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Pour l'unité de la classe ouvrière contre Chrétien et Bouchard
Les travailleurs doivent s'opposer aux camps fédéraliste et séparatiste dans le débat constitutionnel canadien

Par Keith Jones
Le 11 janvier 2000

Quatre ans après qu'une faible majorité de Québécois ait rejeté l'option de la sécession du Québec du reste du Canada, le gouvernement fédéral libéral et le gouvernement provincial indépendantiste du Québec croisent une fois de plus le fer. Il y a un moins d'un mois, le premier ministre canadien Jean Chrétien présentait un projet de loi qui prépare le terrain juridique et politique pour qu'Ottawa puisse refuser reconnaître une demande de sécession endossée par un vote majoritaire lors d'un éventuel référendum.

D'après le projet de loi « sur la clarté », le Parlement fédéral pourrait refuser de négocier avec le Québec si la question référendaire ou le résultat d'un vote majoritaire lui paraissent « obscurs ». Ce projet de loi rendrait également la sécession conditionnelle à la renégociation des frontières du Québec, brandissant ainsi la menace d'un dépeçage de la province advenant un vote majoritaire pour l'indépendance.

Formé par le Parti Québécois (PQ), le gouvernement provincial du Québec a répliqué avec un contre projet de loi dans lequel il affirme que seule la législature québécoise a le droit d'organiser un référendum sur le statut constitutionnel du Québec et de déterminer le libellé de la question référendaire. La loi 99 stipule également qu'un résultat de 50 % plus un constitue une majorité dans un tel référendum, et que les frontières territoriales du Québec ne peuvent être modifiées sans le consentement du gouvernement québécois. Avec sa loi, le PQ menace implicitement qu'advenant le refus d'Ottawa d'accepter son projet de reconfiguration du système des États de la partie septentrionale du continent nord-américain, peu importe l'importance de la majorité acquise à son option, ou que les négociations sur l'indépendance échouent, le gouvernement du Québec déclarera unilatéralement l'indépendance.

Le projet de loi fédéral « sur la clarté » de Chrétien a suscité la furie des séparatistes québécois. Mais ces derniers y voient également un moyen de rallier à leur cause un soutien populaire dont ils ont bien besoin. En se proclamant les défenseurs du « droit du Québec à l'autodétermination », le PQ et ses alliés de la bureaucratie syndicale espèrent détourner l'attention populaire du programme droitiste du PQ et nourrir les illusions que, parce que l'indépendance du Québec est une idée opposée à l'ordre constitutionnel actuel et, par conséquent, aux sections les plus puissantes du Capital canadien, cette option revêt un caractère progressiste et même radical.

Essentiellement, le débat entre les fédéralistes et les séparatistes est une dispute entre factions bourgeoises rivales et leurs alliés respectifs au sein de l'élite politique et entrepreneuriale. Ils ont beau se chamailler pour décider quel gouvernement doit exercer sa juridiction en matière de politique sociale, les fédéralistes et les séparatistes n'en partagent pas moins une même vision selon laquelle la grande entreprise doit occuper un rôle croissant dans l'administration des soins de santé, de l'éducation et des autres services de base, et que les dépenses sociales doivent diminuer encore plus pour permettre que les impôts sur les profits des entreprises et les mieux nantis soient radicalement réduits.

Le PQ représente certaines sections de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie québécoises qui pensent qu'elles pourraient arriver à conclure une entente plus lucrative avec le Capital américain et international si elles pouvaient agir sans leurs liens traditionnels avec Ottawa et avec les banques de Bay Street (à Toronto). En mettant de l'avant son projet de loi « sur la clarté », le gouvernement libéral de Chrétien partage l'opinion des sections les plus puissantes de la grande entreprise qui pensent que la menace de l'indépendance du Québec domine depuis trop longtemps la vie politique au pays et fait fuir les investissements étrangers. Ces sections du Capital veulent que l'État fédéral soit renforcé de façon à pouvoir soutenir plus efficacement les entreprises canadiennes dans leur conquête des marchés étrangers, et que les énergies de leurs représentants politiques se concentrent sur la tâche de déposséder la classe ouvrière de ses conquêtes sociales du passé.

