Le World Socialist Web Site a interviewé jeudi à Paris des
manifestants syndiqués à la CGT lors de la manifestation européenne des
cheminots contre la privatisation.
David de Gap
David, 35 ans, venu de Gap, ville du sud-est de la France, est cheminot
depuis l’âge de 17 ans. Il a dit être motivé par son opposition à la
situation de précarité grandissante à laquelle sont confrontés les cheminots.
« On veut soutenir nos collègues du secteur privé, contre les inégalités »,
a-t-il dit. « Nous devons être conscients de la dimension européenne. Avec
l’augmentation des entreprises privées dans notre secteur, nous risquons
de perdre nos statuts. La SNCF investit dans le secteur privé où les travailleurs
n’ont pas les mêmes conditions que nous. »
David a affirmé, « Au niveau européen, tous les cheminots doivent agir
ensemble. » Quand on lui a demandé s’il pensait que la lutte devrait
être étendue à tous les travailleurs il a dit, « C’est un peu ce que
la CGT veut. Mais c’est très difficile. »
Quand on l’a questionné sur le rôle de la CGT dans la lutte pour la
défense des régimes spéciaux, David a répondu sur un ton défensif,
« Thibault [le dirigeant de la CGT] a fait de son mieux avec les forces qu’il
avait. Peut-être qu’il n’avait pas assez de soutien. »
Claude Couturier
Claude Couturier, 27 ans, lui aussi cheminot depuis l’âge de 17 ans, a
dit que son travail de mécanicien d’entretien des locomotives devient de
plus en plus dur. Il a dit que l’ouverture au marché rendait essentielle
une lutte pour défendre les conditions de travail « pour avoir le meilleur
service ferroviaire et les meilleurs emplois possibles. »
Il a dit, « Je pense que, depuis les derniers décrets européens sur les
chemins de fer, une lutte internationale est nécessaire... Une lutte nationale
est inadéquate. Le but c’est la lutte de toute la classe ouvrière contre
le capitalisme… Mais c’est sûr qu’il y a du travail. La
revendication la plus importante doit être l’appropriation, par la
société des moyens de production.
« Malheureusement, il n’y a aucun parti en France ou en Europe
qui ait ce but, mais j’espère quand je regarde la situation actuelle que
ce parti va émerger. Il faut le construire. La tâche principale de la classe
ouvrière est de se débarrasser des gouvernements pro-capitalistes en Europe. Le
problème c’est d’avoir une organisation pour construire une
alternative. »
Claude a ajouté, « Nous avons eu beaucoup de discussions à la CGT sur
le rôle du syndicat en 2007 dans la lutte sur les retraites. Le reste de la
classe ouvrière ne nous a pas suivis, bien que nous luttions pour de meilleures
retraites pour toute la classe ouvrière. »
Il a dit qu’il ne savait pas que la CGT avait participé à la Position
commune et à la loi de déréglementation de la durée du travail et de
démantèlement de la semaine de 35 heures.
David d'Aquitaine
David, 31 ans travaille à la SNCF depuis huit ans et est actuellement chef
d’équipe responsable des machines et des locomotives en Aquitaine, dans
le sud-ouest. Il a dit que la grève de 2007 était sa première grève depuis
qu’il avait quitté le lycée.
« Ça n’a pas été pour nous », a-t-il dit. « Nous
devons continuer la lutte, dire non à la privatisation et nous unir dans toute
l’Europe. L’Europe a besoin d’un réseau ferroviaire uni qui
soit un service public accessible à tous et qui atteigne toutes les
communautés. Ce ne devrait pas être un "gâteau" à se partager pour
les entreprises privées. »
(Article original anglais paru le 18 novembre 2008)