Premier Congrès national du PES (Australie)
Résolution 3 : Non à la campagne guerrière des États-Unis contre la Chine
Par le Parti de l'égalité socialiste (Australie)
6 décembre 2012
Voici la troisième de sept résolutions adoptées à l’unanimité lors du premier congrès national du Parti de l’égalité socialiste (Australie) qui s’est tenu du 6 au 9 avril 2012 à Sydney.
1. Ce Congrès du Parti de l'égalité socialiste condamne les préparatifs de guerre impérialiste menés par les États-Unis contre la Chine dans le but de réaffirmer leur domination sur la région Asie-Pacifique et maintenir leur hégémonie mondiale par des moyens militaires.
2. La crise financière qui a éclaté en 2007-2008 a révélé le déclin historique de la position économique des États-Unis ; ce qui a d’importantes conséquences politiques. Il y a plus de quatre-vingts ans, Léon Trotsky expliquait qu’« en période de crise, l'hégémonie des États-Unis fonctionnera plus complètement, plus ouvertement et plus impitoyablement qu’en période de prospérité » en tentant de surmonter « ses difficultés et ses maladies » au détriment de ses rivaux. L'évaluation de Trotsky a été entièrement confirmée.
3. À partir de la mi-2009, l'administration Obama, en réponse aux critiques que le régime de Bush avait ignoré l'influence grandissante de la Chine, a lancé une offensive visant à saper les relations diplomatiques de la Chine en Asie. Le nouveau « tournant » américain vers l’Asie a consisté jusqu'à présent en : un soutien à la Corée du Sud dans sa confrontation avec l'alliée de la Chine, la Corée du Nord ; un soutien au Japon dans la situation tendue et sans issue avec la Chine sur les îles contestées de Diaoyu et Senkaku ; d’importantes ventes d'armes à Taïwan ; une intervention diplomatique des États-Unis dans des disputes territoriales en mer de Chine du Sud ; un resserrement des relations militaires avec le Vietnam, l'Indonésie et surtout les Philippines ; des efforts déployés pour tenter de sortir le Cambodge et, avec plus de succès, la Birmanie de l'orbite de la Chine ; de nouveaux arrangements pour permettre aux É.-U. d'utiliser les bases militaires australiennes du Nord et de l'Ouest; un renforcement du partenariat stratégique des É.-U. avec l'Inde ; des préparatifs pour la formation d'un bloc stratégique régional des quatre « démocraties », soit les États-Unis, le Japon, l'Inde et l'Australie, contre la Chine.
4. L'ensemble des mouvements diplomatiques et militaires provocateurs de l'administration Obama vise à l'encerclement de la Chine, à l'aide des alliances stratégiques des États-Unis, de partenariats et de bases militaires. Le document stratégique du Pentagone, sorti en janvier, déclare explicitement que l'armée américaine va « se positionner davantage dans la région Asie-Pacifique » et fait porter à la Chine la responsabilité « d'éviter de causer des frictions dans la région ». Un élément central de la planification militaire des É.-U. est de s'assurer le contrôle naval de « goulots d'étranglement » à travers l'Asie du Sud-est qui permettrait un blocus économique américain de la Chine en cas de conflit. La poussée inconsidérée des É.-U. contre la Chine a le caractère d'une frappe préventive contre un rival potentiel et elle menace de déclencher un cataclysme nucléaire qui aurait des conséquences dévastatrices pour les peuples de la Chine et des États-Unis et pour l'avenir de l'humanité elle-même.
5. La politique officielle du régime chinois demeure le programme de « paix et développement » lancé par Deng Xiaoping. Mais des sections de l'armée et de la bureaucratie de Pékin réclament maintenant son abandon au motif que toutes les assurances et les garanties que la Chine peut apporter aux États-Unis sur ses intentions pacifiques ne pourront empêcher le fait que son ascension économique va inévitablement provoquer une réponse militaire de Washington, pour laquelle la Chine doit maintenant se préparer. La position de ces sections a été renforcée par les dommages causés aux intérêts chinois au cours de l'intervention de l'OTAN en Libye et par les menaces d'actions militaires contre la Syrie et l'Iran.
6. Même si ses pouvoirs économiques, financiers et militaires ont connu une expansion rapide au cours des trois dernières décennies, la Chine n'est pas une puissance impérialiste. La croissance de l'économie chinoise provient de son intégration dans les processus de mondialisation de la production comme plate-forme de travail bon marché la plus importante au monde. Elle reste complètement dépendante, pour l'investissement et la technologie, des grandes sociétés transnationales, qui prennent la part du lion des bénéfices. Le capitalisme chinois est constamment entravé par l'ordre économique et stratégique impérialiste établi et dominé par les É.-U. depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ses achats immenses d’obligations du Trésor américain ne sont pas l'expression d'une puissance financière, mais reflètent la nécessité pour l'économie chinoise d'un yuan faible et sa dépendance à l'égard du marché des É.-U. En conséquence, elle est très exposée à une action unilatérale des autorités financières américaines. De même, l'expansion des forces militaires de la Chine n'est pas un signe de force, mais celui d'une immense vulnérabilité. L'impérialisme américain, avec son vaste réseau mondial de bases et d'alliances et son écrasante supériorité militaire, a la capacité de menacer les intérêts chinois dans tous les coins du monde. La Chine est dirigée par un régime capitaliste très instable, dont l'élite dirigeante provient de sections de la bureaucratie stalinienne et de leurs enfants. Ceux, y compris au sein de la pseudo-gauche, qui désignent la Chine comme une puissance impérialiste, le font pour justifier une attaque par l'impérialisme américain ou proclamer leur « neutralité », fournissant ainsi un soutien tacite à l'impérialisme, comme les capitalistes d'État le firent pendant la guerre de Corée.
7. L'opposition de ce Congrès aux préparatifs de guerre de l'impérialisme américain contre la Chine n'implique en aucune façon un soutien pour le régime chinois ou toute section de celui-ci. Le régime actuel est le résultat des trahisons des gains de la révolution de 1949 par la bureaucratie stalinienne-maoïste, qui a effectué la restauration du capitalisme, entamée dans les dernières années du règne de Mao puis continuée et approfondie sous Deng Xiaoping et ses successeurs. La perspective de « l'essor pacifique » et de l’intégration plus étroite de la Chine dans le cadre du capitalisme mondial et l'appel à des préparatifs militaires accrus pour combattre la menace impérialiste ne peuvent que conduire à la catastrophe.
8. Les travailleurs chinois doivent rejeter la promotion par le régime de Pékin du nationalisme chinois – qui ne sert qu'à les isoler de leurs homologues dans le reste de l'Asie et dans le monde entier – et son tournant rapide vers le militarisme. L'expansion militaire de la Chine, qui comprend l’arme nucléaire, n’offre aucune assurance contre la guerre, mais seulement plus d'arguments à l'impérialisme américain pour justifier ses préparatifs de guerre. En outre, l'accumulation d'armes par le régime vise à protéger non pas la vie et le bien-être des centaines de millions de citoyens chinois, mais bien les intérêts économiques et géostratégiques de la nouvelle bourgeoisie du pays, qui est dirigée par quelques centaines de milliardaires. Le régime n'hésitera pas à utiliser cette même armée contre toute opposition interne à son pouvoir, en alliance avec ces mêmes puissances impérialistes qui dépendent de l'exploitation des travailleurs chinois comme main-d'œuvre bon marché. Le fait que le gouvernement chinois a donné la priorité à la sécurité intérieure dans les dépenses budgétaires par rapport au budget militaire, pendant trois années consécutives depuis le déclenchement de la crise financière mondiale, souligne le fait qu'il tient sa « propre » classe ouvrière comme une menace plus grande que la machine militaire américaine. Le seul moyen de contrer la menace d'une agression impérialiste des États-Unis et d'une guerre nucléaire est le renversement du capitalisme et de l'impérialisme par la révolution socialiste. La classe ouvrière ne peut placer aucune foi dans le régime du Parti communiste chinois (PCC) et doit s'appuyer sur ses propres méthodes de lutte de classe révolutionnaire pour s'opposer à la guerre. Les seuls véritables alliés des travailleurs chinois sont leurs frères et sœurs de classe aux États-Unis, en Australie, dans toute la région et dans le monde, qui font face à des catastrophes similaires entre les mains de leurs propres gouvernements.
