wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

Québec : le gouvernement libéral dépose un budget qui prépare une vaste attaque contre les travailleurs

par Guy Charron
22 juin 2003

Utilisez cette version pour imprimer

Le 12 juin, le nouveau gouvernement libéral québécois a déposé son premier budget qui jette les fondations pour une restructuration complète de l'État sur le dos des travailleurs, des chômeurs et de la classe moyenne.

Le budget libéral a été louangé dans les médias parce qu'il offrait «une nouvelle philosophie», comme le titrait en une La Gazette le lendemain de la présentation du budget. «Plutôt que de nous demander ce que l'État peut faire pour nous, demandons-nous plutôt ce que nous pouvons faire sans lui» a dit le ministre des Finances Yves Séguin pour indiquer à la grande entreprise et au monde financier que son gouvernement avait bien reçu le message.

Les diminutions de services, les augmentations diverses de frais et l'érosion continuelle du filet de protection social frayent la voie à la baisse des impôts de 15 milliards promise par les libéraux au cours des cinq prochaines années, mesure qui profitera surtout aux plus riches.

Alors que le budget a exempté les entreprises de taxes sur le capital sur les premiers 600.000 dollars et fait en sorte que 70 pour cent des entreprises n'en paient plus, tous les services publics et gouvernementaux ont subi soit un gel soit une diminution budgétaire.

Le budget pour le logement social a été coupé de 60 pour cent alors que la crise du logement atteint une intensité jamais vue au Québec. Le secteur le plus touché a été l'aide sociale: Charest a renié ses promesses électorales d'imposer un seuil minimal de prestation d'aide sociale, de cesser de déduire la pension alimentaire de l'aide sociale accordée aux mères seules et de cesser de faire payer leurs médicaments aux assistés sociaux et aux personnes âgées. Dans ce dernier cas, les primes du système public obligatoire d'assurance-médicaments ont plutôt augmenté de 9 pour cent, une augmentation qui touche principalement les sections les plus exploitées de la classe ouvrière, celles qui n'ont pas de régime privé offert par l'employeur.

Au même moment, le budget Séguin a introduit un programme de subventions aux sociétés pour qu'elles embauchent de jeunes assistés sociaux comme source de main-d'oeuvre à bon marché. «La façon de corriger le problème que nous avons au niveau de l'aide sociale, c'est d'essayer de trouver des façons d'amener les gens à occuper un poste et à s'intégrer dans la vie» a déclaré la ministre qui a le mandat de revoir l'ensemble des programmes du gouvernement, la présidente du Conseil du Trésor Monique Jérôme-Forget.

Séguin a aussi annoncé que les redevances que lui verse Hydro-Québec, la société d'État qui détient un quasi-monopole sur la production, la distribution et la vente d'électricité sur l'ensemble du territoire québécois, augmenteront de 33 pour cent pour atteindre 1,8 milliard par année. Depuis une année, Hydro-Québec tente d'obtenir le feu vert pour augmenter ses tarifs, une mesure qui rencontre une vive opposition.

Le seul secteur à ne pas subir de compressions dans le dernier budget libéral fut le secteur de la santé qui a été augmenté juste assez pour combler l'augmentation prévue des coûts, soit une injection de fonds plus faible que celle prévue par le précédent gouvernement.

Le secteur de l'éducation a été légèrement augmenté, mais de 200 millions de dollars de moins que l'augmentation prévue des coûts.

Le budget a coupé une partie des 3 milliards que le gouvernement offre chaque année aux entreprises en vertu de différents programmes d'aide. Il y a plusieurs années que les sections les plus rapaces du monde des affaires demandent au gouvernement de cesser de financer les «canards boiteux» au nom de la lutte au chômage dans les régions. Et comme partout à travers le monde, au nom de la compétitivité du Québec, le gouvernement continuera à financer outrageusement les multinationales de l'aéronautique, des biotechnologies et de l'informatique, et la grande entreprise en général, comme en atteste l'élimination de toute taxe sur le capital prévue l'an prochain.

«L'effort que l'on fait cette année n'est qu'un début», a déclaré Jérôme-Forget à l'occasion du dépôt, à l'Assemblée nationale, du budget de dépenses du gouvernement pour l'année 2003-2004. «Il s'agit des premiers jalons d'une vaste démarche d'assainissement des finances publiques.»

Les 400.000 travailleurs du secteur public, dont le contrat collectif vient à échéance ce mois-ci, seront parmi les premiers à se trouver dans la ligne de mire du gouvernement. Déjà les ajustements salariaux pour corriger la discrimination faite aux femmes, un processus enclenché depuis quinze ans dans les syndicats de la fonction publique et qui devait être achevé l'an dernier en vertu d'une loi votée par le gouvernement lui-même, sont reportés aux calendes grecques. Le gouvernement Charest voudra une convention collective qui lui garantira toute la «souplesse» demandée par sa restructuration pour imposer des augmentations de cadences, le recours à la sous-traitance, les privatisations et les mises à pied.

Il a d'ailleurs déjà annoncé qu'environ 24.000 fonctionnaires qui quitteront la fonction publique pour la retraite au cours des prochaines années ne seront pas remplacés. La fonction publique compte environ 80.000 travailleurs.

Jérôme-Forget avait annoncé quelques semaines avant le dépôt du budget qu'elle entendait présenter son plan de réforme au cours de l'été et qu'elle avait laissé savoir à tous les ministères qu'elle refusera désormais de financer tout projet public avant que la possibilité de recourir au secteur privé n'ait été sérieusement considérée. «Si les parrains de ces projets sont capables de faire la démonstration que c'est mieux de le faire de façon publique seulement, nous irons de l'avant», a-t-elle dit devant l'Institut pour le partenariat public-privé. «Mais, ils auront l'obligation de faire un premier chemin, un premier effort, une première démarche, pour convaincre la présidente du Conseil du Trésor que c'est la meilleure façon de faire.»

Le gouvernement Charest a aussi annoncé qu'il voulait réviser l'article 45 du Code du travail, qui empêche présentement qu'un travail fait par un syndiqué dans une entreprise soit offert en sous-traitance à moins que les conditions de travail ne soient comparables chez le sous-entrepreneur.

À n'en pas douter, le Parti québécois va tenter d'utiliser l'immense opposition que vont soulever ces mesures pour tenter de raviver le séparatisme québécois. Il bénéficiera dans cette entreprise de l'appui indéfectible des bureaucraties syndicales, ce qui ne les empêchera pas de collaborer avec le gouvernement libéral au nom de la défense des «intérêts supérieurs du Québec».

Le PQ tentera ainsi de faire oublier qu'il a formé ces neuf dernières années le gouvernement du Québec le plus à droite depuis le début des années 1960, coupant sauvagement dans le système de la santé et le système de l'éducation et attaquant les assistés sociaux pour atteindre son «déficit zéro». Ce qui n'empêche pas le PQ de tenter de déclarer qu'il est «social-démocrate» parce qu'il bénéficie de l'appui des dirigeants syndicaux.

Mais non seulement les politiques du Parti libéral sont-elles en continuité avec les politiques du PQ, mais ce dernier avait entrepris bien avant les élections d'élaborer sa propre version de la restructuration de l'État. En fait, plusieurs mois avant les élections, les trois principaux partis au Québec, le PQ, le Parti libéral, ainsi que l'ADQ très à droite, rivalisaient pour gagner la faveur de la grande entreprise avec leurs propositions de réduction des impôts et de «dégraissage de l'État».

Voir aussi


 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés