Le système de santé américain, inefficace et
coûteux, pose un réel problème à des millions de travailleurs. La crise
économique mondiale avec son lot de licenciements de masse et d'attaques contre
les programmes sociaux ne fait qu'aggraver les problèmes endémiques des
services médicaux. Les femmes et les enfants sont parmi les personnes les plus
touchées par cette crise.
Selon l'American College of Obstetricians
and Gynecologists (ACOG, association des gynécologues et obstétriciens) environ
47 millions de personnes aux Etats-Unis n'ont pas d'assurance maladie. L'ACOG
prévoit que ce chiffre s'élèvera à plus de 54 millions d'ici 2019. « Le
coût de la couverture médicale augmente dix fois plus vite que le salaire
américain médian, ce qui rend quasiment impossible à bien des familles de
souscrire à une assurance maladie et de survivre, » a dit dans un
communiqué de presse Douglas H Kirkpatrick, le président d'ACOG.
Dans le contexte de la pire récession depuis
la grande dépression de 1929, il est probable que la perte de l'assurance
maladie pour les individus isolés et les familles se fera à un rythme beaucoup
plus rapide. Non seulement on assiste à la suppression de millions d'emplois
fournissant une assurance maladie, mais de nombreux travailleurs en activité
sont confrontés à des cotisations plus élevées ou à la perte de l'assurance
maladie du fait que leur employeur cherche à réduire les coûts.
Les rangs qui ne cessent de grossir des
personnes ne disposant pas de l'assurance maladie, soit un cinquième de la
population, sont moins en mesure d'avoir recours aux soins préventifs étant
donné leurs coûts prohibitifs. Ces dépenses, pour soins dentaires, examens de
routine, rendez-vous chez le médecin et dépistages de problèmes médicaux
potentiels, sont évitées au profit du règlement de factures, paiement
d'hypothèques ou de dettes. De ce fait, le diagnostic pour ces personnes non
assurées sera beaucoup plus tardif et à un stade plus avancé de la maladie et
l'intervention médicale après diagnostic sera moins adéquate. Même lorsqu'il y
a traitement, les coûts énormes engendrés peuvent plonger la personne non
couverte dans des dettes durant des années.
Les
femmes sans assurance maladie aux Etats-Unis
Parmi les personnes ne jouissant pas d'une
assurance maladie aux Etats-Unis en 2006, le rapport de l'ACOG signale que 45
pour cent étaient des femmes. Du fait qu'une proportion élevée de femmes a
tendance à dépendre de la couverture médicale de leur mari, ce sont elles les
perdantes lorsque les entreprises n'assurent plus la couverture familiale ou
augmentent les cotisations. Elles perdent aussi leur couverture médicale en cas
de divorce ou de décès de leur mari. Les femmes entre 55 et 65 ans sont 20 fois
plus que les hommes susceptibles de ne pas être assurées selon l'ACOG.
Treize pour cent des femmes enceintes n'ont
pas d'assurance maladie selon le rapport de l'ACOG. Cela peut avoir des effets
immédiats comme à long terme sur la mère et l'enfant. La mère ne cherchera
peut-être pas à avoir un suivi prénatal, ce qui peut représenter un risque pour
elle-même ou le foetus en cas de carence en vitamines, minéraux et autres
nutriments. Cela peut sérieusement mettre en danger voire causer la mort du
foetus ou de la mère si une complication n'était pas détectée à temps.
Avec l'augmentation du nombre de femmes
enceintes non couvertes par l'assurance maladie, le risque de mortalité
infantile augmente aussi. Selon un communiqué de presse de Centers for Disease
Control (CDC, centres de contrôle des maladies) d'octobre 2008, le taux de
mortalité infantile était de 6,22 (mort de foetus à 20 semaines de gestation ou
plus pour 1 000 naissances normales et morts de foetus.) Le « Factbook »
de la CIA estime à 6,26 ce taux pour 2009, ce qui le place au 28e rang mondial
des pays industrialisés, derrière Cuba et juste avant la Croatie et la
Slovaquie.
Une autre facette de cet énorme problème est
l'important écart existant entre femmes blanches et noires en matière de
mortalité infantile. En 2005, le taux de mortalité infantile aux USA concernant
les femmes blanches non hispaniques était de 4,79, ce qui est quasiment le même
que celui des femmes asiatiques ou des îles du Pacifique où le taux de
mortalité infantile s'élève à 4,78.
C'est un taux nettement moins important que
celui des femmes noires non hispaniques dont le taux de mortalité infantile est
de 11,13 soit un chiffre choquant. Les Indiennes d'Amérique et les femmes
natives de l'Alaska ont un taux similaire à celui des femmes blanches non
hispaniques, avec 6,18 et les femmes hispaniques à 5,46. Le centre national des
statistiques de santé du CDC explique qu'un risque plus important
d'accouchements avant terme chez les Afro-américaines explique en grande partie
ce taux élevé de mortalité infantile parmi ces femmes.
L'augmentation
du prix des contraceptifs
De nombreuses jeunes femmes étudiantes,
couvertes ou non par l'assurance maladie, comptent sur les dispensaires de leur
université pour leur fournir la pilule à un prix modique ainsi que les examens
médicaux annuels. Ces programmes ont été confrontés à des coupes budgétaires du
fait de la crise économique. Simultanément, les compagnies pharmaceutiques sont
en train d'augmenter les prix pour ces centres dans les universités.
Auparavant, les dispensaires universitaires pouvaient recevoir des médicaments
à prix réduit, mais la Loi relative à la réduction du déficit qui a pris effet
en janvier n'a pas renouvelé cette prestation.
Selon le magazine Time, de nombreuses
étudiantes doivent payer entre 30 et 50 dollars par mois pour la pilule, au
lieu de 3 à 10 dollars auparavant. Cela incite les jeunes femmes soit à cesser
de prendre la pilule soit à se priver d'autre chose dans leur budget pour
pouvoir la prendre. Les femmes qui n'ont pas d'assurance maladie sont aussi
beaucoup moins à même de subir des examens médicaux annuels ou des tests de
prévention, dont les coûts sont souvent hors de portée des étudiantes. Sans ces
tests, les femmes courent un plus grand risque de ne pas être dépistées ou de
l'être trop tard pour des problèmes graves tels les kystes ovariens, les
maladies sexuellement transmissibles, le cancer de l'utérus, les maladies
inflammatoires pelviennes ou l'infertilité.
Augmentation
du taux d'avortement
Les cliniques du planning familial
d'Illinois font état d'un nombre record de procédures d'avortement pour janvier
de cette année. Leur président Steve Trombley a déclaré que bon nombre de ces
avortements sont motivés par la crise économique, bien que l'organisation n'ait
pas publié de données sur la question. Dans les cliniques du planning familial
de la région de St Louis, il y a eu une augmentation de près de 7 pour cent des
avortements dans la seconde moitié de 2008 par rapport à l'année précédente.
Certaines femmes retardent les avortements
durant le premier trimestre de grossesse car elles ont besoin de davantage de
temps pour réunir l'argent nécessaire. Selon le San Francisco Chronicle,
retarder au deuxième trimestre un avortement augmente le prix, du simple au
double, et augmente aussi les risques encourus par les femmes.