Le camouflage des attentats du 11 septembre continue
Par André Damon
4 mai 2016
Le directeur de l'Agence centrale de renseignement (CIA) John Brennan a catégoriquement nié dimanche, dans l'émission-débat « Meet the Press » de NBC, l'implication de l'Arabie saoudite dans les attentats terroristes du 11 septembre 2011 et a exigé qu’on cache aux Américains les documents indiquant sa complicité.
Brennan faisait allusion à 28 pages du Rapport officiel de la commission 11 Septembre sur les attentats, close en 2002. La section sur la participation saoudienne a été gardé secrète pendant 14 ans, en dépit des appels d’une partie de l’établissement politique américain en faveur de leur divulgation.
Les déclarations de Brennan, dont le pouvoir est énorme à la tête de la CIA du gouvernement Obama et qui est personnellement impliqué dans d'innombrables crimes de l'Etat, doivent intimider et menacer quiconque remet en question le camouflage officiel des attentats du 11 septembre. La Maison Blanche s’oppose elle aussi à une législation rendant obligatoire la publication des documents.
Brennan a cherché à présenter la section du rapport sur l'Arabie Saoudite comme « inexacte », déclarant sans preuve que des enquêtes ultérieures avaient constaté qu'il n'y avait « aucune preuve indiquant que le gouvernement saoudien en tant qu'institution, ou des responsables saoudiens individuellement, aient fourni un soutien financier aux attaques du 11 septembre ».
Tout en admettant que les documents « indiquent une implication saoudienne », il a néanmoins affirmé que les rapports n'étaient pas « corroborés, ni vérifiés, et n'étaient fondamentalement qu'une collecte de l’information sortie des fichiers du FBI ».
Il a ajouté: « Je pense que certaines personnes peuvent sauter sur » ces informations pour conclure que l'Arabie saoudite était impliquée, « je pense que ce serait très, très inexact. » En même temps, il a fait valoir que les documents étaient gardés cachés à cause des « méthodes sensibles » et « des actions d'enquête » utilisées pour les collecter.
Ces déclarations contradictoires puent le camouflage et sont réfutées par ce qui est déjà connu publiquement sur l'étendue de la participation saoudienne.
Les preuves de l'implication saoudienne comprennent le fait que 15 des 19 pirates de l'air étaient des ressortissants saoudiens et que plusieurs d'entre eux avaient reçu un financement de responsables saoudiens.
De plus, Zacarias Moussaoui, la seule personne reconnue coupable de participation au complot pour détourner des avions et les lancer sur le World Trade Center et d'autres cibles, a témoigné devant le tribunal qu'il avait travaillé comme messager entre Oussama ben Laden et la famille royale saoudienne dont le prince Salman, aujourd'hui roi d'Arabie Saoudite.
Moussaoui a également affirmé que des responsables saoudiens de haut niveau et des membres de la famille royale saoudienne dont le prince Bandar bin Sultan, longtemps ambassadeur saoudien à Washington, ont directement financé Al-Qaïda.
Le sénateur démocrate Robert Graham, coprésident de l'Enquête conjointe du Congrès sur les attaques terroristes du 11 septembre, a déclaré plus tôt cette année qu'il y a « une pratique omniprésente d'occultation du rôle de l'Arabie Saoudite dans le 11 septembre par tous les organismes du gouvernement fédéral qui ont accès à des informations pouvant éclairer le rôle de l'Arabie Saoudite dans le 11 septembre ».
La question est non seulement celle du rôle de l'Arabie Saoudite mais aussi de celui de secteurs de l'État américain. Les déclarations de Brennan sont clairement dictées par la crainte qu’une révélation des rapports de l'Arabie Saoudite avec les pirates de l'air ferait la lumière sur l’implication des agences américaines de renseignement dans les événements du 11 septembre. Après tout, la CIA a des liens étroits de longue date avec ses homologues saoudiens. Les pirates de l'air du 11 septembre ont pu malgré leur surveillance se déplacer librement à l'intérieur et à l'extérieur du pays et fréquenter des écoles de vol malgré les avertissements répétés d'autres pays et de gens au sein du renseignement américain.
« Nous avons une très forte relation avec l'Arabie Saoudite » y compris « le renseignement », a déclaré Brennan dans son interview, ajoutant: « J'ai des relations très étroites avec mes homologues saoudiens. » En plus d'être le plus gros client du complexe militaro-industriel américain, ayant acheté plus de 100 milliards dollars d'armes aux États-Unis, l'Arabie saoudite a été le centre de chaque alliance clandestine et criminelle des Etats-Unis avec les forces islamistes pendant près de quarante ans.
Avec l'Opération cyclone menée entre 1979 et 1989 par la CIA, les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite ont fourni aide financière et armes à hauteur de 40 milliards de dollars aux « combattants de la liberté » moudjahiddins en guerre contre les forces soviétiques en Afghanistan, une opération où l'allié américain de l'époque, Oussama ben Laden, a joué un rôle clé. La guerre par procuration en Afghanistan a été déterminante dans la création ultérieure d'Al-Qaïda.
Plus récemment, l'Arabie Saoudite a joué un rôle clé, avec la Turquie et le Qatar, dans l’acheminement d’armes et d'argent américains aux groupes fondamentalistes islamiques en Syrie, à partir de 2011, dans le cadre de la guerre civile visant le président syrien Assad.
Tout le discours de la « guerre contre le terrorisme » repose sur l'affirmation que les attentats du 11 septembre ont été orchestrés par un seul homme, Oussama ben Laden, et que la politique du pays, d'abord sous Bush, puis sous Obama, avait été guidée par l'objectif premier d'empêcher une autre attaque.
La vérité sur ce qui s'est passé le 11 septembre ne peut pas être dite parce que cela révèlerait comme un mensonge le récit officiel d'un événement utilisé comme prétexte fourre-tout par la classe dirigeante américaine, tant à l'intérieur qu’à l’extérieur. Sur la base des événements de ce jour et d'attentats postérieurs suivant un modèle similaire, les Etats-Unis et d'autres pays impérialistes ont mené des guerres qui ont tué des millions de personnes tout en érigeant le cadre d'un État policier.
Quinze ans après le début de la guerre contre le terrorisme, le peuple américain ne sait toujours pas la vérité sur ce qui s'est réellement passé le 11 septembre. L'événement tragique qui a coûté directement la vie à près de 3000 personnes reste entouré de secret et de mensonges.
(Article paru en anglais le 3 mai 2016)