9. La classe ouvrière chinoise doit faire progresser son propre programme indépendant et la lutte politique contre toutes les factions de l'appareil au pouvoir afin de répondre aux dangers croissants auxquels elle fait face. Pour ce faire, elle doit tirer les leçons stratégiques de l'expérience du mouvement ouvrier international, dont la Révolution chinoise et l'évolution ultérieure de l'État chinois forment une composante essentielle, et se baser sur une stratégie socialiste internationale.
10. La Révolution chinoise de 1949 a confirmé, une fois de plus, la compréhension marxiste de la nature de l'époque impérialiste, qui s'était ouverte avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914 et avec la Révolution russe d'octobre 1917, comme agonie finale du capitalisme, l'époque des guerres et des révolutions. Elle s'est déroulée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre d'une éruption de luttes révolutionnaires de la classe ouvrière et des masses coloniales dans le monde entier. Toutefois, dans un pays après l’autre, les partis communistes staliniens trahissaient ces luttes d'après-guerre. Sous les accords de Yalta, de Potsdam et de Téhéran signés avec Churchill, Roosevelt et Truman, Staline a contribué à stabiliser le régime capitaliste en Europe de l'Ouest, en échange de l'hégémonie sur les fameux États tampons d'Europe de l'Est. En Chine, malgré la trahison de la bureaucratie soviétique, le PCC stalinien a été propulsé vers la prise du pouvoir par les circonstances exceptionnelles qui ont suivi la défaite de l'impérialisme japonais : une grave crise économique et sociale, la faiblesse politique profonde du régime bourgeois du Kuomintang (KMT) et une puissante insurrection populaire, en dépit des terribles coups portés contre la classe ouvrière et la paysannerie à la suite de la trahison de Staline de la deuxième révolution chinoise de 1925–27. Conformément à la politique de Staline, le PCC a initialement subordonné la classe ouvrière et les masses à ses tentatives de former un gouvernement de coalition avec le KMT. C'est seulement en octobre 1947, alors que la guerre froide avait été lancée et que le KMT, avec le soutien des É.-U. se préparait à écraser militairement le PCC, que Mao Zedong finit par appeler à son renversement. Politiquement, le PCC tira de la force de son association avec l'Union soviétique et du fait de la croyance, répandue mais fausse, parmi les ouvriers et les paysans, que le régime de Moscou incarnait l'héritage de la Révolution russe. Militairement, les armées de paysans du PCC ont été consolidées par les armes japonaises et la formation fournies par l'armée soviétique en Mandchourie. Le PCC a infligé une série de défaites dévastatrices aux forces du KMT et, en octobre 1949, a proclamé la création de la République populaire de Chine.
11. La Révolution chinoise de 1949 et les mesures prises à sa suite portèrent un coup terrible à l'impérialisme mondial. Elle renversa la classe dirigeante de la bourgeoisie et des grands propriétaires terriens et mis en œuvre la révolution agraire ; elle unifia le pays, divisé depuis des décennies par l'impérialisme et les seigneurs de la guerre réactionnaires ; elle mit fin à la domination impérialiste directe et nationalisa des secteurs clés de l'industrie, elle établit les fondements essentiels pour la transition vers le socialisme et confirma la théorie trotskyste de la Révolution permanente. Comme Trotsky l'avait démontré, dans les pays de développement capitaliste tardif, y compris les colonies et semi-colonies opprimées par l'impérialisme, les tâches de la révolution démocratique, principalement le renversement de la grande propriété terrienne et l'abolition du joug impérialiste, ne pouvaient être accomplies par la bourgeoisie nationale, mais seulement par la classe ouvrière, menant la masse paysanne derrière elle. Ayant pris le pouvoir entre ses propres mains, cependant, la classe ouvrière serait contrainte de faire des incursions profondes dans la propriété privée des moyens de production et de commencer la lutte pour le socialisme. Mais, même si la Révolution chinoise effectua une vaste transformation sociale et économique, celle-ci, à la différence de la Révolution russe de 1917, n’était pas réalisée par une classe ouvrière politiquement mobilisée et armée de ses propres organes de pouvoir. Au contraire, elle a été déformée dès le départ par le Parti communiste chinois contrôlé par les staliniens-maoïstes, qui ont cherché à réprimer les luttes indépendantes de la classe ouvrière. La bureaucratie stalinienne a été contrainte de procéder à l'expropriation de la bourgeoisie en raison des énormes attentes au sein de la classe ouvrière et de la menace de l'intervention impérialiste.