Francophones, anglophones ou immigrants, les travailleurs au Canada doivent s'opposer aux deux camps et à leurs appels respectifs à « l'unité nationale » pour développer une offensive unie des travailleurs contre l'assaut que donne la grande entreprise aux emplois, aux salaires et aux services sociaux.

Ce programme d'union de classe est diamétralement opposé à celui qui est mis de l'avant par les organisations qui ont proclamé dans représenter les intérêts des travailleurs à un moment ou l'autre de l'histoire. Le Nouveau Parti Démocratique, parti basé sur les syndicats, a en effet donné son appui au projet de loi libéral fédéral « sur la clarté ». Les trois fédérations syndicales du Québec, le Front des travailleurs du Québec, la Confédération des syndicats nationaux et la Centrale de l'enseignement du Québec, se sont déclarées prêtes à former une union sacrée avec le gouvernement du PQ pour défendre les « droits du Québec ». « La coalition pour la souveraineté qui battait de l'aile depuis un certain temps reprend vie », a exulté Marc Laviolette, président de la CSN.

Cette union est source de danger pour la classe ouvrière. De la même façon qu'ils ont réagi à l'intensification de la lutte entre les entreprises pour les marchés et les profits en exhortant les travailleurs à s'allier avec leurs patrons contre les travailleurs engagés des autres entreprises et usines, les bureaucrates syndicaux ont décidé de s'allier au camp bourgeois avec lequel ils sont le plus étroitement liés dans la crise constitutionnelle et continuent ainsi de diviser la classe ouvrière.

Les libéraux fédéralistes et les séparatistes du PQ sont certes des rivaux acharnés, mais lorsqu'on regarde de plus près les choix politiques des gouvernements Chrétien et Bouchard, on voit bien qu'ils poursuivent le même programme politique droitiste. Indépendamment de leur différends à propos de la place du Québec au sein de l'État fédéral canadien, ils sont unis contre la classe ouvrière.

Les libéraux ont pris le pouvoir à l'automne 1993 en profitant du mécontentement populaire créé par les compressions budgétaires des conservateurs et l'imposition de la Taxe sur les produits et services (TPS). Ils n'ont toutefois pas tardé d'imposer à leur tour de massives compressions budgétaires des dépenses sociales, allant même bien plus loin que le gouvernement conservateur précédent de Brian Mulroney. En fait, le premier ministre Chrétien et le ministre des Finances Paul Martin ne se sont jamais gênés pour claironner que sous les libéraux, le Canada avait tranché dans ses dépenses sociales plus radicalement encore que tous ses rivaux du G-7.

Les compressions effectuées dans l'assurance-emploi ont été particulièrement importantes et les paiements de transferts annuels d'Ottawa aux provinces pour le financement des soins de santé et des études supérieures ont été amputés du tiers.

Résultat : seulement un tiers des chômeurs Canadiens peut maintenant recevoir des prestations d'assurance-emploi. Les longues listes d'attentes dans les hôpitaux et les salles d'urgences bondées sont devenues la norme dans les centres urbains de tout le pays. Les droits de scolarité ont montés en flèche et l'éducation universitaire est devenu inaccessible à de plus en plus de gens.

En réponse aux pressions de la bourgeoisie, le ministre fédéral des Finances Paul Martin annonçait récemment qu'Ottawa ferait preuve d'autant de vigueur à réduire l'impôt des entreprises et sur le revenu qu'il en avait mis pour éliminer le déficit fédéral. Mais la taxe régressive de la TPS restera intouchée.

