Boris Eltsine, le premier président de la Russie postsoviétique,
est mort le 23 avril à l’âge de 76 ans dans un hôpital de Moscou. Il
entrera dans l’histoire comme un criminel politique d’envergure
internationale.
Eltsine, Mikhaïl Gorbatchev (dernier secrétaire général du
Parti communiste de l’USSR) et ceux qui, avec eux, dirigeaient la
bureaucratie, jouèrent un rôle primordial dans une des plus grandes
catastrophes du 20e siècle : la dissolution de l’Union soviétique en
1991.
Cet événement eut des conséquences désastreuses non seulement
pour les peuples de l’ex-Union soviétique qui souffrent depuis deux décennies
d’une accablante pauvreté, de la privation de leurs droits démocratiques
et du spectacle humiliant d’une clique dirigeante criminelle qui
s’est enrichie prodigieusement, mais aussi pour la classe ouvrière du
monde entier.
L’effacement de l’Union soviétique de la carte politique
a délié les mains prédatrices de l’impérialisme mondial et avant tout
celles des Etats-Unis. Il a entraîné une explosion de militarisme,
d’agression néocoloniale et une lutte acharnée entre les grandes
puissances pour le contrôle des ressources naturelles. La manifestation la plus
criante de ce processus est la guerre et l’occupation de l’Irak et
de l’Afghanistan, pays où on a fait de la vie ordinaire de la population
un enfer quotidien.
L’escalade de la violence géopolitique va de pair avec
une offensive impitoyable contre le niveau de vie et les droits démocratiques
en Europe occidentale, centrale et orientale tout comme en Asie, en Afrique, en
Amérique latine et aux Etats-Unis, le centre de l’impérialisme mondial. Cette
vague de réaction sociale n’a pas sa pareille dans l’histoire. Elle
menace la majorité de la population mondiale de privations de plus en plus
grandes.
La chute de l’Union soviétique ne signifiait en aucun
cas une « fin de l’histoire », comme le prédisaient les idéologues
bourgeois. Selon eux, les Etats-Unis allaient dominer les affaires mondiales
sans rencontrer aucune opposition. La disparition de l’URSS a bien plutôt
entraîné une situation internationale dangereuse et explosive, dominée par des
tensions économiques et politiques semblables à celles qui ont existé à la
veille de la Première Guerre mondiale.
Au début du 20e siècle, les contradictions internes du
capitalisme mondial avaient conduit à une crise dans les relations internationales
et à une suite de convulsions et de soulèvements qui se poursuivirent pendant
des décennies et coûtèrent la vie à des millions de personnes.
La révolution russe de 1917, qui donna naissance à l’Union
soviétique, constituait la réponse politique à l’impasse historique du
capitalisme. Incarnant la perspective du progrès social et les intérêts
internationaux de la classe ouvrière, l’URSS fut fondée sous la direction
du Parti bolchevique, dont les deux chefs les plus importants furent Lénine et Trotsky.
Elle le fut en tant que premier pas d’un renouveau du système mondial tout
entier sur base d’égalité sociale et de planification économique et démocratique.
Cette perspective socialiste et internationaliste fut toutefois
trahie par la bureaucratie stalinienne qui se développa au sein de l’Etat
soviétique du fait de l’arriération économique et de l’isolement
politique du pays. La bureaucratie rejeta le programme de la révolution
internationale et, au milieu des années 1920, adopta la théorie national-réformiste
réactionnaire du « socialisme dans un seul pays ». Elle s’engagea
alors dans une politique de la collaboration avec l’impérialisme mondial
et de la répression de mouvements révolutionnaires dans le monde entier.
Ayant mis la main sur les leviers du pouvoir, la nouvelle aristocratie
bureaucratique qui s’était donné Staline pour chef, déclencha la Grande Terreur
à la fin des années 1930, éliminant physiquement toute une génération
d’intellectuels socialistes et de travailleurs avancés, et écrasant
l’héritage révolutionnaire vivant du pays.
L’Union soviétique ne demeura un Etat ouvrier entre les années
1930 et les années 1980 que dans la mesure où les rapports de propriété
nationalisés créés par la révolution d’Octobre étaient restés les mêmes.
