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WSWS : Nouvelles et analyses : Australie

Des réunions publiques en Australie discutent une nouvelle étape de la crise mondiale

Par nos correspondants
16 juin 2010

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Le Parti de l'égalité socialiste (Australie) a organisé des réunions publiques à Sydney, Melbourne et Newcastle à la fin du mois dernier sur « la lutte des classes en Grèce : la deuxième étape de la crise financière globale. » Des étudiants et des travailleurs ont participé aux réunions avec Nick Beams, secrétaire national du PES australien et membre du comité de rédaction international du WSWS.

Beams a expliqué que les troubles financiers des semaines dernières, qui ont débuté par les révélations sur l'étendue de la crise grecque et se sont étendues à l'ensemble du système bancaire européen, ont marqué « un approfondissement et une intensification de la crise financière globale qui a commencé en 2007-2008. »


Nick Beams

Beams a insisté sur l'importance historique des événements de ces dernières semaines. « Ils soulignent l'analyse faite par le WSWS selon laquelle cette crise n'était pas une simple mauvaise passe temporaire qui serait rapidement résolue par une combinaison d'actions des banques centrales et des gouvernements, mais que c'était le point de départ d'un effondrement de l'économie capitaliste mondiale - un effondrement de l'ordre de celui qui a débuté en 1914 avec l'éclatement de la première Guerre Mondiale et allait entraîner trente ans de révolutions, contre-révolutions, fascisme, dépressions et, à nouveau, la guerre.

Il a dit que les troubles du marché mondial allaient « montrer plus encore l'importance des conclusions politiques tirées par le WSWS : que la classe ouvrière internationale entre actuellement dans une période de conflits énormes dans laquelle elle sera confrontée à la lutte pour le pouvoir politique. En d'autres mots, dans la période historique à venir, la question de la révolution sera posée. »

Beams a cité un entretien accordé par le chef de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet au magazine allemand Der Spiegel le 15 mai, dans lequel celui-ci déclarait que depuis septembre 2008, les gouvernements européens avaient « fait face à la situation la plus difficile depuis la deuxième guerre mondiale - peut-être même depuis la première. »

Plus loin dans l'entretien, Trichet déclarait que les gouvernements avaient été forcés d'intervenir parce que « les institutions privées et les marchés étaient sur le point de s'effondrer complètement ». Mais maintenant que la solvabilité de certains gouvernements est en jeu, « On voit la signature de certains gouvernements remise en questions, [.] C'est un problème pour pratiquement tous les pays industrialisés. »

Beams a souligné le fait que Trichet et d'autres responsables, comme le directeur exécutif du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, insistaient sur le fait qu'il faudrait de sévères coupes budgétaires dans tous les pays, pas seulement pour quelques années, mais pour toute la période à venir. Beams a dit que « résoudre la crise des dettes nationales [implique] rien de moins que la réduction drastique de la position sociale de la classe ouvrière par un programme de mesures d'austérité comprenant des coupes sauvages et permanentes dans les dépenses publiques, des réductions des retraites et des aides sociales, des pertes de salaires etc. »

Il fit remarquer que tandis que les mesures de renflouement, prises pour empêcher l'effondrement complet du système financier global, semblaient assez complexes, en substance leur fonctionnement était très simple. « Les gouvernements et les banques centrales se sont impliqués dans la crise pour effacer des comptes des banques privées les centaines de milliards - plus que ça - les milliers de milliards de dollars de créances sans contreparties qu'elles détenaient. Cette réponse d'urgence a révélé la justesse de l'analyse de Marx et Engels dans le Manifeste Communiste selon laquelle les dirigeants des Etats modernes n'étaient « qu'un comité pour l'administration des affaires communes de toute la bourgeoisie. »

Beams a ensuite examiné l'expansion massive du crédit au cours des 30 dernières années, qui excédait de loin la richesse de la valeur ajoutée réellement créée. Il a montré un tableau montrant le lien entre les avoirs financiers globaux et le PIB mondial. En l'espace de seulement un quart de siècle, les avoirs financiers sont passés de 100 pour cent du PIB à plus de 350. « Ou, pour le dire autrement, entre 1980 et 2007, les avoirs financiers ont augmenté quatre fois plus vite que la vraie richesse sur laquelle, en dernière analyse, ces avoirs prétendent s'exercer. »

Beams a indiqué que le renflouement des banques n'avait pas résolu le problème sous-jacent. « Cela signifie simplement que l'Etat capitaliste a une responsabilité directe pour redonner de la valeur à des avoirs financiers qui n'en ont plus du tout. C'est le sens essentiel des programmes d'austérité initiés actuellement par les gouvernements, pas seulement en Grèce, mais partout dans le monde. La classe ouvrière doit maintenant payer le renflouement du système financier. »