Profitant aussi du mécontentement populaire à cause de la détérioration des services publics et du chômage élevé, le PQ a pris le pouvoir en septembre 1994. Lui aussi a tôt fait d'annoncer un programme de fermeture d'hôpitaux, ce qui ne l'a pas empêché de prétendre lors du référendum de 1995 d'être opposé à la « vague de droite » qui balaie l'Amérique du Nord.

Évidemment, dès le lendemain du référendum, le PQ changea tout à fait de registre Aussitôt qu'il eut remplacé Jacques Parizeau à la tête du PQ et comme premier ministre du Québec, Lucien Bouchard proclamait l'élimination du déficit budgétaire du Québec qui s'élevait à plusieurs milliards de dollars comme la première condition gagnante pour l'indépendance. Avec le soutien de la bureaucratie syndicale, le gouvernement du PQ a alors sabré les services publics, en imposant notamment des compressions annuelles de 2 milliards de dollars dans les soins de santé et de 1,9 milliard de dollars (également annuellement) dans l'éducation. De plus, dans le cadre d'un programme de retraite anticipée, le PQ a éliminé 20 000 emplois dans les secteurs des soins de santé, de l'éducation et dans la fonction publique.

Le printemps dernier, Bouchard a rejeté les appels adressés à son gouvernement pour réinvestir massivement dans les services sociaux et publics. La part du lion des nouveaux surplus budgétaires du Québec devait être consacrée à réduire les impôts de façon à ce que le régime fiscal de la province soit plus compétitif par rapport aux provinces canadiennes et aux États américains avoisinants.

Lorsque 47 000 infirmières ont débrayé l'été dernier, le gouvernement Bouchard a voté une loi de retour au travail et leur a imposé de fortes amendes pour les forcer à plier. Craignant que le militantisme des infirmières ne s'étende, il a utilisé des mesures encore plus répressives l'automne suivant en utilisant une injonction des tribunaux pour briser la grève des camionneurs et a ordonné des arrestations massives contre des étudiants de niveau secondaire qui protestaient.

Le séparatisme québécois : un piège pour la classe ouvrière

Le caractère de classe du PQ et de son programme séparatiste a été démontré à maintes reprises au cours des trois dernières décennies. Déjà au début des années 1980, le gouvernement du PQ de René Lévesque s'en était pris vigoureusement à la classe ouvrière avec sa batterie de lois antisyndicales et en imposant des compressions salariales qui allaient dans certains cas jusqu'à 20 % aux travailleurs du secteur public. C'est également le premier parti qui a commencé à couper dans les dépenses sociales. Lors de la campagne référendaire de 1995, le PQ a fait maintes déclarations démagogiques et contradictoires faisant appel au mécontentement et à l'anxiété de la population devant l'insécurité économique croissante et la progression de la pauvreté. Mais dans son projet de loi sur la souveraineté et de nombreuses autres déclarations, le PQ affirme clairement que la création de l'État du Québec est le meilleur moyen de rendre le Québec « compétitif à l'échelle mondiale », autrement dit que la séparation est un programme pour la grande entreprise.

Comment alors les séparatistes peuvent-ils continuer à garder un appui au sein de la classe ouvrière ?


Les séparatistes profitent avant tout des politiques de droite de leurs adversaires fédéralistes. Incapables d'offrir la moindre solution progressiste aux problèmes vécus par les travailleurs, l'élite canadienne lance de plus en plus ouvertement des appels réactionnaires qui prônent le nationalisme canadien et hostiles aux immigrants et à l'endroit des autres groupes minoritaires.