12. L'État qui a émergé de la révolution était d'un caractère hybride. La propriété privée des moyens de production a été abolie, mais la classe ouvrière a été réprimée par le régime bureaucratique et n'a pas exercé le pouvoir politique. En se basant sur l'analyse par le mouvement trotskyste de l'Union soviétique comme un État ouvrier dégénéré et des transformations menées par l'Union soviétique en Europe de l'Est, où les moyens de production ont été nationalisés dans les années suivant immédiatement la Seconde Guerre mondiale, la Quatrième Internationale a caractérisé la Chine d’« État ouvrier déformé ».
13. Cette définition sociologique incluait une perspective politique et un pronostic. D'une part, elle soulignait le caractère progressiste de la transformation sociale et économique qui avait été effectuée et la nécessité pour la classe ouvrière chinoise et internationale de défendre ces gains contre l'impérialisme et la bourgeoisie chinoise. D'autre part, elle indiquait clairement que le régime établi après 1949 n'était pas historiquement viable. Elle demandait à la classe ouvrière de se battre pour une révolution politique afin de renverser la bureaucratie et d'établir des organes démocratiques du pouvoir des travailleurs et de défendre et promouvoir les gains de la révolution. Si le pouvoir demeurait entre les mains du régime stalinien-maoïste, qui se basait sur la perspective nationaliste réactionnaire du « socialisme dans un seul pays », qui avait d'abord été avancée en opposition à la théorie de la Révolution permanente par les dirigeants staliniens en Union soviétique tandis qu'ils usurpaient le pouvoir politique de la classe ouvrière dans les années 1920, alors la restauration capitaliste suivrait inévitablement.
14. L'analyse de la Quatrième Internationale a été développée en opposition aux deux tendances qui ont attaqué les fondations programmatiques du mouvement. Les pablistes ont fait valoir que l'établissement d'États ouvriers déformés en Europe de l'Est, puis en Chine, n'était pas une aberration mais représentait le mouvement de l'avenir. La transition vers le socialisme, ont-ils déclaré, ne serait plus initiée par la classe ouvrière prenant le pouvoir politique sous la direction de partis de type bolchevique, comme en Russie, mais prendrait place par la création « d'États déformés des travailleurs » par la bureaucratie stalinienne, dans un processus qui s'étendrait sur des siècles. La tendance des capitalistes d'État attaquait les pablistes de la droite. Selon eux, non seulement l'Union soviétique était un capitalisme d'État, mais l'étaient aussi les États d'Europe orientale et la Chine. Sans tenir compte de l'importance historique de la propriété nationalisée et de son lien organique avec les intérêts historiques de la classe ouvrière, les capitalistes d'État maintenaient qu'il n'y avait rien qui méritait d'être défendu contre l'impérialisme. Tant les pablistes que les capitalistes d'État annulaient le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière, attribuaient faussement une validité historique aux régimes staliniens et dans tous les pays cherchaient à subordonner les luttes de la classe ouvrière aux bureaucraties existantes des staliniens, des réformistes et des syndicats.
15. Aucun des problèmes économiques immenses qu'affrontait la Chine après la révolution ne pouvait être résolu sur la base du programme économique nationaliste du régime stalinien et de la répression de la classe ouvrière. Cela a confirmé une autre composante essentielle de la théorie de la Révolution permanente : qu'à l'époque de la domination de l'économie mondiale sur toutes les économies nationales, la transformation socialiste, bien qu’elle commence en sol national, ne pourra être achevée que sur l'arène internationale.
16. L'incapacité du régime à résoudre ces problèmes croissants à l’intérieur des frontières de la Chine a constitué le moteur de la politique zigzagante des années 1950 et 60 et des luttes pour le pouvoir conséquentes dans l'appareil bureaucratique. Une décennie de crises économiques et politiques, à savoir l'échec du Grand Bond en avant de 1957-58 ; la rupture sino-soviétique et le retrait de l'aide soviétique ; les luttes de classe convulsives suscitées par la grande révolution culturelle prolétarienne de Mao et les incidents de frontière de 1969 entre la Chine et l'Union soviétique, a culminé dans le rapprochement de Pékin avec l'impérialisme américain en 1972. Cela a coïncidé avec l'effondrement de la grande vague de prospérité capitaliste d'après-guerre et avec une crise économique globale s'approfondissant, qui a exacerbé les problèmes économiques du régime. Ceux-ci ne pouvaient pas être résolus sur la base de l'autarcie nationale. Une expansion du commerce avec l'Occident a été suivie par les premiers pas vers la restauration capitaliste et, en 1978, Deng Xiaoping a ouvert la Chine au capital étranger. Le renforcement de l'intégration économique de la Chine dans le processus de production mondialisé a seulement exacerbé les tensions sociales et de classe à l'intérieur du pays. En 1989, celles-ci ont éclaté dans des luttes de masse à Pékin et dans d'autres villes, qui ont été violemment réprimées par le régime au cours du massacre de la Place Tiananmen et dans les rafles policières qui ont suivi.