Données fournies par le McKinsey Global Institue

Il a averti que, confronté au risque d'une résistance accrue, la classe capitaliste allait nécessairement s'en remettre de plus en plus à des méthodes répressives et dictatoriales. « Il est significatif de ce point de vue qu'il n'y ait eu aucun mot de condamnation des activités de l'armée Thaï dans les rues de Bangkok qui employait des tireurs d'élite pour abattre les manifestants [.] Ce silence est le résultat du fait que toutes les sections de la bourgeoisie comprennent que la Thaïlande n'est pas une aberration, mais simplement un signe avant-coureur du genre de situation à laquelle ils seront tous confrontés dans un futur pas si lointain. »

Beams a passé en revue le contexte historique de la crise globale, y compris l'effondrement de l'équilibre capitaliste établi après la seconde Guerre mondiale et qui s'appuyait sur l'hégémonie économique et militaire des États-Unis. Les conflits qui ont éclaté entre l'Allemagne et la France au sujet du plan de renflouement de la Grèce ont montré la réémergence de contradictions insolubles du capitalisme mondial qui ont déjà entraîné deux guerres mondiales.

Passant à la situation en Australie, Beams a fait remarquer la rapidité avec laquelle les troubles financiers ont rendu caduques les affirmations du gouvernement Rudd selon lesquelles l'économie locale avait « défié la gravité économique globale ». Il a expliqué que la source de l'extrême hostilité affichée par les principales compagnies minières envers le Ressources Super Proffit Tax [une nouvelle taxe sur les profits "au-delà de la normale" des entreprises exploitant des ressources non-renouvelables, ndt] du gouvernement. « Ils savent que le marché pour leurs ressources - et surtout la Chine - peuvent aller du boom à la dégringolade du jour au lendemain, ce qui entraînerait un effondrement des prix des minéraux et une lutte féroce entre les principales compagnies minières. De plus, ils sont bien conscients que les marchés financiers dont ils dépendent pour les énormes prêts nécessaires au financement de leurs opérations minières sont extrêmement volatils. »

Commentant le rôle politique joué par les syndicats et la pseudo-gauche dans le désarmement politique de la classe ouvrière, Beams a dit : « Nous avons vu des manifestations massives contre les mesures d'austérité du gouvernement PASOK en Grèce mais la question ne sera pas résolue par une grève générale chaque mois. De telles actions, sans une perspective pour la conquête du pouvoir politique par la classe ouvrière, ne peut empêcher l'assaut social.

« En Grèce, un mécanisme politique clair opère pour imposer les attaques contre la classe ouvrière. Le PASOK impose des réductions à la demande des banques internationales et du capital financier, et les syndicats publient des protestations. Ces organisations sont intimement liées au PASOK. Pendant ce temps, les organisations de la pseudo-gauche et les ex-radicaux disent aux travailleurs qu'ils ne peuvent pas opérer en dehors du PASOK et des syndicats. »

Beams conclu en tirant les implications politiques plus larges de l'effondrement économique. « Vingt ans plus tôt, la situation avait l'air bien différente, du moins pour les observateurs à courte vue. Dans la foulée de l'effondrement de l'Union soviétique, l'air était rempli des clameurs selon lesquelles le Marxisme, son analyse matérialiste historique des contradictions objectives du capitalisme et la nécessité de la révolution socialiste étaient bons pour la poubelle. Le capitalisme n'était que réussite et avait une mine resplendissante. Mais au lieu d'annoncer une nouvelle période d'expansion et de progrès, il s'est avéré que cette apparente bonne santé était la soudaine bonne mine d'une personne malade de la tuberculose juste avant que la maladie n'entre dans sa phase finale. »

Pour contribuer à la préparation d'une nouvelle période de guerres et de révolutions, il a engagé l'assistance à rejoindre les campagnes pour les conférences d'un jour que le PES avait convoqué pour les 4 et 11 juillet à Sydney et Melbourne sur « la crise économique mondiale, l'échec du capitalisme et la cause du socialisme. »

De nombreuses questions ont suivi ce rapport lors de chaque réunion publique. Elles ont couvert un grand nombre de questions, y compris le rôle de la Russie et de la Chine dans la crise européenne, le maintient des échanges de produits financiers dérivés, la question de savoir si les coupes en Grèce entraîneraient une récession, et celle de la raison pour laquelle les États-Unis soutenaient le plan de sauvetage de l'UE. D'autres ont posés des questions sur l'irrationalité de la financiarisation précipitée et sur la raison pour laquelle aucun expert économique n'avait mis en garde contre cela.