Opposition officielle au Parlement du Canada, le Reform Party prône l'abandon de la politique du bilinguisme officiel au Canada et nourrit fréquemment des sentiments antiquébécois. Lors du référendum de 1995, le comité du NON en était réduit à faire défiler un groupe de politiciens et d'hommes d'affaires de droite devant les Québécois pour leur dire que la séparation serait un désastre économique. Mais avec un taux de chômage nettement au-dessus de la barre des 10 % et un taux de pauvreté qui dépasse la barre des 20 % au Québec, beaucoup pensent qu'ils ont déjà été victimes d'un désastre et que tout changement ne peut être que pour le mieux. La réaction du gouvernement fédéral à sa quasi défaite lors du référendum de 1995 a été d'embrasser depuis l'appel à la partition du Québec, une option qui il y a peu était décriée comme un plan insensé de l'extrême-droite.

Le séparatisme a aussi profité des politiques du NPD et du Congrès du Travail du Canada. Les bureaucrates syndicaux hors Québec font en effet la promotion du nationalisme canadien réactionnaire et étouffent systématiquement toute initiative qui mènerait à l'élargissement de la résistance des travailleurs au-delà des frontières provinciales ou nationales. À maintes reprises d'ailleurs, ils se sont ralliés derrière la grande entreprise canadienne et l'État fédéral pour combattre le séparatisme québécois.

Enfin, dernier élément et non le moindre, la bureaucratie syndicale québécoise fait la promotion enthousiaste du PQ et du séparatisme québécois depuis les trente dernières années. L'alliance des syndicats avec le PQ a joué un rôle capital pour ligoter politiquement les travailleurs québécois aux politiques capitalistes. Elle sert également à séparer leurs luttes de celles des autres travailleurs au Canada et dans le monde. Est-il besoin de rappeler qu'à l'automne 1997, lorsque 120 000 enseignants ontariens débrayèrent pour s'opposer au gouvernement conservateur dans leur province, les mêmes bureaucrates syndicaux québécois qui s'étaient alliés à Bouchard lors de la campagne référendaire de 1995 en dénonçant les politiques des conservateurs ontariens n'ont rien fait pour appuyer les enseignants ontariens?

Ce sont les travailleurs québécois qui paient en tout premier lieu pour cette alliance. Dans les mois qui ont suivi la campagne référendaire de 1995, leurs dirigeants syndicaux ont repris la même rhétorique nationaliste pour défendre leur soutien au principal objectif politique de Bouchard qui était l'élimination du déficit provincial. La « solidarité nationale » est devenu leur alibi pour justifier leur acceptation des compressions budgétaires drastiques dans les dépenses sociales. C'est ainsi que lorsque la grève des infirmières a menacé de devenir l'été dernier le catalyseur d'un mouvement de masse contre le gouvernement Bouchard, la bureaucratie syndicale a manuvré pour faire échouer la grève.

Les travailleurs doivent se demander : est-ce que le soutien que donne les syndicats au séparatisme et à la campagne du PQ contre le projet de loi fédéral « sur la clarté » contredit ou non leur politique d'étouffement de la lutte des classes?

Pour les États-Unis Socialistes d'Amérique du Nord

Les dirigeants syndicaux québécois ont sauté sur le projet de loi fédéral « sur la clarté » pour tenter de réhabiliter le PQ et son projet séparatiste aux yeux de la classe ouvrière. Dans une pleine page de publicité publiée le mois dernier dans le New York Times, les trois fédérations syndicales du Québec accusaient le gouvernement libéral fédéral de manquer à la démocratie et de comploter pour préparer la partition du Québec sur une base ethnique.

Le caractère antidémocratique du projet de loi fédéral « sur la clarté » est indéniable. D'un point de vue formel, l'État fédéral y révèle son manque de confiance de pouvoir être en mesure de maintenir l'allégeance d'une majorité de citoyens à son égard dans la deuxième province en importance au pays. Au point de vue politique, c'est la preuve que la bourgeoisie canadienne est incapable de mettre de l'avant un programme pouvant répondre aux griefs des travailleurs du Québec. Elle ne peut que combattre ses opposants séparatistes qu'en ayant recours à des méthodes antidémocratiques. L'adoption du mouvement partitionniste par le gouvernement libéral fédéral est particulièrement réactionnaire. En soulevant la perspective de la partition, la classe dirigeante canadienne flirte avec la guerre civile.

