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Boere, 88 ans, était accusé d'avoir abattu de sang-froid trois civils néerlandais suspectés de soutenir la résistance à l'occupation nazie en 1944. Les assassinats avaient été exécutés comme faisant partie d'une campagne répressive menée par son unité, connue comme les « SS germaniques aux Pays-Bas. »
Boere a vécu ouvertement en Allemagne depuis sa fuite des Pays-Bas à la fin de la guerre. En 1949, un tribunal hollandais l'avait condamné à mort par contumace. Alors que la sentence a été commuée par la suite en peine de prison à vie, le gouvernement allemand refusait de l'extrader. Au début des années 1980, une commission allemande chargée d'enquêter sur les crimes de guerre nazis laissa tomber l'affaire en concluant que les meurtres étaient « des actes de guerre acceptables, » justifiables par la loi internationale en réaction à des actes violents de résistance contre les occupants allemands.
C'était la position défendue par Boere lui-même qui n'a pas essayé de nier les meurtres. Il a invoqué la soi-disant défense de Nuremberg : Avoir obéi aux ordres. En 2007, il avait dit au magazine allemand Der Spiegel : « Ils nous avaient dit être des partisans, des terroristes. Nous pensions faire ce qu'il fallait. »
La plus grande partie de la couverture médiatique du procès et de la condamnation de Boere a servi à souligner qu'il s'agissait là de l'un des derniers procès de criminels de guerre en Allemagne étant donné que les auteurs encore en vie des atrocités du Troisième Reich commençaient à disparaître rapidement.
Le Daily News de New York a publié un éditorial sur le sujet: « Il ne reste plus beaucoup de crapules nazies pour subir un tel procès, mais il faudra le faire jusqu'au dernier, et rapidement. » Le journal a ajouté que « la culpabilité pour des crimes monstrueux n'est jamais effacée. C'est la tâche de ceux qui croient en la justice de faire payer les malfaiteurs. »
Bien que Boere mérite amplement sa peine, et ni le passage du temps ni son âge avancé ne justifient la clémence, il n'est pas nécessaire de remonter près de sept décennies en arrière pour découvrir de tels crimes, ni de faire porter toute l'attention sur des octogénaires face à la justice.
Ce même journal avait publié le mois dernier un article intitulé : « Un tir au but pour les bons gars, des drones descendent le chef taliban pakistanais. »
En commentant le 14 janvier l'assassinat télécommandé d'Hakimullah Mehsud, un dirigeant des Taliban au Pakistan, l'article déclare que Mehsud était une « une cible particulièrement recherchée parce qu'il avait affirmé être celui qui avait envoyé sur les lieux l'auteur de l'attentat suicide qui avait infiltré en décembre la base opérationnelle de la CIA en Afghanistan en tuant cinq officiers de l'agence et deux entrepreneurs civils. » L'article avait conclu en invitant ses lecteurs à « applaudir la compétence des forces américaines qui dirigent les drones à des milliers de kilomètres de distance. »
Durant la Deuxième Guerre mondiale, ceux qui avaient résisté à l'occupation nazie en assassinant des responsables allemands et des collaborateurs - aux Pays-Bas et dans d'autres pays - étaient connus comme partisans. Leurs exploits étaient célébrés par les médias ainsi que dans un grand nombre de films.
Les occupants allemands avaient qualifié ces mêmes combattants de la résistance de terroristes, justifiant de ce fait leur exécution extrajudiciaire.
Washington a recouru au même mode opératoire dans ses guerres et ses occupations en Irak et en Afghanistan. Tout Afghan ou Irakien résistant à l'occupation américaine de leur pays est qualifié de « terroriste » dont l'assassinat est justifié.
Le même genre de crimes dont Heinrich Boere fut accusé d'avoir commis aux Pays-Bas il y a 65 ans sont quotidiennement perpétrés par l'armée américaine et la CIA. Des unités des forces spéciales fortement armées sont chargées de l'assassinat de tous ceux suspectés d'être impliqués dans la résistance afghane. Elles ont pratiqué les mêmes agissements meurtriers en Irak. Dans bien des cas, les victimes sont des hommes, des femmes et des enfants non armés ».
