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Un responsable de Trump « personne d’intérêt » dans l’enquête du FBI sur les liens Maison Blanche-Russie

Par Barry Grey
22 mai 2017

Vendredi, quelques minutes après l’envol du président Donald Trump dans Air Force One pour l’Arabie saoudite, la première étape d’un voyage de huit jours à l’étranger, de nouvelles allégations publiées par le Washington Post et le New York Times ont alimenté davantage la guerre politique à Washington.

Ce conflit est une lutte entre deux factions de la classe dirigeante et de l’appareil d’État, à la fois profondément réactionnaires, militaristes et anti-ouvrières. Il se concentre sur les différences sur la politique étrangère impérialiste américaine. Les démocrates ont choisi de fonder leur opposition à Trump, qui incarne la criminalité de l’oligarchie financière, en l’accusant d’être une dupe du président russe Vladimir Poutine. Leur offensive, à son tour, est basée sur des accusations totalement infondées que le gouvernement russe aurait piraté et divulgué des courriels démocrates pour faire pencher les élections de 2016 vers Trump.

Les démocrates expriment les perspectives des forces au sein du système de renseignement qui croient qu’on ne peut pas faire confiance à Trump pour continuer et escalader la confrontation que l’Administration Obama avait lancée avec la Russie au Moyen-Orient et en Europe de l’Est. Ils n’ont pratiquement rien à dire sur les attaques en cours de Trump sur les soins de santé, l’éducation et l’environnement, ou sa guerre contre les immigrants.

Dans l’article de vendredi, le Post a signalé que l’enquête du FBI sur une éventuelle collusion entre la campagne Trump et les responsables russes, maintenant dirigée par un conseiller spécial, Robert Mueller, a identifié un haut responsable actuel de l’Administration comme une « personne d’intérêt ». Le rapport est le premier indiquant que l’enquête porte non seulement sur les anciens adjoints de Trump, comme Paul Manafort, l’ancien responsable de la campagne, et l’ancien conseiller de la sécurité nationale Michael Flynn, mais, selon les mots du Post : « atteint les plus hauts niveaux du gouvernement ».

Le journal a cité « les gens qui connaissent bien la question », qui n’identifieront pas encore le responsable de Trump qui est sous un examen minutieux, mais ont déclaré que la personne est quelqu’un de « proche du président ». Les responsables actuels de l’administration Trump qui ont reconnu les contacts avec des responsables russes comprennent le procureur général, Jeff Sessions, le secrétaire d’État Rex Tillerson, et le conseiller de la Maison-Blanche, Jared Kushner, un investisseur immobilier multimillionnaire et beau-fils de Trump.

La seule réponse de l’article de la part de la Maison-Blanche au Post a été une déclaration du porte-parole Sean Spicer pour la forme : « Comme l’a déjà indiqué le président, une enquête approfondie confirmera qu’il n’y a eu aucune collusion entre la campagne et toute entité étrangère. »

Le Post a noté que la Maison Blanche a reconnu une réunion de Kushner avec Sergey Kislyak, l’ambassadeur de Russie aux États-Unis, fin novembre. Il a ajouté que Kushner lui-même a reconnu qu’il avait rencontré le chef d’une banque de développement russe, Vnesheconombank, qui fait l’objet de sanctions américaines depuis juillet 2014.

L’enquête s’accélère, selon les sources du journal, avec un Grand jury à Alexandria, en Virginie, qui publie des assignations à comparaître avec diverses personnes interrogées par des enquêteurs. Le grand jury a délivré des assignations pour les dossiers de Flynn, qui a été obligé de démissionner en tant que conseiller à la sécurité nationale en février dernier par ce qu’il aurait menti au Vice-Président, Mike Pence, sur les discussions qu’il a eues avec l’ambassadeur Kislyak au sujet des sanctions de l’Administration Obama contre la Russie.

