Cette déclaration sera distribuée par les
sympathisants du WSWS lors des manifestations organisées dans toute la France
le 17 juin contre la politique de réduction des droits à la retraite et de
déréglementation de la durée du temps de travail, en train d’être mise en place
par le gouvernement de Nicolas Sarkozy. Nous encourageons nos lecteurs à
distribuer cette déclaration sous forme de tract pdf.
La journée d’action et de manifestation à
l’appel de la CGT et de la CFDT le 17 juin porte sur des questions
fondamentales concernant la vie des travailleurs : les retraites et la
durée légale du temps de travail. Ces confédérations syndicales mobilisent les
travailleurs pour chercher à dissimuler la trahison de la classe ouvrière
qu’elles ont perpétrée en signant avec le patronat le document de
« position commune » le 9 avril dernier.
Ce document était conçu comme base de la
législation gouvernementale sur la représentativité syndicaleainsi que
sur la durée du temps de travail. Il propose la possibilité, « à titre
expérimental, » d’une déréglementation des heures de travail, qui libère
les employeurs des contraintes légales régissant les conditions de travail à
échelle nationale et par secteur industriel.
Ceci a ouvert la voie au projet de loi sur la
représentativité syndicale et la durée du temps de travail, publié le 27 mai,
et contre lequel sont organisées ces protestations.
L’imposture, c’est que la CGT (Confédération
générale du travail, proche du Parti communiste stalinien) et la CFDT
(Confédération française démocratique du travail, proche du Parti socialiste)
mobilisent les travailleurs contre une politique qu’ils ont eux-mêmes initiée
et qu’ils soutiennent.
La mobilisation du 17 juin est la dernière en
date d’une série de grèves et de manifestations appelées par les syndicats en
réponse à la colère massive ressentie contre le programme concerté d’attaque du
président Sarkozy sur les retraites, les emplois et la sécurité d’emploi, les
services sociaux, l’Education, la santé, les allocations chômage et autres
droits démocratiques. Les syndicats ne remettent pas sérieusement en question ce
programme de régression sociale et séparent, les unes des autres, chaque
section de travailleurs et de jeunes ainsi que chaque revendication.
Ce projet de loi donne aux employeurs le droit
de négocier et d’imposer l’abolition de la semaine de 35 heures au niveau de
chaque entreprise locale. Il annonce la destruction implacable des conditions
de travail avec l’abandon du précédent cadre d’accords nationaux et par
branches d’industrie et toutes les garanties encore fournies par le code du
travail. Le « principe de faveur » du code du travail français, selon
lequel des accords locaux ne peuvent remettre en question des accords
nationaux, sinon pour les améliorer, a été abandonné par la « Position
commune ».
Le peu de protection qu’offraient le code du
travail et les inspecteurs du travail, est en train d’être détruit. A présent,
les travailleurs seront mis dans une situation où ils rivaliseront les uns avec
les autres dans la même industrie ou usine de production. La concurrence
portera sur la question de savoir quelle main-d'œuvre travaillera plus pour un
moindre salaire, processus qui est systématiquement imposé dans les usines
automobile américaines et de par le monde.
Ces changements sont en droite ligne avec des
propositions pour une directive sur le temps de travail, actuellement débattues
dans les instances gouvernantes de l’Union européenne (UE.) Un document rédigé
à Luxembourg par des représentants des 27 Etats membres de l’UE autoriserait
une durée hebdomadaire de travail de 60 heures et plus.
L’accord sur la durée du temps de travail
entre les employeurs et la CGT et la CFDT a été conclu en échange de conditions
de représentativité syndicale qui leur sont favorables. Un seuil de dix pour
cent des voix lors d’élections pour les instances représentatives confère à ces
deux confédérations des avantages significatifs par rapport à des syndicats
rivaux plus petits et rend quasiment impossible la création de nouvelles
organisations reconnues, représentant les intérêts des travailleurs. Cet accord
garantit aux permanents de la CGT et de la CFDT la part du lion des places de
négociateurs et de participants dans les comités d’entreprise ainsi que des
postes lucratifs dans les instances où siègent employeurs, syndicats et
gouvernement pour réglementer les relations du travail, les retraites, les
allocations chômage entre autres. Il ne faut pas non plus oublier la
« fluidification des relations sociales » sous le manteau, et qui est
généralisée.
L’opposition à cet accord de la part de plus
petits syndicats n’est pas fondée sur des principes, mais ressemble plutôt à
une bagarre de voleurs pour le partage du butin. La préoccupation la plus
grande des dirigeants de ces organisations nanties, jouissant de QG somptueux
et du nombre d’adhérents le plus petit (8 pour cent) d’Europe de l’Ouest, est
la défense de leurs privilèges et de leur style de vie bourgeois.
Partant d’une perspective nationaliste, les
syndicats considèrent qu’il est de leur devoir d’aider à mettre en place le
vaste programme du capitalisme français et européen, programme de réduction des
salaires, des conditions de travail et des droits démocratiques et sociaux de
la classe ouvrière afin d’augmenter sa compétitivité sur le marché mondialisé.
Ce programme est devenu d’une extrême urgence dans le contexte de la flambée du
prix des carburants et des produits alimentaires ainsi que la crise mondiale du
crédit.
Cette dernière trahison n’est qu’un aspect de
toute une stratégie consistant à empêcher une offensive politique unie de la
classe ouvrière, en organisant des protestations éparpillées et des actions
d’une journée sur des revendications séparées. L’objectif est d’user et
d’isoler la résistance combative de la classe ouvrière et des jeunes qui
s’exprime dans les luttes massives, et pour beaucoup tenaces, depuis l’élection
de Sarkozy il y a tout juste un peu plus d’un an.
Depuis le début des années 1990, le WSWS
insiste pour dire que les syndicats ne sont plus, en aucune façon, des
organisations qui défendent la classe ouvrière. Ce sont des organisations
réactionnaires contrôlées par des petits bourgeois qui participent à
l’exploitation de la classe ouvrière et qui agissent comme une force de police
interne pour discipliner les travailleurs et leur imposer les attaques de la
direction. Les trahisons de toutes les luttes, retraites, emplois et salaires,
en 1995, 2003 et 2007 démontrent l’exactitude de cette analyse.
Les mobilisations qu’ils organisent font
partie intégrante de leur tactique de gestion des tensions sociales visant à
faire retomber la pression de manière à ne pas menacer le système, mais afin de
provoquer la démoralisation et un sentiment d’impuissance.
Les liens historiques que les syndicats
entretiennent avec les partis socialiste et communiste sont du même ordre que
leur complicité avec le gouvernement et le gaullisme, une collaboration qui a
atteint un nouveau degré avec la venue au pouvoir de Sarkozy. La CGT et
d’autres directions syndicales sont en contact permanent, hebdomadaire voire
même quotidien, avec le gouvernement de Sarkozy, pour mettre au point la
meilleure façon d’imposer ce programme de régression sociale.
Les organisations d’« extrême-gauche »
telle la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) d’Olivier Besancenot acclament
chaque conflit pour ensuite, quand ils ne couvrent pas la direction syndicale
comme ils l’ont fait lors de la trahison par la CGT et les autres syndicats de
cheminots et du transport en octobre et novembre derniers, en dénoncer la
trahison inévitable. Cela signifie tout simplement d’autres défaites qui se préparent.
La LCR suggère sur son site web que la signature de la « position
commune » n’a rien à voir avec la relation fondamentale que la CGT
entretient avec les employeurs et l’Etat, mais l’explique en disant que le
syndicat a été « dupe. »
La LCR et Lutte ouvrière (LO) jouent un rôle
absolument essentiel pour le compte de la bureaucratie syndicale, cherchant à
encourager l’illusion qu’il est possible de réformer les syndicats et de gagner
les luttes en faisant pression sur les directions syndicales pour qu’elles se
battent. Depuis le début des années 1980, nous assistons à une série
innombrable de grèves trahies année après année. Mais pour de tels groupes il
n’est jamais nécessaire de tirer de conclusion.
Ils insistent tous pour dire que le syndicalisme,
avec sa perspective de réformer le capitalisme, est toujours une perspective
viable pour la classe ouvrière. Pour eux, la nécessité pour les travailleurs de
construire un mouvement politique afin de lutter pour une alternative
socialiste au système capitaliste est, au mieux, de la rhétorique.
Mais c’est précisément ce qui est requis. Les
luttes pour défendre les retraites, les emplois, les conditions de travail et
les salaires font partie d’un combat plus large de la classe ouvrière de par
l’Europe et internationalement, combat qui est en train de se produire dans le
contexte d’une crise sans précédent du système capitaliste mondial.
La CGT et la CFDT ont démontré leur complète
inaptitude du point de vue de la défense des intérêts de la classe ouvrière. Ce
ne sont pas des organisations ouvrières, mais des organisations contrôlées par
une couche de gens des classes moyennes supérieures dont les intérêts sont
hostiles aux membres qu’ils sont supposés représenter.
La prétention de la LCR de construire un parti
anticapitaliste est une imposture totale parce qu’ils couvrent les syndicats et
prétendent que le réformisme est possible dans un contexte où toute la
perspective réformiste du syndicalisme a échoué et qu’il est absolument
impossible de réconcilier les besoins de la classe ouvrière avec les intérêts
du grand patronat.
Les travailleurs doivent rompre d’avec ces
organisations pro-capitalistes et construire de nouveaux organes de lutte.
Avant tout, les travailleurs doivent s’organiser, pas uniquement au niveau de
leur lieu de travail, mais en tant que classe internationale dont l’intérêt
commun est de réorganiser la vie politique et économique pour répondre aux
besoins de la majorité de la société et non de la minorité riche.
Pour que la classe ouvrière s’unisse et lutte
pour ses intérêts communs, elle doit se regrouper dans un mouvement politique
visant à réorganiser de façon fondamentale les priorités de la société. Le
principe conducteur doit être le combat pour l’égalité sociale, l’élimination
de la pauvreté et l’augmentation du niveau de vie des personnes du monde entier
par l’utilisation consciente et rationnelle des ressources productives de
l’humanité.
La classe ouvrière a besoin de son propre
parti politique, fondé sur des perspectives socialistes et internationalistes.
Cela signifie la construction d’une section du Comité international de la
Quatrième Internationale en France (CIQI).
Nous encourageons fortement les travailleurs à
étudier l’histoire et le programme du mouvement trotskyste tels que le
représentent le CIQI et son site Internet, le World Socialist Web Site et à
prendre la décision de contribuer à sa construction comme nouvelle direction
révolutionnaire de la classe ouvrière.