Sous tous les autres aspects, ce fut le régime d’une bureaucratie privilégiée
soumise à la bourgeoisie et profondément hostile à l’esprit, aux idéaux
et aux méthodes du socialisme.
Eltsine était le produit naturel de ce milieu social. Son
conformisme, le caractère borné de ses conceptions, l’absence de toute
velléité de pensée critique, son immense vanité, son aventurisme et son mépris
des gens ordinaires étaient précisément les qualités cultivées par la
bureaucratie stalinienne et requises pour la restauration du capitalisme.
Eltsine est né dans une famille paysanne d’un village de
l’Oural, Butka. Il commença sa vie dans une pauvreté relative, quitta ce
village avec sa famille pour aller à Perm, où son père devint travailleur du bâtiment.
Il travailla lui-même comme ingénieur dans la construction, puis il prit le
chemin de l’appareil du Parti communiste à Sverdlovsk (Ekaterinbourg) où
il devint responsable salarié du parti. En 1976, il était devenu premier secrétaire
de l’organisation du parti à Sverdlovsk, une position qu’il garda
jusqu'à sa cooptation au bureau politique du Parti communiste de l’Union soviétique
(PCUS). Puis il fut nommé par Gorbatchev premier secrétaire du comité local du
PCUS à Moscou
A partir du moment où Eltsine devint, lorsqu’il avait la
trentaine, un dirigeant et un bureaucrate important du parti jusqu'à son élection
à l’Assemblée du peuplede
l’URSS au plus fort de la perestroïka, Eltsine suivit fidèlement la ligne
du parti. En fait, il était encore plus zélé que d’autres, chanta les
louanges de Brejnev et donna l’ordre de détruire la maison où la famille
du tsar avait été fusillée à Sverdlovsk.
L’historien russe Vadim Rogovine a plus d’une fois
décrit cette génération avec justesse dans ses sept volumes sur l’histoire
soviétique intitulés « Y avait-il une alternative ? ».
Eltsine était, parmi ceux qui succédèrent aux éléments recrutés
par Staline en 1937, une couche de la bureaucratie qui se distinguait par une complète
absence de principes. Ceux qui étaient promus par Staline étaient prêts à
« suivre le chef sans poser de questions et à exécuter avec docilité tout
ordre venant de lui, n’accordant aucune pensée particulière au fait de
savoir s’il était justifié, s’il était moral ou s’il
n’était ni l’un ni l’autre. » (Konets Oznachaet
Nachalo. Moscou 2006, p.368)
Ceux qui vinrent à leur suite, la « génération Eltsine de
cyniques complets » fut constituée de gens « qui étaient, sans la
moindre gêne, totalement corrompus et tout à fait indifférents aux idées qui
constituaient le fondement moral du pays » (Conférence « Istoki i
Posledstviia Stalinskogo Bol’shogo Terrora » tenue par Vadim Rogovine
en 1996).
Rogovine refusait de croire en une « soudaine intelligence »
de gens comme Gorbatchev, Eltsine et Yakovlev qui « étaient communistes jusqu'à
l’âge de 60 ans et devinrent subitement des anticommunistes éhontés »
(Conférence par Vadim Rogovin. “Istoki I
Posledstviia Stalinskogo Bol’shogo Terrora”. 1996).
Tous ces gens devinrent des partisans du capitalisme parce
qu’ils étaient de fidèles serviteurs de leur propre couche privilégiée, qu’ils
avaient correctement saisi le changement de disposition et d’humeur qui
s’y était opéré et défendaient ses intérêts matériels sans aucun
scrupule. La préparation de la restauration capitaliste en URSS, qui fut dirigée
par Gorbatchev, n’était pas le produit de sa propre improvisation personnelle.
C’était la ligne de consensus des couches dirigeantes de la bureaucratie soviétique
qui se tourna définitivement, dans les années 1980, vers une alliance avec
l’impérialisme et vers la destruction des fondements socio-économiques de
la société soviétique.
