans les zones rurales qu’urbaines.
Dans la lutte pour contrôler le Sénat américain, où l’on s’attendait à ce que les Républicains perdent leur majorité de 54 à 46, car 24 sièges républicains mais seulement 10 sièges démocrates étaient en jeu, la débâcle des Démocrates a été aussi marquée qu’à l’élection présidentielle. Actuellement, il n’y a qu’une Démocrate, Tammy Duckworth en Illinois, à avoir battu un sortant républicain.
Les chaînes télévisées confirment que les Républicains conserveront au moins 51 sièges au Sénat, garantissant ainsi leur contrôle de la chambre haute. Ceci met l’Administration Trump en mesure de déterminer qui succédera à Antonin Scalia à la Cour suprême, où Scalia dirigeait la fraction d’extrême droite avant sa mort cette année.
Des sénateurs démocrates favoris tels que Russ Feingold et Evan Bayh ont été battus au Wisconsin et en Indiana. Le sénateur républicain Marco Rubio, qui avait un temps disputé la nomination républicaine à Trump, a conservé son siège en Floride.
À la Chambre des Représentants, les Démocrates ont gagné à peine une demi-douzaine de sièges, ce qui n’aura aucun effet significatif vu la majorité de 60 sièges dont disposent les Républicains.