Lors d'une telle opération, le 27 décembre, les forces spéciales américaines avaient attaqué une maison dans la province de Kunar, jetant huit étudiants afghans, âgés de 11 à 17 ans, hors de leurs lits, les menottant et leur tirant une balle dans la tête. Un agriculteur et un jeune paysan furent également tués lors du raid. Les responsables militaires avaient justifié les assassinats sur fond de suspicion que la maison servait à la fabrication d'engins explosifs.
Lors d'une attaque identique le mois dernier dans la province de Ghazni, un commerçant de 61 ans, sa femme et son fils avaient été abattus par l'armée américaine parce que la famille avait hébergé des combattants talibans la veille. Boere et ses collègues de la SS auraient été des experts dans ce genre d'opérations.
Et puis il y a les attaques aux missiles guidés tirés depuis des drones aériens contre des ennemis présumés de l'occupation américaine de l'autre côté de la frontière au Pakistan.
« Depuis 2009, au total 666 personnes suspectées de terrorisme dont au moins 20 personnes plus âgées ont été tuées par des missiles tirés depuis des aéronefs sans pilote et survolant le Pakistan, » a rapporté le Washington Post du 21 mars. Ici, l'expression « suspectés de terrorisme» est employée - d'une manière non discernable de celle des nazis - pour décrire les combattants résistant à l'occupation étrangère en Afghanistan.
L'article du Post cite des chiffres rassemblés par la New American Foundation, un groupe de réflexion soutenu par le patronat et qui conclut que 32 pour cent, un sur trois, de ceux qui sont tués lors d'attaques de drones sont des victimes civiles sans armes. Les responsables du gouvernement pakistanais ont rapporté que la grande majorité des personnes tuées sont des civils.
En décrétant la sentence en Allemagne, le juge a décrit la fusillade de partisans présumés de la résistance hollandaise à l'occupation nazie, perpétrée par Heinrich Boere, comme étant « un acte de malveillance et de lâcheté pratiquement incomparable - allant au-delà de la décence de tout soldat. »
Que peut-on dire de ceux qui ont tué des hommes, des femmes et des enfants sans défense - et ceux suspectés de résistance à l'occupation américaine - en appuyant sur un bouton assis devant leur écran à une distance de 7.000 miles. L'on ne peut qu'imaginer ce qu'Adolf Hitler aurait pu faire avec une telle technologie.
Le thème principal de l'article du Washington Post est le rôle joué par le directeur de la CIA, Leon Panetta, dans la gestion de ces meurtres et ces assassinats de masse. Il se concentre sur une frappe de drone en particulier qui avait tué en août dernier le dirigeant taliban Baitullah Mehsud. Les officiers de la CIA ont dit à Panetta que Mehsud, dont les mouvements étaient suivis à la trace par un drone équipé d'une caméra, n'était pas seul mais avec sa femme. Il leur a ordonné de déclencher le tir qui les a tué tous les deux.
Ce qui est décrit c'est une politique de meurtre de sang-froid dans lequel le soi-disant « dégât collatéral » -- l'assassinat de civils innocents, n'est pas un accident, mais un acte calculé délibéré.
A une époque antérieure, lorsque la CIA avait récolté son attribut de « Murder Inc. » (Cie des Assassinats), des efforts étaient entrepris à Washington pour garder secret de tels actes sanguinaires. A présent, les responsables américains dont Obama, se vantent ouvertement de « liquider » leurs ennemis en provoquant peu ou pas de controverse dans l'establishment politique et les médias.
Une telle atmosphère politique et morale des plus viles est une manifestation sans équivoque d'une crise profonde de l'impérialisme américain et que l'élite dirigeante américaine cherche à résoudre au moyen de la guerre à l'étranger et d'un assaut général contre la classe ouvrière à l'intérieur du pays.
La réalité est qu'Obama, Panetta et Gates, au même titre que Bush, Cheney, Rumsfeld &Cie avant eux, sont coupables de crimes de guerre. Les atrocités individuelles, les assassinats, les actes de torture et la punition collective sont les sous-produits des guerres d'agression qui sont menées, le crime principal pour lesquels les dirigeants nazis survivants ont été poursuivis à Nuremberg.
(Article original paru le 26 mars 2010)
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