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La réponse de M. Sandkühler de l'Université Humboldt à l’ÉJIES: Une déclaration de faillite intellectuelle

Étudiants et jeunes internationalistes pour l'égalité sociale
26 novembre 2016

La section des Étudiants et jeunes internationalistes pour l’égalité sociale (ÉJIES) de l’Université Humboldt a protesté dans une lettre ouverte du 12 novembre contre les insinuations et attaques du professeur de l’Université Humboldt Thomas Sandkühler qu’il a véhiculées sur le portail Moodle pour le cours «Introduction à la didactique de l’histoire». L’ÉJIES a reçu la réponse ci-dessous:

Mesdames et messieurs,

Je n’ai pas seulement publié la déclaration que vous critiquez sur la page «Introduction à la didactique de l’histoire», mais également sur celles de mes autres cours. Mes étudiants ne sont pas des enfants qui se laissent intimider par de telles lettres.

Je ne suis aucunement incliné à agréer à votre requête de retirer ma déclaration. Que vous la trouviez «honteuse» est votre problème. Votre campagne me répugne; vos actions sont inacceptables, point final.

Dans un État démocratique, quiconque juge qu'il a été calomnié peut avoir recours à la loi. Vous pouvez me poursuivre. Je n’ai rien à retirer ou altérer.

Cordialement,

Th. Sandkühler

En réplique à cette réponse, la section de l’Université Humboldt de l’ÉJIES déclare:

La réponse de M. Sandkühler est une déclaration de faillite intellectuelle et en dit long sur l’état de l’Institut d’histoire à l’Université Humboldt. En tant qu’étudiants à l’institut et représentants élus des étudiants, nous avons protesté contre une déclaration insultante, exposé d’énormes mensonges sur l’ÉJIES, et surtout, avons soulevé de très sérieuses questions politiques et historiques. En l’espace de six pages, nous avons présenté et documenté en détail comment M. Baberowski a minimisé les crimes des nazis et a fait campagne contre les réfugiés.

M. Sandkühler se considère incapable de faire face au contenu ne serait-ce que d’une seule de ces questions, ou de remettre en cause un seul de nos arguments. Il ne considère même pas nécessaire de s’excuser pour ses mensonges évidents. Ceci n’est pas seulement pathétique, mais reflète ses prédilections autoritaires.

La lettre expose un profond dédain pour les droits démocratiques et une université libre. M. Sandkühler pense qu’il a le droit en tant que professeur d’utiliser le portail étudiant officiel de l’université pour répandre des insultes et mensonges contre des étudiants critiques membres de sa propre faculté. Lorsque des étudiants lui demandent de rendre compte de ceci et justifient leur critique en détail, il décrit de telles actions comme étant «inacceptables, point final». Est-il à nouveau «inacceptable» de critiquer des positions de l’extrême droite avancées par des professeurs? Une réponse d’un «point final» aux étudiants est-elle suffisante?

Qu’il s’agisse à présent de la troisième déclaration contre l’ÉJIES à laquelle participe M. Sandkühler est remarquable. Les accusations contre l’ÉJIES n’ont cependant jamais été appuyées de preuves. Si notre critique était réellement calomnieuse, il s’agirait d’une tâche facile pour un professeur d’histoire de démontrer quelles citations nous avons falsifiées, quel contexte nous avons ignoré, ou quels faits nous avons omis. Au lieu de cela, M. Sandkühler, à plusieurs répétitions, a tenté d’abuser de son autorité en tant que professeur pour nous censurer administrativement.

C’est cette attitude servile face à l’autorité qui a rendu possible l’intégration des universités à la machine de la Première Guerre mondiale, et ultimement, au national-socialisme. Sandkühler est un exemple typique de la personnalité autoritaire qui se prosterne face aux puissants et qui frappe d’autant plus les faibles, et qui pave le chemin pour la croissance de l’extrême droite. Le «professeur point final» nous rappelle les caricatures de George Grosz, ou encore le «sujet de l’empereur» de Heinrich Mann, qui ont tenté d’éviter le service militaire, mais seulement afin de se faire des défenseurs plus efficaces de la guerre.

Ces questions ne sont pas uniquement historiques. Elles sont extrêmement contemporaines. Aux États-Unis, un quasi-fasciste est présentement en train de prendre la place du président. Il a entre autres annoncé la déportation de millions d’immigrants ainsi que la construction d’un mur sur la frontière du Mexique.

Trump a également nommé l’extrémiste de droite Stephen Bannon comme premier conseiller. Entre 2012 et 2016, Bannon fut l’éditeur en chef de Breitbart News, le site web d’extrême droite qui a célébré Baberowski pour sa campagne contre les réfugiés [1] et qui a maintenant l’intention de fonder une section en Allemagne. Pour sa part, Baberowski a célébré les mesures d’État policier mises en place par l’ancien maire de New York et partisan de Trump, Rudolph Giuliani, comme étant «incroyables». [2] Giuliani a fait campagne pour Trump et fait à présent partie de son équipe de transition.

Il ne peut plus y avoir de doute; Baberowski préconise un régime similaire en Allemagne. Et malgré cela, pas un seul professeur n’a même osé critiquer Baberowski publiquement. Lorsqu’il a minimisé les crimes nazis, fait campagne contre les réfugiés, ou même lorsqu’il a exigé le renvoi de l’université d’étudiants critiques, les professeurs sont restés silencieux. Au lieu de cela, ils ont augmenté leur appui à Baberowski et condamné toute critique à son égard.

Un tel comportement ne devrait jamais être toléré à nouveau à l’Université Humboldt. La déclaration de principes généraux de l’université rejette explicitement la «soumission à l’autorité» et «l’arrogance de caste». La déclaration déclare que l’université est une institution «qui assume une prise de distance critique face au pouvoir politique et social. Elle s'oppose à toute forme de discrimination, d’intolérance ou d’élitisme culturel.»[3]

Baberowski s'oppose à de tels principes avec son programme de droite, et M. Sandkühler lui a offert son appui avec sa déclaration. Le fait est qu’il n’y a pas eu de protestation au sein du professorat contre les positions de M. Baberowski et le comportement autoritaire de M. Sandkühler ne fait que souligner l’importance du travail de l’ÉJIES. Nous exhortons donc tous les étudiants à venir à nos rencontres et à appuyer nos activités.

Notes:

[1] Raheem Kassam, “Left Historian: ‘Christian Germany... Everything dear to us... will disappear because of mass migration,’” Breitbart News, 07/12/2015, http://www.breitbart.com/london/2015/12/07/left-historian-christian-germany-everything-dear-to-us-will-disappear-because-of-mass-migration/

[2] Joachim Steinhöfel rencontre le professeur Dr Jörg Baberowski, commence à 3:00, https://www.youtube.com/watch?v=0QPFV4QxupE

[3] Les Principes généraux de l'Université Humboldt, adoptés le 13/02/2002, https://www.hu-berlin.de/de/ueberblick/humboldt-universitaet-zu-berlin/leitbild/standardseite /

(Article paru d'abord en anglais le 23 novembre 2016)