Pour ce qui est des séparatistes, à la lumière des dispositions du projet de loi fédéral « sur la clarté », leur prétention de défendre le principe démocratique de la majorité peut sembler à prime abord revêtir une certaine légitimité. Mais si on y regarde de plus près, cela est moins certain.

Le processus référendaire du PQ est fondamentalement antidémocratique. Selon la loi référendaire du Québec, il est en effet illégal pour un parti ou une organisation de la classe ouvrière d'intervenir indépendamment des comités du OUI et du NON formés par les politiciens bourgeois présents à l'Assemblée nationale du Québec. Les règles même du référendum font ainsi la promotion qu'il n'y a pas d'autre option que le statu quo fédéraliste ou le séparatisme. Cet état de fait ne laisse donc d'autre choix aux travailleurs que de s'associer à l'un des deux camps bourgeois.

D'autre part, le PQ ne considère l'obtention d'une majorité au référendum que comme un levier de plus dans sa lutte pour le pouvoir politique. Ils ont beau s'engager solennellement à respecter le droit des Québécois à décider de leur avenir, les dirigeants séparatistes n'en sont pas moins pleinement conscients que si jamais le Québec se séparait, cela se ferait dans le cadre d'un accord politique négocié sous l'égide des États-Unis. C'est pourquoi ils se sont efforcés au cours des dernières années d'essayer d'obtenir l'appui de Washington et de Wall Street, en répétant à maintes reprises la promesse qu'un Québec indépendant serait un allié fidèle des États-Unis.

Enfin, et encore plus fondamental, tout le projet séparatiste québécois en lui-même est antidémocratique. C'est en effet un appel à la division du Canada pour des considérations nationales et ethniques. À ce propos, l'un des principaux arguments pour la séparation, c'est justement que les lois chauvines québécoises qui accordent un statut privilégié au français seront placées hors d'atteinte de l'appareil législatif du gouvernement fédéral et de la juridiction de la Cour suprême du Canada.

La création d'un État-nation capitaliste québécois s'oppose à la logique même du développement économique et érigerait de nouveaux obstacles à l'unification de la classe ouvrière nord-américaine. Si la réalisation de l'indépendance ne plonge pas le Canada dans une guerre civile à la yougoslave, au mieux, elle envenimera les relations entre les travailleurs du Québec et du Canada et entre deux États rivaux.

L'opposition socialiste au programme du séparatisme québécois est inséparable de l'opposition aux institutions étatiques actuelles de la bourgeoisie canadienne. L'union de classe ne peut être établie que de la base, par le développement d'une contre-offensive de la classe ouvrière contre les assauts sur les droits des travailleurs et leurs niveaux de vie.

Les travailleurs ne doivent pas tomber dans le piège de ceux qui voudraient qu'ils se définissent politiquement comme des Canadiens ou des Québécois. Ils doivent plutôt lutter pour forger l'union internationale de la classe ouvrière contre le Capital organisé à l'échelle mondiale. À l'État fédéral, la classe ouvrière doit opposer non pas une redistribution des pouvoirs entre les gouvernement actuels ou un nouveau traçage des frontières, mais bien l'unification des luttes des travailleurs canadiens, américains et mexicains et la lutte pour les États-Unis Socialistes d'Amérique du Nord.


Voir aussi :

Le gouvernement fédéral veut changer les règles de la sécession du Québec 14 décembre 1999

Un an depuis le transfert de la formation professionnelle Le gouvernement du Québec veut transformer les assistés sociaux en main-d'oeuvre à bon marché 8 juin 1999


Non au séparatisme québécois! Non à la défense du Canada! Pour l'unité des travailleurs francophones, anglophones et immigrés contre Chrétien et Parizeau! Octobre 1995


 

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