Nonobstant les vives divergences apparues au sein de la
bureaucratie et qui éclatèrent sous forme de confrontations armées en août 1991
et à l’automne de 1993, les questions qui les opposaient étaient de
nature toute tactique. Elles tenaient au choix des mesures qui seraient les
plus efficaces pour réaliser les objectifs de rapine de la bureaucratie soviétique.
Ces qualités, cultivées par la bureaucratie soviétique, aidèrent
Eltsine à remplir son rôle de champion de la réaction sociopolitique, rôle qu’il
remplit depuis le moment où il occupa le poste de président de la Russie en juin
1990 jusqu’à sa démission, en décembre 1999.
Toutes les tentatives des médias de glorifier Eltsine,
d’en faire un « démocrate », de le présenter, tout au long de nécrologies
publiées dans le monde entier, comme celui qui donna la liberté au peuple russe
et aux anciennes républiques de l’USSR, n’ont rien à voir avec la réalité.
Peu importe quelle période critique on choisit dans l’histoire de la
Russie post-soviétique, chacune d’entre elles révèle le caractère
destructif et antidémocratique des actions d’Eltsine et de ceux qui
gravitaient autour de lui, des gens qui étaient tous profondément hostiles aux intérêts
des masses laborieuses soviétiques.
Une des premières décisions prises par le gouvernement Eltsine
fut la proclamation de l’indépendance de l’Etat russe en juin 1990.
Cette décision servit de base au démantèlement de l’Union soviétique. Au début
de 1991, le gouvernement russe cessa pratiquement de verser des impôts au budget
de l’Union soviétique, provoquant des mesures similaires de la part des dirigeants
des autres républiques de l’Union.
Ce cours fut renforcé par le soutien de tendances nationalistes
et séparatistes dans les autres républiques et dans d’autres régions. Le
mot d’ordre d’Eltsine : « prenez autant de souveraineté
que vous en êtes capables » faisait appel aux préjudices les plus bas et
était en contradiction directe avec la volonté de la majorité des citoyens soviétiques
qui voulaient le maintien de l’Union, comme ils l’avaient exprimé
dans le referendum de 1991.
Le putsch d’août et l’ascension d’Eltsine
En août 1991, une partie de la bureaucratie stalinienne,
soutenue par des parties de l’armée et du KGB organisèrent un coup
d’Etat avorté contre le président soviétique, événement qui créa les
conditions de la montée d’Eltsine au pouvoir dans l’ancienne Union soviétique.
Le soi-disant putsch d’août, qui s’effondra soixante-et-une heures à
peine après son début, était la manifestation de la crainte, éprouvée par
certaines parties de la bureaucratie, que Gorbatchev ne perde le contrôle de la
situation ouvrant ainsi la voie au danger d’un mouvement indépendant de
la classe ouvrière soviétique ainsi que de leur inquiétude à propos du partage
du butin issu du processus de la restauration capitaliste alors en cours.
Eltsine, qui venait d’être élu président de la Fédération
russe, se servit de l’événement pour renforcer son propre pouvoir
politique, s’opposant au putsch juché sur un char d’assaut et recueillant
les applaudissements de tout l’Occident. Exploitant un puissant mouvement
antibureaucratique d’en bas, il se prépara à enlever les rênes du pouvoir
à la direction Gorbatchev et fit son propre contre coup d’Etat en
interdisant le Parti communiste. Quatre mois plus tard, l’Union soviétique
était dissoute au cours d’une rencontre entre Eltsine et les présidents
de l’Ukraine et de la Biélorussie où fut signé l’« accord de
Belovezhskii » et créé la Communauté des Etats indépendants (CEI). Les
masses soviétiques avaient espéré une solution à leurs problèmes sociaux, mais l’abolition
de l’Union soviétique préparait le terrain au programme de la « thérapie
de choc » qui signifiait la misère pour des millions de gens.
C’était là la dernière trahison de la bureaucratie soviétique.
Ni la discussion pour dissoudre l’Union soviétique ni le
programme de la restauration capitaliste ne furent débattus ou approuvés démocratiquement,
ni par referendum populaire ni par un vote au parlement russe. Ces décisions, exécutées
derrière le dos de la population et imposée avec le soutien de l’impérialisme
mondial, détruisirent le niveau de vie des masses, conduisirent à
l’effondrement de la base industrielle du pays et engendrèrent une
kyrielle de conflits nationaux qui ruinèrent la vie de dizaines de milliers de
gens dans les territoires de l’ex-Union soviétique.
