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Bush choisit un faucon de droite comme ambassadeur à l'ONU

Par Bill Van Auken
9 mars 2005

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La nomination de John Bolton comme ambassadeur américain aux Nations Unies réfute clairement les spéculations des médias que la deuxième administration Bush serait marquée par un tournant vers le multilatéralisme et la réconciliation avec des alliés mécontents de la guerre illégale des États-Unis en Irak.

Bolton, plus que toute autre personnalité dans l'establishment de la politique étrangère à Washington, symbolise le rejet par l'administration de la loi internationale et son recours à l'aggression militaire unilatérale comme instrument favori pour la poursuite des intérêts impérialistes américains.

Le choix de Bolton en tant qu'ambassadeur est indiscutablement une attaque contre les Nations Unies elles-mêmes et un avertissement que l'administration Bush va chercher à détruire cet organisme s'il dernier refuse de se subordonner entièrement aux objectifs stratégiques globaux des États-Unis.

Les vues de Bolton sur les Nations Unies sont bien connues. En 1994, tout en rongeant son frein dans des groupes de réflexion de droite entre les administrations de Bush père et de Bush fils, il a affirmé lors d'un panel tenu par l'Association fédéraliste mondiale que «ça n'existe pas, les Nations Unies». Et il a ajouté: «Si l'immeuble du secrétariat de l'ONU à New-York perdait dix étages, cela ne ferait aucune différence». Durant la même période, il a préconisé l'arrêt du paiement des dettes contractées par les États-Unis envers l'ONU.

Le 1er janvier 2000, plus d'un an avant l'entrée en fonction de George W. Bush, Bolton a écrit un article dans le Weekly Standard de droite, fustigeant le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et mettant de l'avant la politique de militarisme débridé qui allait devenir la caractéristique de l'administration. Il a qualifié de «doctrine Annan» l'affirmation plutôt banale du secrétaire général de l'ONU que le Conseil de sécurité de l'ONU était «l'unique source de légitimité pour l'usage de la force». Bolton a lancé cet avertissement: «Si l'Amérique accepte une telle affirmation sans broncher, l'usage à sa discrétion de la force pour faire valoir son intérêt national s'en trouvera probablement gênée à l'avenir».

Il ne s'agissait pas d'un simple énoncé idéologique. Bolton et d'autres républicains de droite qui allaient former l'administration Bush avaient déjà à l'époque dans leurs cartons des plans bien avancés pour l'utilisation unilatérale de la force américaine en vue d'envahir et d'occuper l'Irak.

À la fin des années 90, Bolton était directeur du Projet pour un nouveau siècle américain, une boîte qui réunissait la plupart de ceux qui allaient diriger la sécurité nationale dans l'administration Bush. Ce groupe a dressé des plans explicites pour la conquête de l'Irak bien avant que les prétextes du 11 septembre et des armes de destruction massive ne soient mis de l'avant par Washington.

Bolton a joué un rôle clé dans la campagne républicaine pour voler l'élection de l'an 2000. Après la décision de la Cour suprême mettant fin au décompte des voix, il a pénétré dans une bibliothèque de Tallahassee en Floride où des fonctionnaires de l'État comptaient les bulletins de Miami-Dade et a déclaré: «Je suis de l'équipe Bush-Cheney et je suis ici pour arrêter le vote».

Après l'investiture de Bush, Bolton a été installé au Département d'État en tant que sous-secrétaire au contrôle des armes. Le titre sonnait plus comme celui du «ministère de la Paix» dans le 1984 de George Orwell. Bolton s'est opposé à quasiment tout traité qui était écrit de façon à limiter la production et la distribution d'armes.

Comme d'autres membres de la droite républicaine, Bolton s'est opposé au Traité anti-missiles ballistiques. Il a également plaidé contre une interdiction de procéder à des tests d'armes chimiques et même nucléaires, déclarant que les partisans de telles interdictions étaient «des individus mal intentionnés qui suivaient une ligne de pensée timide et néo-pacifiste».

En 2001, il a torpillé une conférence de l'ONU convoquée pour faire face au trafic illégal d'armes de petit calibre en affirmant que Washinton rejetterait tout traité limitant le «droit constitutionnel de porter des armes» tel que connu aux États-Unis.

Une réunion ultérieure de l'ONU, convoquée au lendemain des attaques du 11 septembre pour formuler des mesures visant à renforcer un traité limitant les armes biologiques au moyen de procédures obligatoires de vérification, a été similairement sabotée par les efforts de Bolton. Selon un reportage, il s'est vanté d'avoir réussi à tuer l'accord, disant à ses collègues du Département d'État: «L'accord est mort, mort, mort, et je ne veux pas qu'il se lève des morts.»

Son hostilité à de tels traités était cependant basée sur des principes et non une évaluation de leurs mérites particuliers. Il s'opposait essentiellement à toute subordination de la politique américaine à la loi internationale.