Après la réunion de Sydney, qui s'est tenue dans le quartier ouvrier de Liverpool, Michelle, étudiante en puériculture, a déclaré que Nick Beams lui avait donné une compréhension historique de la crise économique mondiale, et de la manière dont ses effets étaient imposés aux gens ordinaires. « Il y a des problèmes majeurs évidents en Europe actuellement, J'ai un ami en Grèce, qui m'a dit que de nombreuses universités vont bientôt fermer, et certaines formations n'existent plus du tout. »

« Ce qui est le plus surprenant, c'est que les gens en Australie ont été amenés à croire qu'ils n'étaient pas touchés. Mais à moins de lire le World Socialist Web Site, vous ne savez pas que cette analyse existe. J'ai eu des discussions avec deux de mes amis sur le fait que les gens qui sont les plus essentiels pour faire fonctionner la société - enseignants, infirmières, ceux qui prennent soin des enfants et docteurs, - sont si mal payés et perdent leurs emplois. De nouvelles réductions dans ces secteurs seront dramatiques. »

Un étudiant de Singapour a parlé de l'importance de comprendre les « racines historiques » des développements actuels. Interrogé sur ce qu'il trouvait le plus intéressant dans la réunion, il a répondu : « je suppose que c'est l'échelle globale de la crise et comment les "solutions" semblent être quelque chose qui déclenchera une nouvelle crise plus tard. »

À la réunion de Melbourne, qui s'est tenue au campus de Footscray Park à l'Université de Victoria, Majok, étudiant en comptabilité venant du Soudan, a commenté : « Nous avons gagné une bonne compréhension de la crise financière globale, comment elle a commencé en 2007 et nous avons vu le tableau montrant la différence entre les avoirs financiers globaux et la richesse réelle de 1980 à aujourd'hui. »


Majok

« La dette des Etats est réelle. La classe ouvrière doit s'unir pour faire face à la prochaine étape de la crise. Le renflouement de la Grèce est un indicateur que la pression est mise sur la classe ouvrière une fois de plus. Les mesures d'austérité imposées par le gouvernement grec vont réduire les emplois et les services comme l'aide sociale et le système de santé pour éponger la crise. Chaque gouvernement regarde ce qui se passe en Grèce et dans les autres pays européens, et se prépare à son tour à faire face à toutes les manifestations de masses que les travailleurs pourraient entreprendre. »

Kelly, Membre de l'ISSE (International students for social equality), a dit que le rapport de Nick Beams était « très intéressant . Je pense qu'un point très important a été soulevé sur les relations tendues entre la France et l'Allemagne. Il a dit que cela entraînerait des conflits futurs. J'ai été très inquiétée par ça. Je pense qu'il a indiqué très centralement les perturbations des relations entre les pays européens. Ces perturbations vont entraîner d'énormes conflits.


Kelly

« Un autre point important portait sur la manière dont le système financier s'est développé à partir des années 1990. J'ai découvert l'énorme augmentation des avoirs financiers - ils ont augmenté de 350 pour cent - et la manière incontrôlée dont tout cela a émergé. J'ai lu le WSWS sur la situation en Grèce, sur les coupes opérées par le gouvernement. C'est effrayant à quel point cela est mauvais. Il est très important de faire quelque chose contre cela, et pas simplement de protester. »

À la réunion de Newcastle, Joshua, membre de l'ISSE, a dit que le rapport de Beams avait « révélé la période dans laquelle nous sommes entrés - une période d'effondrement du capitalisme et de luttes révolutionnaires. Il a expliqué que les avoirs financiers avaient augmentés énormément, dépassant le PIB et correspondent à des portions de plus en plus petites de la valeur ajoutée, ou richesse réelle, produite par la classe ouvrière. »

« Le graphique montrant ce développement était effrayant. Ça signifie que la deuxième étape de la crise prend la forme d'une tendance de la classe dirigeante à restructurer et abattre les conditions de vie de la classe ouvrière. Cela entraînera l'éclatement de luttes de classes. L'autre leçon est que les vieilles directions, comme les syndicats en Grèce, essayent de contenir la lutte et de préparer sa défaite. La classe ouvrière doit rompre avec ces organisations et se lancer dans la lutte pour un programme socialiste. »

Max, un membre de l'ISSE de l'université de Newcastle a dit : « ma réaction a été un choc et de l'étonnement devant ce qui s'est développé. Le rapport de Nick a mis en évidence l'urgence de la situation où se trouvent des millions de travailleurs. Les gouvernements, ayant renfloués les banques risquent de se retrouver eux-mêmes en banqueroute. Les mesures d'austérité qui sont exigées ne peuvent pas être imposées pacifiquement et cela veut dire que les droits démocratiques et la liberté des peuples seront mis au rancart.

« Il est important de comprendre que cela n'est pas seulement dû aux individus mais viens des processus du système capitaliste lui-même. Comme l'a noté Nick, toutes les vieilles questions qui ont entraîné les guerres mondiales font à nouveau surface en Europe. Les travailleurs doivent lutter contre cela avec leur propre programme indépendant pour se débarrasser du système de profit. »

(Article original paru le 1er juin 2010)

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