Deux ans seulement après être monté sur un tank pour défendre
le bâtiment du parlement russe lors du putsch d’août 1991, Eltsine donna,
en octobre 1993, l’ordre de tirer sur ce même bâtiment après que des députés
élus eussent résisté à sa tentative unilatérale de récrire la constitution et
de dissoudre le parlement. Des centaines de personnes furent tuées dans le barrage
d’artillerie des chars. Telles étaient les méthodes « démocratiques »
de Boris Eltsine.
A la suite de ces événements, une nouvelle constitution fut
imposée donnant au président des pouvoirs illimités et transformant le
parlement en une institution à fonction surtout décorative. Eltsine, qui
jusque-là avait gouverné à l’aide de décrets présidentiels, rendait ainsi
son pouvoir légitime.
Au milieu des années 1990 on procéda à des privatisations tous
azimuts au cours desquelles les parties les plus rentables de l’industrie
furent transférées au moyen d’opérations fictives dans les mains des oligarques,
le tout pour une bouchée de pain. Selon une estimation, ce sont
approximativement 200 milliards de dollars de propriété publique qui passèrent,
pour un prix total de 7 milliards de dollars, aux mains du privé.
Cette main mise sur la propriété d’Etat continue
d’être une des principales sources de haine de la part de la population
russe envers ses dirigeants. Le vol à grande échelle des ressources sociales a
été un désastre pour la grande masse de la population.
Les retraités cessèrent de toucher leurs pensions, les
salariés d’être payés et la pauvreté et la faim se développèrent
rapidement. Au cours des années 1990, le P.I.B. de la Russie chuta de 50 pour
cent, plus de 30 pour cent de la population basculèrent dans la pauvreté, le
taux de mortalité augmenta de 50 pour cent et l’espérance de vie des
hommes diminua de six ans.
La création de cette misère pour des millions de gens et ce
vaste transfert de richesse dans les mains de la clique mafieuse qui soutenait
le gouvernement Eltsine ont produit jusqu’à présent en Russie et selon la
dernière liste des personnes les plus riches publiée par le magazine Forbes,
60 milliardaires, sans mentionner quelques dizaines de milliers de
millionnaires.
En décembre 1994, le régime d’Eltsine déclencha la première
guerre de Tchétchénie causant la ruine de cette république du Nord caucasien et
créant une atmosphère d’illégitimité et de gouvernement par la pure
violence.
Dans le même temps, criminalité et corruption étaient
florissantes. Cette corruption reste symbolisée par un scandale qui s’est
produit lors de la campagne de réélection d’Eltsine en 1996. A cette époque,
deux hauts fonctionnaires de l’équipe électorale d’Eltsine furent arrêtés
alors qu’ils sortaient 500 millions de dollars en liquide d’un bâtiment
gouvernemental. Un autre scandale similaire fut l’affaire de la
« Banque de New York » qui éclata trois ans plus tard lorsqu’on
apprit que des milliards de dollars avaient été cachés dans des comptes en
banque occidentaux. Cela faisait partie d’une opération de
blanchiment d‘argent destinée à abriter les revenus d’oligarques
russes et conduite sous la protection de hauts bureaucrates du gouvernement et
avec la participation d’hommes d’affaires occidentaux.
La dernière période du gouvernement Eltsine fut dominée par la
crise financière d’août 1998. L’effondrement du rouble, qui perdit
plus de 70 pour cent de sa valeur en l’espace d’un mois, fut un
autre coup porté au niveau de vie de la population. Cela se produisit au moment
où fut déclenchée la deuxième guerre de Tchétchénie. Dans le même temps, on
promut Vladimir Poutine, un obscur ex-officier du KGB, au rang de successeur d’Eltsine.