En 1999, il a déclaré: «C'est une grave erreur de notre part d'accorder la moindre validité à la loi internationale même s'il peut sembler dans notre intérêt à court terme de le faire, parce qu'à long terme, le but de ceux qui pensent que la loi internationale veut vraiment dire quelque chose revient à vouloir restreindre les États-Unis».

Bolton a pris la responsabilité de «désengager» les États-Unis du traité instaurant la Cour pénale internationale en 2002, ce qui représentait une affirmation directe de l'unilatéralisme américain et un avertissement que Washington prenait la voie d'une politique d'agression qui allait produire de nombreux crimes de guerre. Même si le traité ne tombait pas sous sa juridiction comme sous-secrétaire au contrôle des armes, il a mené les efforts contre et a été autorisé à signer la lettre qui notifiait formellement les Nations Unies du retrait de Washington. Il a dit au Wall Street Journal que ce fut «le moment le plus heureux de ma carrière au service du gouvernement».

Tout en s'opposant à tout traité ou loi qui limitait le militarisme américain et son développement d'armes de destruction massive, Bolton a été parmi les plus aggressifs à lancer de fausses accusations à propos de telles armes pour justifier des attaques américaines contre d'autres pays.

Il est intervenu à maintes reprises dans le programme d'inspections d'armes des Nations Unies pour l'Irak, cherchant à faire remplacer ses dirigeants par des fonctionnaires qui seraient plus obéissants aux diktats américains.

En mai 2002, il a prononcé devant le Heritage Foundation un discours qui prolongeait l'«axe du mal» de Bush pour y inclure Cuba, la Syrie et la Lybie, qualifiés tous d'«États voyous» determinés à développer des armes de destruction massive et à aider des terroristes, les mêmes prétextes mis de l'avant pour justifier la guerre en Irak.

Des responsables de l'armée et des services de renseignements ont répudié ses assertions, particulièrement en ce qui a trait à Cuba et à la Syrie. Colin Powell lui-même, qui a présenté devant le Conseil de sécurité des Nations Unies la fausse thèse concernant les fictives armes de destruction massive de l'Irak, aurait repoussé les assertions de Bolton. Au sein du Département d'État, il était généralement vu comme un agent de la Maison blanche et des idéologues de droite au sein de la direction civile du Pentagone.

La montée de Bolton dans la hiérarchie de la droite républicaine a commencé alors qu'il était un protégé de Jesse Helms, le sénateur raciste et virulent anticommuniste de la Caroline du Nord. C'est Helmes, connu sous le nom de «sénateur Non» pour son opposition à quasiment tout traité international, qui a bloqué, en tant que président du Comité du Sénat pour les affaires extérieures, le paiement par les États-Unis de leurs dettes envers l'ONU.

Après avoir aidé Helms à éviter des scandales et des poursuites légales reliés à une douteuse organisation de levée de fonds, Boltan a été récompensé par une nomitation politique dans l'administration Reagan, où il a d'abord travaillé dans l'Agence américaine pour le développement international puis pour le Département de la justice, alors dirigé par le procureur général Edwin Meese.

Sous Meese, il est devenu l'homme en vue du département durant le scandale Iran-Contras: c'est lui qui faisait traîner les efforts du Congrès pour obtenir des documents et des témoignages reliés aux arrangements illégaux visant à financer l'armée de mercenaires organisée par la CIA pour attaquer le Nicaragua. Durant cette période, il a forgé des liens étroits avec d'autres fonctionnaires de droite impliqués dans l'affaire. Parmi ces derniers se trouvaient Elliot Abrams, qui a dû plaider coupable d'avoir menti au Congrès et est maintenant le numéro deux de Bush au Conseil de sécurité nationale, et John Negroponte, qui dirigeait le gros de l'opération des Contras à partir de l'ambassade américaine du Honduras et est maintenant le nouveau directeur national des renseignements dans l'administration Bush.

Dans sa période passée en dehors du gouvernement, Bolton s'est distingué en tant que défenseur de l'ancien dictateur du Chili, Augusto Pinochet, ainsi que du régime taiwanais. Ce dernier lui a versé quelque $30.000, selon le Washington Post, et il a rendu la pareille en préconisant le renversement de la politique vieille de 30 ans d'«une seule Chine», le rétablissement de la reconnaissance directe de Taiwan par les États-Unis, et l'admission de Taiwan au sein des Nations Unies.

Bien que certains démocrates aient exprimé leur étonnement devant le choix de Bolton, sa nomination va presque certainement être confirmée. Ayant accepté d'installer un défenseur de la torture à la tête du Département de la justice, rien ne laisse croire que le Sénat hésitera à envoyer un féroce opposant de la loi internationale aux Nations Unies.

Bolton est un candidat approprié pour le poste, un personnage qui va fidèlement représenter aux yeux du monde le caractère arrogant, brutal et mercenaire de l'impérialisme américain.



 

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