Le conseil spécial et le FBI exigent des dossiers sur l’entreprise de Flynn, le « Flynn Intel Group », qui aurait été payée plus de 500 000 dollars par un cabinet détenu par un homme d’affaires turco-américain avec des liens étroits avec le gouvernement turc. Le cabinet a été chargé de faire des recherches sur le clerc turc émigré basé aux États-Unis, Fethullah Gulen, dénoncé à maintes reprises par le président turc Recep Tayyip Erdogan comme un agent de la CIA impliqué dans le coup d’État raté contre son gouvernement l’été dernier. Istanbul a demandé aux États-Unis d’extrader Gulen.

Presque simultanément à l’apparition de l’article du Washington Post, le New York Times a rapporté que dans sa réunion au Bureau ovale avec le secrétaire d’État russe Sergey Lavrov et l’Ambassadeur Kislyak le 11 mai, le lendemain de son licenciement James Comey, le président Trump a dit de Comey que c’est « un vrai fou » et de sa décision de le renvoyer : « J’ai fait face à une grande pression à cause de la Russie. Cela m’a été enlevé. »

Le renvoi soudain de Comey, qui dirigeait l’enquête du FBI sur les allégations de piratage russe du Comité national démocrate et sur les courriels de campagne de Hillary Clinton et la collusion possible avec la campagne Trump, a immédiatement soulevé des accusations d’entrave à la justice, une infraction ouvrant la voie à sa destitution. Trump lui-même semblait justifier l’accusation qu’il a agi afin de bloquer ou d’arrêter l’enquête lorsque, lors d’une entrevue télévisée deux jours après le renvoi de Comey, il a associé la décision à l’enquête sur la Russie.

L’article de vendredi dans le Times semble démontrer que le renvoi de Comey était motivé par le désir d’entraver l’enquête. Selon le journal, la citation de Trump a été incluse dans un document basé sur des notes prises dans le bureau ovale et distribué comme compte rendu officiel de la réunion.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Spicer, n’a pas contredit le rapport. Au lieu de cela, il a déclaré que la « grande politisation » et la politisation de Comey avaient obstrué « notre capacité à s’engager et à négocier avec la Russie ». Il a ensuite dénoncé la fuite d’informations classées.

Les dirigeants du Comité des renseignements du Sénat ont annoncé vendredi soir que Comey avait accepté de témoigner en séance publique à une date à fixer après le Memorial Day (29 mai).

Plus tôt vendredi, le sous-procureur général, Rod Rosenstein, qui a nommé l’ancien directeur du FBI, Mueller, conseil spécial mercredi, a informé toute la Chambre des représentants à huis clos. Cela a suivi une réunion similaire avec le Sénat complet le jour précédent.

Rosenstein a reconnu qu’il avait été informé que Trump avait décidé de licencier Comey la veille d’avoir soumis un mémorandum au président qui critiquait fortement le traitement par Comey de l’enquête sur l’utilisation par Clinton d’un serveur de messagerie privé pendant son mandat de secrétaire d’État. Trump a renvoyé Comey le même jour que le mémoire de Rosenstein, le 9 mai, mais la Maison Blanche a d’abord publié une fausse histoire selon laquelle l’initiative pour le renvoi provenait du procureur général adjoint.

Les sénateurs frustrés et les membres du Congrès, en majorité des démocrates, se sont plaints, cependant, que Rosenstein a refusé de donner d’autres détails sur les licenciements, en utilisant la nomination de Mueller comme une justification universelle pour rester silencieux. Le responsable du ministère de la Justice n’a pas non plus répondu aux questions concernant la capacité de divers comités de la Chambre et du Sénat à enquêter sur la question de la Russie pour obtenir l’accès aux témoins et aux documents maintenant que Mueller a été habilité.

Le président du comité judiciaire du Sénat, Charles Grassley (républicain de l’Iowa), a écrit dans un communiqué : « Je ne serais pas surpris si le nouveau conseiller spécial Mueller empêche Comey de témoigner devant le Comité du renseignement du Sénat même si Comey y est disposé ».

(Article paru d’abord en anglais le 20 mai 2017)