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Série de conférences de l’EJIES (Allemagne) sur le retour du militarisme allemand et la falsification de l'histoire


3 janvier 2015

L'EJIES de l'Université Humboldt à Berlin présente des candidats aux élections de janvier au Parlement étudiant de l'université (StuPa). Dans le cadre de sa campagne électorale contre la guerre, l'EJIES tiendra une série de conférences sous le titre « Le retour du militarisme allemand et la falsification de l'histoire ».

2014 marque le centième anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale et 75 ans depuis le début de la Deuxième Guerre mondiale. Au lieu d'utiliser ces anniversaires pour rappeler ses crimes antérieurs et mettre en garde contre le danger d'une nouvelle guerre, la classe dirigeante allemande est encore une fois de plus repris le chemin de la guerre.

Au début de l’année passée, le Président Joachim Gauck avait proclamé qu’un terme était mis à la politique de la ‘retenue militaire’poursuivie par l’Allemagne dans la période d'après-guerre. Le gouvernement allemand a vite commencé à mettre cette politique en pratique en soutenant activement le coup d'Etat d'extrême droite en Ukraine et la guerre impérialiste contre l'État islamique en Irak et au Levant (EI). A l’aube d’une nouvelle année, une troisième guerre mondiale n'est plus une hypothèse théorique, mais bien plutôt un danger réel.

Le retour à une politique fondée sur le militarisme et la guerre s'accompagne non seulement d’une campagne de propagande médiatique massive, mais aussi de la réécriture de l'histoire. Des professeurs de l'Université Humboldt (UH) sont particulièrement actifs, cherchant à minimiser les crimes historiques du Reich allemand et du national-socialisme afin de fournir une base idéologique pour la candidature renouvelée de l'Allemagne à devenir puissance mondiale.

L'EJIES présente des candidats aux élections au parlement de l’UH (StuPa) pour s'opposer à la poussée vers la guerre et empêcher que l’UH ne se transforme en un groupe de réflexion idéologique pour la guerre et la dictature. Cela exige, avant tout, une compréhension claire des questions politiques et historiques.

Les conférences aborderont les sujets suivants :

1) Le débat sur la culpabilité dans la Première Guerre mondiale et la continuité de la politique étrangère allemande

Le 100e anniversaire de la Première Guerre mondiale a suscité une polémique acharnée sur les raisons et les causes de la catastrophe séminale du XXe siècle. Le débat a eu lieu dans le contexte d'une réorientation majeure de la politique étrangère allemande. Les exigences élevées aujourd'hui pour que soit mis un terme à la politique d'après-guerre de retenue militaire avancent main dans la main avec les efforts visant à relativiser la responsabilité de l'Allemagne dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Des universitaires allemands de premier plan ont joué un rôle important dans cette campagne, dirigeant leur venin avant tout contre l'historien Fritz Fischer. Dans son livre de 1961, Les buts de guerre de l'Allemagne impériale 1914-1918, Fischer a écrit que l'élite allemande s’était préparée de façon systématique à la guerre mondiale afin de poursuivre ses intérêts économiques et politiques, et que les objectifs de guerre du troisième Reich, pendant la Seconde Guerre mondiale, suivaient la même tradition.

Le séminaire fournira un aperçu de la controverse et discutera de sa pertinence pour aujourd'hui.

5 janvier 2015, 18:30

Université Humboldt, Pièce 1405

Bâtiment des séminaires (Dorotheenstraße 24)

2) La relativisation des crimes nazis à l’Université Humboldt

Dans un article écrit en 1986, Ernst Nolte avait minimisé le rôle des nationaux-socialistes, faisant valoir que le régime nazi avait été une réaction compréhensible au bolchevisme. Son article a conduit directement à ce qu’on a appelé la ‘querelle des historiens’(Historikerstreit) de la même année. Suite à cela, les vues de Nolte furent largement considérées, par les historiens et les politologues sérieux, comme entièrement discréditées. Une campagne systématique est maintenant en cours dans l'une des universités de premier plan de l'Allemagne (UH) et dans les médias pour réhabiliter les vues de Nolte et relativiser une fois de plus les crimes nazis. Cette évolution est étroitement liée avec le changement en cours dans la politique étrangère allemande. La « fin de la retenue militaire » nécessite une interprétation nouvelle et réactionnaire de l'histoire.

Le séminaire expliquera aussi pourquoi des conceptions depuis longtemps discréditées sont maintenant largement admises, sans la moindre critique, dans les milieux universitaires.

12 janvier 2015, 18:30

Université Humboldt, Pièce 1405

Bâtiment des séminaires (Dorotheenstraße 24)

3) Les universités en tant que centres idéologiques pour le militarisme

L’année 1933 fut le commencement de la Gleichschaltung — c'est-à-dire, la politique, menée par le régime nazi, de répression de l'opposition politique et intellectuelle dans les universités allemandes, qui a reçu le soutien actif de la majorité des professeurs. Les membres juifs et les dissidents de l'Université furent expulsés et l'idéologie grossière des nazis fut élevée au rang de science. Aujourd'hui, des professeurs d'université applaudissent une fois de plus des méthodes de conduite de la guerre qui contreviennent à toutes les conventions et normes internationales. Dans le même temps, il y a un effort concerté pour faire taire toutes les voix dissidentes.

Le séminaire examinera le rôle joué par les universités sous le nazisme et dans l'élaboration de la nouvelle politique de guerre de l'Allemagne.

19 janvier 2015, 18 :30

Lieu à annoncer

(Article original publié le 27 décembre 2014)