Contrairement à l’affirmation des médias, Poutine ne fut
pas « la grande erreur d’Eltsine ». Sa nomination était entièrement
en accord avec la logique de restauration du capitalisme. La nouvelle élite
dirigeante ne voulait pas perdre la richesse qu’elle avait volée. Les
réformes de marché se poursuivant dans le pays, les inégalités se creusaient. Cela
créait le besoin d’un « renforcement de l’Etat »,
c'est-à-dire de l’appareil répressif et d’un abandon plus radical
encore de toute forme, même extérieure, de gouvernement démocratique.
Eltsine soutint totalement l’action de Poutine et
celui-ci accomplit la mission qui lui avait été impartie par le Kremlin. La
Russie de Poutine n’était pas la négation, mais bien plutôt la continuation
logique de la Russie d’Eltsine.
Ce n’est pas un hasard si Eltsine n’émit, lors de
sa démission, aucune critique sérieuse de l’administration Poutine. Rendant
la politesse au premier président russe dans une brève allocution à
l’occasion de sa mort, Poutine décrivit Eltsine comme un homme aux
« intentions nobles » qui avait essayé de tout faire « pour le
bien du pays et des millions de Russes ».
Ces mots sont le comble de l’hypocrisie surtout de la part
d’un homme arrivé au pouvoir par le bain de sang de la guerre de Tchétchénie
et qui devint le dirigeant d’un régime policier bureaucratique et
autocratique accusant toute personne qui critique les autorités ou le
comportement d’un bureaucrate en particulier, d’être un « extrémiste ».
Manifestant un mépris total pour la société et l’opinion
publique, Poutine déclara que, grâce à Eltsine « une nouvelle Russie démocratique
était née, un Etat libre, ouvert sur le monde; un Etat dans lequel le gouvernement
appartient réellement au peuple » et dans lequel « les gens ont le
droit d’exprimer librement leur pensée et de choisir librement le
gouvernement du pays ». Cela, juste une semaine après que sa police anti-émeute
ait matraqué et arrêté des centaines de personnes à Moscou et à Saint-Pétersbourg
pour avoir osé tenir des manifestations pacifiques contre le gouvernement.
L’appréciation de Poutine est d’une certaine
manière politiquement schizophrénique dans la mesure où il a lui-même dit que
l’effondrement de l’Union soviétique avait été « la plus
grande catastrophe géopolitique du 20e siècle ». Dans un autre
discours récent, Poutine déclarait que les années 1990 avaient été caractérisées
par le grand espoir de millions de gens « bien que ni le gouvernement ni
les affaires n’aient réalisé cet espoir ».
Une estimation plus lucide de la disparition d’Eltsine
fut donnée par Vitalii Tret’iakov, ancien rédacteur en chef de Nezavisimaia
Gazeta et actuel directeur de l’hebdomadaire Moskosvskiie Novosti.
Celui-ci écrivit : « Pour la plus grande partie de sa présidence Eltsine
dormit, but, fut malade, se détendit, ne se montra pas devant le peuple et tout
simplement ne fit rien »
« Méprisé par la majorité des citoyens de ce pays »,
poursuivit Tret’iakov, « Eltsine entrera dans l’histoire comme
un premier président de la Russie ayant corrompu [le pays] jusqu’au point
de non retour, non pas par ses vertus et/ou par ses défauts, mais plutôt par sa
médiocrité, sa pensée fruste et par sa soif effrénée de pouvoir qui était celle
d’un voyou » (Moskosvskiie Novosti, 2006, No. 4-6).
Porté aux nues comme un « démocrate » et un « réformiste »
par les gouvernements occidentaux, les médias au service de la grande entreprise
et les milliardaires russes dont il aida à créer les fortunes, Eltsine représentait
en dernière analyse un chancre produit par les trahisons et les crimes commis
par le stalinisme au cours de près de sept décennies.
Le plus grand de ces crimes fut indubitablement la répression systématique
et la destruction d’une véritable conscience marxiste et socialiste. Cela
laissa la classe ouvrière soviétique politiquement non préparée pour réagir à
la catastrophe économique et sociale sans précédent déclenchée par la
restauration du capitalisme et par la montée de la clique
d’ex-bureaucrates et de businessmen mafieux qui constituaient la
véritable base sociale de Boris Eltsine, et pour la défaire.