17. Une déclaration par le Comité international de la Quatrième Internationale, le 8 juin 1989, a expliqué que le massacre était le point culminant d'une décennie au cours de laquelle les staliniens chinois avaient travaillé systématiquement pour rétablir le capitalisme. « Le but principal de la terreur déchaînée par le régime de Pékin est d'intimider les masses chinoises et d'écraser toute opposition à sa liquidation délibérée des conquêtes sociales de la Révolution chinoise », affirmait celle-ci. Le carnage de Pékin a ouvert la voie à une accélération marquée du programme de libre marché et à une vague d'investissements étrangers, les sociétés multinationales ayant compris qu'elles pouvaient compter sur le régime d'État policier stalinien pour discipliner la classe ouvrière et garantir la propriété privée et les profits.
18. L'intégration de la Chine dans le marché mondial capitaliste a entrainé une croissance économique rapide. Mais elle n'a fourni aucune nouvelle base ferme au capitalisme chinois ou international. L'économie chinoise dépend complètement des marchés des pays capitalistes avancés, maintenant prisonniers de la pire crise économique depuis la Grande Dépression. De plus, l'expansion économique a créé des contradictions sociales explosives, comme le montre la croissance de la classe ouvrière, qui atteint maintenant 400 millions, tandis que l'inégalité sociale croît sans cesse. Les grèves et les protestations augmentent, comme le montre le doublement des « incidents répertoriés » d'agitation sociale de masse, qui sont passés de 90 000 en 2006 à 180 000 en 2010. La classe ouvrière chinoise se dirige vers une confrontation révolutionnaire avec le régime des « princes héritiers » et des « capitalistes rouges » qui dominent la vie économique et politique.
19. La tâche cruciale est la construction d'une nouvelle direction révolutionnaire dans la classe ouvrière chinoise. Cela ne peut être accompli que par une lutte impitoyable contre la pseudo-gauche petite-bourgeoise qui, en prétendant s'opposer au présent régime capitaliste, rejette le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière et est organiquement hostile à son indépendance politique. Les néo-maoïstes, qui occupent une place importante dans la pseudo-gauche, soutiennent que la restauration capitaliste a seulement commencé par l’accession au pouvoir de Deng Xiaoping. En réalité, ce furent les doctrines nationalistes et petites bourgeoises du maoïsme, et surtout son adhésion à la théorie stalinienne du « socialisme dans un seul pays », qui ont conduit à une impasse économique et ont créé les conditions pour permettre aux partisans de la restauration capitaliste complète, avec Deng à leur tête, de prendre le pouvoir politique. C'était Mao, pas Deng, qui a mobilisé l'armée contre la classe ouvrière quand elle a menacé le régime pendant la période de la grande révolution culturelle prolétarienne. Et c'est Mao qui a entamé le rapprochement avec l'impérialisme américain, le préalable indispensable pour le programme du « libre marché », la restauration capitaliste et la réintégration de la Chine dans le marché mondial capitaliste qui devait suivre.
20. Les bouleversements révolutionnaires à venir en Chine émergeront comme partie intégrante de la nouvelle période de lutte révolutionnaire qui a éclaté au niveau international. La classe ouvrière chinoise doit se tourner vers le programme et les perspectives du CIQI, qui personnifie les leçons essentielles des expériences stratégiques clés de la classe ouvrière internationale au 20e siècle et de la lutte de longue durée du mouvement trotskyste contre le stalinisme, le réformisme et l'opportunisme pabliste. Ce Congrès proclame le rôle central que le Parti de l'égalité socialiste doit jouer dans la fondation et la construction de nouvelles sections du CIQI en Chine et partout dans la région Asie-Pacifique.