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Bernie Sanders et des bureaucrates syndicaux encouragent le nationalisme économique lors d’un rassemblement à Washington DC

Par Nick Barrickman
21 novembre 2016

Jeudi, le sénateur du Vermont et ex-candidat présidentiel pour le Parti démocrate, Bernie Sanders, a parlé devant une foule de plusieurs centaines de travailleurs, de jeunes et de syndiqués sur la zone nord du Capitole des États-Unis à Washington DC. L'événement, présenté comme un «rassemblement pour la justice sociale et économique et l'égalité», a été organisé par les syndicats et différentes organisations liées à l'AFL-CIO et au Parti démocrate.

Malgré les prétentions des organisateurs selon lesquels le rassemblement visait à «promouvoir un programme populaire afin d'encourager les mobilisations de la base pour la justice sociale et économique et l'égalité au moment où l'administration Trump prend le pouvoir», l'événement n'offrait aucune voie de l'avant pour les travailleurs qui cherchent à lutter contre les attaques envers les droits démocratiques et le niveau de vie préparées par l'administration Trump.

Tout de suite après les élections présidentielles américaines, des dizaines de milliers de jeunes, de professionnels et de travailleurs sont sortis dans la rue pour protester contre l'élection de Trump. Des étudiants du secondaire ont organisé des grèves à travers le pays dans les derniers jours.

Ceux qui se sont adressés à la foule ont fait peu de références directes à Trump, cherchant plutôt à engendrer désespérément des illusions dans le Parti démocrate. Dans les différents discours des bureaucrates syndicaux, l’élection de Trump a été présentée comme quelque chose de potentiellement bénéfique. De nombreux intervenants ont vanté l’opposition, sur une base nationaliste de droite, du président élu au Partenariat transpacifique (PTP), une position qui est partagée par les syndicats.

Dans la description de l’événement sur les médias sociaux, les organisateurs ont déclaré que des «mois de protestations par les organisations progressistes et les syndicats… ont abouti à l’opposition à l’accord commercial par les trois principaux candidats à la présidence.»

Cette perspective a été résumée de la manière la plus grotesque par l’ancien président du syndicat des Travailleurs des communications des États-Unis et représentant de l’organisation «Notre révolution» de Sanders, Larry Cohen. Sautant de façon hystérique, Cohen a déclaré: «Nous devons célébrer en ces temps sombres. C’est une victoire!»

Plusieurs représentants des syndicats ont déclaré que les «progressistes» et le «mouvement ouvrier» doivent «se serrer les coudes» pour aller de l’avant. Ce fut énoncé sans la moindre ironie dans des conditions où la bureaucratie syndicale dans de nombreuses industries a organisé l’isolement et la trahison des grèves faites par des sections de la classe ouvrière à travers les États-Unis.

Sanders a commencé son discours en rappelant à l’auditoire de «ne pas oublier» que Trump avait perdu le vote populaire contre Hillary Clinton. «Trump a gagné pour un certain nombre de raisons», a dit Sanders, faisant référence à différents aspects de la crise sociale et économique en Amérique.

«L'avenir du Parti démocrate doit être rectifié [et] c’est le temps pour une nouvelle direction», a dit Sanders. Il a dit qu’il a appuyé la nomination du démocrate de l’État du Minnesota¸ Keith Ellison, en tant que nouveau président du Comité national du Parti démocrate. Sanders lui-même s’est vu élevé à la direction du caucus démocrate au Sénat américain.

L’idée selon laquelle le Parti démocrate peut être poussé vers la gauche a été démentie par les résultats mêmes de la campagne perdante de Sanders. Après avoir gagné l’appui de millions de personnes par ses appels à la «révolution politique» contre la «classe des milliardaires», Sanders a fait volte-face et a appuyé Clinton, la candidate favorite de Wall Street, de l’armée et des agences de renseignements.

Dans son discours, Sanders n’a rien dit sur ses tentatives de présenter la servante de Wall Street, Clinton, comme la suite de sa «révolution politique contre la classe des milliardaires».

Sanders a cherché à générer des illusions dans la nouvelle administration, déclarant de façon démagogique que «les gens pensaient que Trump lutterait contre l’establishment… Il ne va pas faire ça… mais nous oui.» Sanders a dit que Trump a été «gravement dans l’erreur» sur des questions comme les changements climatiques, avant d’appeler le président élu à porter plus d’attention à la «communauté scientifique» et moins à «l’industrie pétrolière».

La notion qu’il est possible de faire pression sur l’administration Trump pour lui faire adopter des politiques «progressistes» revient à semer des illusions fatales quant au véritable caractère de la présidence de Trump. Un aperçu de ce que Trump se prépare à faire a été montré seulement quelques jours plus tôt, lorsque le shérif du comté de Milwaukee, David Clarke, un fervent partisan de Trump et candidat potentiel à une position de haut rang dans son cabinet, a accusé les manifestants anti-Trump de provoquer des «émeutes» et a prôné l’utilisation de «TOUTE force non létale» contre eux.

Même si l’événement proclamait faire la promotion d’un «programme populaire afin d'encourager les mobilisations de la base», pas un seul des intervenants n’a daigné faire référence aux manifestations de masse anti-Trump qui ont émergé dans des villes partout aux États-Unis. Le refus du Parti démocrate et de l’establishment des syndicats d’appuyer les manifestations va de pair avec leurs efforts pour légitimer la «transition vers le pouvoir» de Trump tout en contenant l’hostilité populaire aux résultats électoraux.

Jessica

Des journalistes du World Socialist Web Site ont parlé avec Jessica, qui participait à l’événement. «J’étais une partisane de Sanders durant les primaires. Je pensais sincèrement que s’il avait gagné [les élections], l’Amérique ne serait pas dans la situation dans laquelle on se trouve maintenant», a-t-elle dit.

Faisant référence aux manifestations anti-Trump qui ont secoué tout le pays, Jessica a dit: «Je pense que les gens doivent manifester. Je pense qu’ils ont le devoir [de manifester].» Lorsqu’on lui a demandé ce qu’elle pensait du fait que le Parti démocrate est en train de minimiser la signification de l’élection de Trump, Jessica a dit: «Trump s’est plaint pendant toutes les élections que le système était truqué, mais en fait, il est truqué en sa faveur.»

(Article paru d'abord en anglais le 18 novembre 2016)