Le Parti de l’égalité sociale d’Allemagne
(Partei für Soziale Gleichheit, PSG) a été le seul parti à participer aux
élections européennes dans le but d’expliquer l’étendue véritable de la crise
capitaliste et de proposer une transformation socialiste de la société.
Dans le manifeste électoral du PSG on peut
lire : « Tout comme dans la seconde moitié du siècle dernier, la
crise place l’humanité devant un choix irrévocable : socialisme ou
barbarie. Pas le moindre problème social ou politique ne peut être résolu sans
briser la domination du capital financier. La crise ne peut être surmontée en
rafistolant le capitalisme ; surmonter cette crise requiert une
transformation sociale et la construction d’une société socialiste. »
Des dizaines de milliers de manifestes
électoraux du PSG ont été distribués dans les villes partout en Allemagne.
D’innombrables discussions ont eu lieu avec des travailleurs et des étudiants
dans les universités, devant les agences pour l’emploi et lors de réunions
électorales publiques organisées par le PSG à Berlin, Bochum, Leipzig,
Francfort, Hambourg et, pour la première fois, à Munich.
J’aimerais avant tout remercier chaleureusement
au nom du Parti de l’égalité sociale tous ceux qui ont soutenu notre campagne
électorale d’une manière ou d’une autre et qui ont voté pour le PSG lors de
cette élection.
Le PSG a obtenu 9673 voix. Alors que ce
total est nettement inférieur à celui recueilli lors des élections européennes
d'il y a cinq ans, ce serait une erreur d’évaluer la signification de ces
élections sous l’angle obtus des voix recueillies.
Le PSG avait participé aux dernières
élections européennes de 2004 en obtenant 25800 voix à une époque où il
existait un fort mouvement de protestation contre les lois Hartz IV et contre
la politique antisociale menée par le gouvernement de Gerhard Schröder. Des
rassemblements et des manifestations avaient lieu à l’époque dans de nombreuses
villes contre le gouvernement de coalition SPD-Verts. Aujourd’hui, cinq ans
plus tard, tous les espoirs de pouvoir défendre ses intérêts dans le cadre du
système parlementaire se sont évanouis pour la population laborieuse.
De plus, il est clair que le rôle véritable
et l’identité du parlement européen ont été compris par de vastes couches de
l’électorat, à savoir qu’il n’est rien moins qu’une couverture
pseudo-démocratique pour les institutions de l’Union européenne basées à
Bruxelles et opérant dans l’intérêt des grandes puissances européennes et des
grands groupements économiques. Dans certains Länder, tels le Brandebourg,
moins de 30 pour cent des électeurs sont allés voter, signalant ainsi leur
opposition à l’Union européenne.
De vastes sections de la population ont le
sentiment de ne pas être représentées par les partis établis, ce qui a conduit
à une situation où de nouveaux groupements politiques ont émergé et qui se
concentrent sur des questions individuelles. Sur les 31 partis et groupements
politiques qui ont participé aux élections européennes en Allemagne, une
douzaine présentaient pour la première fois des candidats, y compris deux
partis de retraités, un parti représentant les familles et quelques groupes
religieux.
La plupart de ces groupements étaient
d’orientation droitière, mais pas tous. L’un d’entre eux qui est plutôt
d’orientation gauchiste est le soi-disant Parti pirate qui défend les droits
démocratiques sur l’internet et s’oppose à la censure et aux interdictions.
Lors de sa première participation électorale, ce parti avait remporté d’emblée
0,9 pour cent des voix en Allemagne. En Suède, son pays d’origine, il avait
obtenu 7 pour cent à sa première tentative d’entrée au parlement.
Il faut également faire remarquer que la
campagne électorale du PSG a été systématiquement soumise à un boycott de la
part des médias. Pas un quotidien ou chaîne de télévision n'a rendu compte de
la campagne du PSG. Les interviews avec les candidats du PSG ont été réduites
au strict minimum. Alors que des groupes politiques les plus obscurs
jouissaient d’un temps d’antenne et que Sahra Wagenknecht, la porte-parole de
la Plate-forme communiste du parti La Gauche, a été présente à de nombreuses
émissions, la campagne du PSG a été complètement ignorée des médias. Même la
diffusion de spots télévisés ou radiophoniques du PSG prévus par la loi ont été
le plus souvent transmis à des heures d’écoute défavorables.
Il est clair que le programme du PSG est
d’une actualité tellement brûlante qu’il se doit d’être dissimulé du public à
tout prix.
Partout où le PSG a été en mesure de trouver
un auditoire, il a trouvé accord et soutien. Des dizaines de nouveaux membres
ont été recrutés et la base a été jetée pour l’établissement de nouvelles
fédérations locales dans trois importantes villes. Davantage de réactions
positives ont été enregistrées au siège du parti et davantage de contacts ont
été établis que lors des campagnes électorales précédentes.
Ce qui est bien plus important que le score
relativement faible affiché par le parti est le fait que ces expériences
positives s’ajoutent au fait que les résultats électoraux confirment l’analyse
politique du PSG.
Le déclin de la social-démocratie n’est pas
un événement passager, mais un tournant historique. Jusque-là, la classe
dirigeante a pu s’appuyer sur les partis sociaux-démocrates et les syndicats
pour étouffer les luttes sociales. Le déclin continu de cette bureaucratie
social-réformiste constitue une nouvelle étape de futurs conflits sociaux et de
luttes de classe ouvertes.
Il est très significatif qu’à peine quelques
heures après la fermeture des bureaux de vote, le gouvernement allemand a pris
la décision de pousser à la faillite Arcandor, l’une des plus importantes
chaînes allemandes de grands magasins en menaçant de supprimer 56 000 emplois.
De plus, rien n’a été décidé en ce qui concerne Opel. Il existe bien des
indices selon lesquels le ministre fédéral de l’Economie, zu Guttenberg (CDU),
de concert avec des responsables des fédérations économiques est déterminé à
pousser l’entreprise automobile au processus d’insolvabilité.
Face à la dramatique perte de voix du SPD et
du départ d’une couche de l’aile économique du CDU au Parti libéral démocrate
(FDP), de telles forces néolibérales se sentent renforcées et se préparent à
passer à l’offensive.
Le programme socialiste international mis en
avant par le PSG lors de la campagne électorale gagnera assurément une grande
signification dans les conflits sociaux à venir. Ceci a d’ores et déjà été
évident durant la campagne électorale et a été démontré par le sérieux avec
lequel le programme électoral a été étudié et débattu.
Sur cette base nous lançons un appel urgent
à tous nos sympathisants et aux quelque 10 000 personnes qui ont voté pour
nous. Il est nécessaire de devenir politiquement actif ! Il y a de
multiples possibilités pour construire le PSG. Les élections législatives
allemandes vont avoir lieu dans quelques mois et l’inscription du PSG est chose
faite. Notre travail politique ne se limite cependant pas à la campagne électorale.
Nous sommes résolus à nous opposer de toutes nos forces aux attaques sociales
auxquelles les travailleurs sont confrontés sous forme de licenciements de
masse, de réductions de salaire et de coupes des prestations sociales.
Notre lutte contre la politique droitière du
SPD et de La Gauche et les tactiques de la politique de la division des
syndicats est directement liée à la construction de comités d’action pour la
défense active des emplois et des salaires et pour permettre aux travailleurs
de jouer un rôle politique indépendant dans cette crise.
A cette fin, nous avons besoin du soutien
actif et de la coopération de tous ceux qui nous ont exprimé leur confiance en
votant pour nous dimanche dernier.